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IRAN (RELIGION DE L’1108

Plusieurs morceaux en prose ont dû être écrits à la niêiiie époque, et le Vendidad, par exemple, peut 1res bien représenter, pour le fond, un très ancien Avesla, à supposer que les coutumes des l’erses aient été rédigées à une liaute époque’.

II est clair que, dans la théorie de Darmesleter, ce n’est point l’Avesla qui a influencé la Bible ; c’est le Judaïsme, et par l’hilon, qui lui a transmis une de ses idées maîtresses, les abstractions pliilosophiques ou hjpostases qui constituent les Amcslias Spentas. Or il semble que ce terme est trop bas, parce que I’uilo.n lui-même a probablement connu les spéculations des Mages sur ce point. (Avec Bousset, yViV Rcligiun…, p. 455, qui cite Quod oninis pru-Inis liber, éd. M., II, 456 : h Vlifnv.t : fitj ri (xk/wj’J tv.

Ty.i Ôîty.ç àoSTKç’^y.vonioxti Èu.’^K7-7rj te^îpavTiûyrstt t£ k’/.i lïOîiK/roOîtv. — D’après Hésycllius, ipir^l^Sîiy. iùjy.aii.

Cf. sur le sens de '>.p’-zr, pour la manifestation de la puissance divine, Dbissmann, /y ; //e/s(Hi/(eH, p. go ss.)

Kaut-il donc remonter jusqu’au vu’siècle av. J.-C. pour rencontrer les Gàthas qui « constituent justement les documents classiques de la reforme dite zoroastrienne, réforme qui a transformé la religion nationale, le mazdéisme ethnique >< ? (SônnubLOM, La fie future d’après le Mazdéisme, p. 2.) Nous devons dire les raisons qui nous em[>cchcnt dadmellre cette oi)inion qui paraît commune chez les éranisles, du moins hois de France, et puisque les Gàthas sont les documents classiques de la reforme, c’est elles que nous devons surtout considérer, soit sous leur aspect caractéristique de réforme, soit dans leur doctrine Ihéologique.

Les Gàthas sont le manifeste d’une réforme. C’est fort exact. Et nous ne voudrions pas insister moins que Lehmann (/.elirhuch der licligionsj^eschichie, de CuANïEi’iK i)K L.t. Saussayh, 1" éd., iSy^, t. 11, Die l’erser) ou Stave, partisans de leur haute anliipiité, sur leur accent sincère, au preuder élan d’une transformaliou religieuse. Assurément ce n’est point là l<euvre de théoriciens oisifs ou de faussaires par goiit. Ceux qui les ont écrites sont des hommes d’action et ils sont engagés dans la lutte. Leur découragement momentané n’est pas moins expressif que leur espérance, et cette espérance est de travailler à l’avènement du règne de Dieu et d’y prendre part. Cet avènement, ils l’attendent, parce cpi’il se confond pour eux avec l’avcnement d’un i)rince favorable à leurs idées. Leur but est do transformer une cour dont la religion est vague ou tiède en une cour mazdcenne, sectatrice de la vraie religion.

Toute la question est de savoir si cet auteur est bien Zoioaslre, cherchant à convertir le roi Vishtaspa, ou si c’est un anonyme qui a choisi cette situation pour servir d’exemple et pour entraîner les grands par une autorité légendaire. Que l’auteur ait été mêlé au.x événements, qu’d ait eu uu intérêt religieuxprochainàleur solution, cela se rcs|)ireàcliaque ligne ; mais cela exclut-il une liclion littéraire ?

On allègue les Gàthas elles-mêmes. Il semble que l’argument pourrait se formuler ainsi : les auteurs attendent comme prochain le règne de Dieu, coïncidant avec la lin du monde ; ces sortes de choses ne s’écrivent pas lorsque l’espérance a été trompée.

Il est vrai, aussi avons-nous coueédé que les auteurs étaient réellement dans tout le paroxysme de l’espérance. Mais pour que l’argument fût décisif, il

1. Cette opinion de l’illustre sjivant fi-ançais n’est pas toujours exactemenl rapportt^e. On lui fait dire, contre l’ujjinion génêl’ale, quo les G-itha-* ne sont pas la partie la plus ancienne de l’Avesta. Il faut se souvenir qu’un livre, d’une rédaction plu » ancienne, peut contenir des éléiueuts beaucoup plus nouveaux.

faudrait qu’ils eussent prèle celle illusion à Zoroastre lui-même. Il est en elfet de règle de considérer comme certainement anciens ceux des écrits clirétiens qui supposent la [larousie prochaine ; de même on n’aurait pas l’ait dire longtemps après à Zoroastre qu’il comi)lait sur un règne de Dieu imminent. Encore faudrait-il que cet a^ènement coïncidât, dans l’attenle de Zoroastre, avec la fin du monde. Or il nous semble que ce point précis ne résulte pas clairement des textes. Le règne attendu était d’abord le règne d’un prince sympathique, et ce vœu est complètement réalisé par l’adhésion de Vishtaspa : « La sagesse d’une pensée sainte, le roi Vishtaspa l’a réalisée dans une royauté de pureté, par les démarches de Vohu Manô. C’est un souverain sage et bienfaisant : il fera notre bonheur. » (Yasna, LI, iG ; cf. XLIX, 8.) L’espérance du prophète n’a donc pas été frustrée. Quant au règne de Dieu, il serait prudent de ne pas l’interpréter à la façon foudroyante de certaines apocalypses juives, mais comme une fraslioi. ereii, dont les éranistes nous disent que c’est un progrès constant dans le bien. On suppose naturellement que Zoroasti-e a réussi. Les auteurs des Gàthas veulent amener le royaume de Dieu comme au temps |)résumé de Zoroastre ou mieux encore. On a pu, sans incohérence, prêter à Zoroastre le souhait d’y travailler activement, et d’ailleurs il entrevoit aussi l’œuvre de ses disciples et des bons rois de l’avenir.

Il est parfailemenl vrai que Zoroastre n’est entouré d’aucun trait légendaire dans les Gàthas, tandis que la tradition s’est donné ensuite libre carrière. Mais il serait injuste de refuser aux auteurs des Gàthas un sens assez sur de la liction dont nous les supposons responsables pour ne pas la compromettre par des éléments merveilleux, d’autant que la mythologie n’est point du tout leur fait.

Si le témoignage des Gàthas peut être prudemment récusé, a-t-on des attestations historiques ?

On nous dit ([ue le nom de Phraorte, lils de Déjocès’, signilie con/’ciseur, le fidèle, celui qui proclame la foi en Ahuramazda. — Soit, mais la foi en Ahuramazda peut être plus ancienne que Zoroastre.

C’est ce que Windischmann et Lehmann ont nié formellement. Pour eux le nom d’Ahuramazda est un concept théologique tellement déterminé qu’on ne comprend pas plus Ahuramazda sans Zoroastre que le Christ sans le Christianisme. Or Darius, dans sa grande inscription de Béhistoun, peut être lui-même considère comme un confesseur d’Ahuramazda.

Ahuramazda signilie « le Seigneiu’Sage ». Il im-I )orle vraiment très peu que l’on puisse dire séparément Mazda, « Sage >', ou Ahura, « Seigneur », ou Ahuramazda ou Mazdaaliura. Si l’on prend l’expression Ahuramazda comme un terme théologique technique, il faut que celle théologie remonte très haut. Honimel l’appliquerait sans dilliciilté au dieu Lune, et, quoi qu’il en soit de ce point, il est assez certain que ce savant a retrouvé le nom du dieu iranien dans la bibliothèque d’AssourbanipaP. Il y a

1. Hér., I, 102. A supposer que ce Phroorte soit historique. En tout cas le même nom Fravertisb, Frawarti, se trouve dans l’inscription de Béhistoun (col. II, j ! 24) ; Darniesteter l’interprète « noun-icier ».

2. III U. IJ6 Réf., col. iv (la neuii’nie en comptant toutes celles de lu page), 1. 24. La découverte de llommel dans Pi„c. S. n. A. 1899, p. 127 et 137 s. La démonstration est saisissante, car rrt//ur(Mranien é.^^’de rt5n ; a indou. La prononciation rua-us répond au grec ii*^y*<4 à côté de Qp’-^y-y.70y, :. De plus, ce nom divin est en compagnie d’autres noms divins étrangers et chacune de ses parties a sa valeur divine, étant précédée du signe de la divinité. Il est moins certain que le dieu babylonien A-a = Marun ^= Varuna et que Ahui’aniazda soit aussi un dieu Lune.