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IRAN (RELIGlOxN DE L’)

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moins ratiounelle, entravée par sa physionomie nationale. La rél’oinie dite de Zm-oastre a du naître d’une renaissance nationale et la propager.

Les l’erses ont fait preuve d’une remarquable puissame de résistance passive, et l’œuvre d’Alexandre, IhcUcnisation du monde, a rencontré chez tux plus d’obstacles que chez les Egyptiens et même que chez, les Syriens. Ils n’ont pas non plus adopté l’Islam sans lui l’aire subir des uiodilicalions profondes. Aussitôt qu’une partie notable du territoire de l’ancienne Perse se fut détachée du royaume des Séleucidcs, la réaction nationale dut être acconqja :  ; née d’une réaction religieuse. C’est à ce moment, mais non avant, qu’a pu se produire le mouvement d’idées qui aboutit au manifeste des Galbas. U sortit < ; videmiuent de la caste des Mages : il ne nous déplaît pas de mettre à sa tête un grand esprit créateur, mais il a préféré cacher son nom et se couvrir de l’autorité vénérée de Zoroaslre. C’était la coutume du temps, le temps du livre d’IIénoeh et des Sibylles.

Le point de départ précis est impossible à déterminer. U est raisonnable de songer au temiJS de Milliridate le Grand qui, vers 150 avant J.-C, anéantit la puissance grecque dans le territoire persan.

Au premier siècle de notre ère, la réforme ne régnait pas, — l’union du trône et de l’autel ne fut complètement réalisée que sous Ardashir, — mais elle était en voie de succès et probablement depuis longtemps à l’œu^ re. Tandis que le tableau d’Hérodote est pour ainsi dire unilatéral, représentant une religion naturelle, analogue à toutes les autres, dans Strabon la religion de l’Avesta a déjà pris sa physionomie, sans avoir tout à fait triomphé.

Les Mages, en elfet, étaient influents à la cour des Parthes, puisqu’ils y composaient un des deux grands conseils du roi (Strabon, IX, ix, 3 :-h yX-i ^, /-/i.tii/,-i ié soiûv xxi ux/oi-i). Ils sont nommés avec les sages, et ce ne sont plus seulement des jnétres, ils sont les dépositaires d’une doctrine morale, ten<laut à une vie plus parfaite (Strauon, XV, iii, i : Mâyîi tùrst u.k-j ûi/v « ; /viv Ttvo’5 etff( ySt’iu Çï ; /ùjt « (), C’est bien le programme des Gàthas.

Le culte principal est celui du feu, et la description de Strabon pourrait encore s’appliquer trait pour trait auxpyrées modernes, avec la mention du voile placé devant la bouche, et du petit bouquet de tiges, le Oaresiiuui, qui a remplacé la jonchée de verdure. Il est très certain que ce culte du feu est antique, mais n’est-il pas vraisemblable qu’il s’est accentué, comme un usage national, en opposition , Tvec celui des Grecs et des autres Orientaux, étant devenu le culte persan essentiel et caractéristique ?

Toutefois l’idolâtrie demeure liée au culte d’Anaïlis (.

ahita), et à la déesse sont associées deux jiarèdres, Omanos et Anadatos (Strabon, XI, viii, 4’. Jc « t TÔ rf, i’Ays-.tTtc ;  ; xa’t riv TyyC’^iy^otv Qî’7fj Upiv îSp-Jsv^r : / Quvv^v xv.i’Ava^àroy, Wi’.TiA’jiv ÔKt/jtûVwv). La tradition faisait remonter l’institution des Sacées, qu’on y pratiquait, soit à des généraux perses, soit à Cj’rus lui-même. Dans Omanos on a voulu voir Vohu Manô. Les noms sont assez semblables. Mais qui soupçonnerait

« la Bonne pensée » dans ce compagnon de

l’impure déesse ? et d’où vient qu’on le porte en procession ? (Strabo.n, XV, III, 16 :-niinU (les rites mentionnés pour le feu) à’tv Tof : r^ ; ’AvkitiÔo ; a’A-o’j

-îû’Qua-joi T.iifL-nrJs.1.) Il est bien plus simple d’y reconnaître avec Zimmern le dieu élamite Iluman,

Si Anahita a été assimilée à la déesse babylonienne, son parèdre ou ses parédres ne seraient-ils pas celui ou ceux de la déesse syrienne ? Philou de

Byblos connaissait un dieu chasseur, sans doute Adonis, dont le xoanon était très vénéré et <lont l’édiculc était porté par des bœufs (Etudes sur les religiuiis séntititjues, p. 875 s.). Parmi les génies de la Perse où l’on chei-cherait les parédres d’Anahila, Darmesteter cite Milhra,.ipdni nupàl, qui sous le nom de fiùrj est, dans la tradition postérieure, le collaborateur d’.JyJifs » ; - (Anahita), et le Ilum blanc, le Iloni d’immortalité, qui pousse dans les eaux d’Ardvisûr.

Au temps de Strabon, on pratique donc encore la religion ancienne, déjà pénétrée d’un esprit nouveau. Si on sacrilie aux anciens dieux, du moins la part du feu (Strabon, XV, iii, 16 : iTc.j ô’» 5^-io7< û^y, T, f, ’jj- : u T’j-u^i i'>/’yj-y.i) était la première.

Vers la même époque, on fait mention d’écrits sacres attribués à Zoroaslre et régulateurs de la foi. Nicolas de Damas (dans Frag. liist. gJafo., ! II, p. 40y ; cf. Dion CuKYS., H, 60), né environ 64 av. J.-C, nous montre les Perses éprouvant des remords au moment de brûler Crésus, au souvenir des Logia de Zoroaslre. Uicn ne prouve que l’auteur ait puisé à de bonnes sources, pai’exemple à Xanlhos de Lydie, cette histoire (fui paraît légendaire. Mais le terme ai du moins pour le temps. Ces livres élaienl peut-être une partie de l’Avesta (les Gàthas), et au temps de Pausanias ce sont peul-être eux qu’on lisait dans la liturgie (Pals., V, xxvii, 3 : ciïix// ; ii> ô-ou i>, Ocâj

èTîv.Ssi Sy.pCv.çy. kk’i’j-^hv.u.ôi : ^ ti-j’^ZTV. E//, ï ; 7(v, èràost 5a

On ne prèle qu’aux riches. Zoroaslre était le père des Mages, el le terme de Mages, comme celui de Chaldéens, était devenu synonyme de sorcier. On composa sous le nom de Zoroaslre des livres de sorcellerie. Cette pseudoiiymie pouvait se compliquer de confusion quant au nom du Iraducleur, et Pline nous dit gravement : « Ilennippus qui de tota arte ea (jnagia) diligeiitissime scripsit et vicies centiim millia i’crsuuin u Zoruasiie cundita indicibus quoque voluminuin eias posilis explanavit^. »

Un passage sur le culte des serpents, attribué, à tort selon nous (Eludes sur les religions sémitiques, p. 300), à PuiLoN UB Byblos, cite Zoroaslre le mage à côté du non moins fabuleux Taaut, devenu depuis l’Hermès Trismégisle, et du pseudo Ostanès. On lui fait dire des choses complètement étrangères à l’esj )rit de l’Avesta, et en le citant à la lettre : « que le dieu a une lêle d’épervier, qu’il est le premier incorruptible, éternel », etc., et peut-être aussi des choses vraiment zoroastriennes, que le dieu est le Père de la bonne législation (Khsliathra) el de la justice {Asha). Tout cela est tiré d’un ouvrage sur les rites

! perses, et Oslanès en dit autant dans l’Oclalcuque ! 

{Frag. hist. græc., Ill, p. 072 s.)

Plutarque (50-120 après J.-C.) a puisé à de meilleures sources que ces fabricants d’apocryphes, el on peut reconnaître à peu près sous leur vêtement grec

1. Pline, H. A’., XXX, i. lît c’est sur ce texte qu’on s’appuie pour soutenir l’antiquité de Zoroaslre ! Uermippus serait Uciniippus Calliniachius, vers 200 av. J.-l.., disciple de Platon..Mais il est fort cloutciij ; que cet Hermii >pus soit l’auteur des livres Trspt ^a-/wv^ qu’il faut plutôt attribuer à un Herinippus de Bérvle, que Suidas dit avoir été disciiile île Philon de lî^blos. Ces données ?oiït inconciliables, puisque Pline est mort en 79 apr. J.-C, et Philon né, d’ajirès Suidas, en 42 apr. J.-C ; mais tout concorderait si cet Herniîppus avait été le maître de Philon de lîyblos, et c est peut-être son ouvrage qui est cité dans le fragment sur les serpents. D’ailleurs Pline lui-même est sceptique et se demande s’il n’y a pas dcu.x Zoroaslre. Sur cette question, cf. Frag. hist. græc, III. p. ^6 s. et p. â’i. Preller avait déjà reconnu le vrai Hermippus.