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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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ment, s’il n’y en a pas, c’est qu’on n’a pas cru pouvoir compter sur une clientèle suUisante. Quant aux ecclésiastiques, outre qu’ils partagent les tendances communes, ils sont très absorbés i)arles travaux du ministère et tiennent que, pour y faire face, une théologie élémentaire leur suffit.

Les jeunes gens de famille, ceux qui, par leur naissance, ont déjà un rang dans la société américaine, craignent, — ou leurs parents le craignent pour eux, — de se séparer de leurs concitoyens, des hommes de leur classe, de leur milieu ; de se priver, pour l’avenir, de relations utiles cl agréables ; en un mot, comme je le disais au début de cette étude, de l’aire bande à part et d'être des isolés. Cette considération agit assez fortement pour faire oublier à certains même les intérêts supérieurs de la foi, et pour persuader trop facilement aux autres que les œuvres dites de préservation suHisent à contrebalancer l’effet d’un enseignement rationaliste.

Le jour où les familles catholiques seront convaincues que le plus sûr et le meilleur c’est l'éducation intégralement catholique à tous les degrés, l’université catholique d'.mérique et celles de France tiendront en main les éléments d’une prospérité que les dollars eux-mêmes ne peuvent pas donner.

L’Amérique du Sud ne nous présente encore que les deux universités catholiques de Santiago, au Chili, et de Biienos-Aires (République Argentine), toutes deux de fondation récente.

a) Santiago (Chili). — L’université de Santiago a été fondée, en 188g, par l’archevêque Mgr Casanova. Elle eut des débuts modestes, et l’on se contenta d’abord de deux facultés : Droit et Sciences polilii/ues, Sciences malltémaliques. Très préoccupés d’assurer l’assistance aux cours, le travail et la moralité, les fondateurs et les chefs de l’université soumirent les étudiants à un règlement assez strict qui fait un peu penser à celui d’un grand collège.

Le pensionnat universitaire de Saint-Jean-V Evangéliste s’ouvrit aux jeunes gens qui avaient achevé leurs humanités dans les collèges catholiques de la province. Là aussi, d’ailleurs, on Ut entrer dans l’université des établissements d’enseignement secondaire, l’Externat littéraire et commercial de Saintliaphai’l et l’Ecole industrielle.

En 18y2, un incendie ayant dévoré l'édilice où s'était installée l’université naissante, on songea à s'établir délinitivement ; un ami de l’université, M. Raraon Subercaseaux, vint à Lille se rendre compte de ce qu'était notre université catholique française et adressa au recteur de Santiago une intéressante relation. Un monastère, une magnilique propriété, des sommes considérables furent rais à la disposition des autorités. Cependant ce ne fut qu’en 1902 que s'éleva le palais universitaire qui est aujourd’hui l’un des plus beaux ornements de Santiago.

Quatre ans auparavant, en 18g8, l’université, accomplissant d’importants progrès, s'était réorganisée ; elle avait rédigé ses statuts et élevé à cinq le nombre de ses facultés : Droit et Sciences politiques, Sciences physiques et mathématiques. Médecine et Pharmacie, Philosophie et Belles- Lettres, Architecture et lieaux-Arts.

Aujourd’hui, en igiS, la médecine est réduite à un certain nombre de cours préparatoires. Une faculté d’Agriculture et d’Industrie a été créée.

Comme en France, les grades sont décernés par l’Etat ; mais le jury, qui n’est pas composé des professeurs des facultés riales, vient siéger à l’université catholique, les étudiants restant d’ailleurs

libres de se présenter dans les mêmes conditions que leurs camarades de l’Etal.

La dernière statistique parue, celle de Minena ig13, n’indique pas le nombre des professeurs ni celui des élèves pour la faculté des lettres, probablement parce que cette faculté se confond avec le collège. Pour les autres facultés, elle donne 18 professeurs au droit, 31 aux sciences, 13 à la faculté d’agriculture et d’industrie. Le chiffre des étudiants est de 650 environ. Cette université est assez prospère et est généralement considérée comme la plus grande œuvre qui soit sortie de l’initiative privée au Chili.

(') Buenos- Aires (République Argentine). — La République Argentine est depuis igio en possession d’une université catholique. Les origines du projet datent d’assez loin, et dès 1888 une fondation fut presque réalisée à Cordoba. Des dilUcultcs de plus d’une nature la tirent échouer au dernier moment et les bâtiments déjà préparés furent affectés à l'œuvre des écoles pies.

En igo5, le projet fut repris par l'épiscopat dans sa réunion triennale ; l’archevêque de Buenos-Aires reçut d’urgence mission de constituer une commission d’ecclésiastiques et de laïques pour étudier la question et de recueillir des fonds. Une dame donna 400.000 francs, l’archevêque de Buenos-Aires 100.000 francs, l'évêque de Tucuman 20.000 francs, les Jisuites mirent gratuitement à la disposition de l'œuvre les bâtiments d’un de leurs collèges. L’activité intelligente de M. Louis Duprat, président de la Commission (aujourd’hui protonotaire apostolique et recteur), permit de réaliser après cinq années la fondation, qui fut le monument commémoratif élevé par les catholiques argentins pour le centième anniversaire de leur indépendance nationale.

Destinée à former des laïques instruits, l’université renonça tout d’abord à posséder des facultés de théologie et de droit canon, et chercha à se constituer avec trois facultés : droit, sciences et médecine. La première année de droit s’ouvrit avec trente étudiants. A ceux qui s'étonneraient de si humbles commencements, il est juste de rappeler que l’université catholique de Buenos-Aires naquit en plein monopole officiel. Le principe de la liberté d’enseignement, inscrit dans la constitution, n’avait pasporté ses fruits, et, faute de concurrents, l’Etat se trouvait en fait seul distributeur des diplômes qui ouvrent la porte des carrières supérieures. On peut espérer, pour un avenir plus ou moins éloigné, la lin de ce monopole, et d’abord la constitution de jurys mixtes pour les examens.

Ouverte en igio avec une année de droit, l’université ajouta successivement trois autres années ; elle en possède quatre eu ig13. Un legs de deux millions (le francs, dû à un catholique français mort à Buenos-Aires, permet de songer à de nouveaux développements, et vraisemblablement la faculté des sciences sera la première constituée. L’installation, éminemment dcsii’able mais dilUcile et coûteuse, d’une faculté de médecine, a été jusqu’ici réservée pour des temps plus favorables.

En AsiB, il n’existe qu’une Université catholique, celle de Beyrouth ; deux autres, Shang-hai et Tokio sont encore à l'état embryonnaire.

a) Beyrouth. — A Beyrouth comme à Georgetown et à Saint-Louis, nous retrouvons les Jésuites, avec l’une des créations les plus originales et les plus intéressantes de leur zèle apostolique, intéressante en ellemême, intéressante également pour l’Eglise et pourla