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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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petit nombre. El c’est pourquoi le rêve de beaucoup de catholiques italiens, même parmi les étudiants, est d’arriver à fonder une ou deux universités libres. Ce rêve ne paraît pas malheureusement à la veille de se réaliser.

III. Les universités catholiques u’Amérique kt d’Asie

Dans l’Amérique du Xord, il y a une université catholique au Canada et trois aux Etats-Unis.

à) L’université Laval à, Ouébec-Montréal. —

La célèbre université Laval, bien que subventionnée par l’Etat dans quelques-uns des établissements qui la constituent, est une université libre, soutenue par le clergé. Elle est sortie, en 185’2, du grand séminaire fondé à Québec, en 1663, par Mgr de Laval, d’où le nom qu’elle porte. Bien que le monopole eût été j)rimitiveiuent garanti à Québec, l’extraordinaire développement de la population de Montréal et la rivalité des deux villes amenèrent, en 1878, le dédoublement de l’université : Québec garda le recteur, Montréal prit le vice-recteur, chacune eut quatre facultés. Mais, à vrai dire, ces facultés ne ressemblent pas aux nôtres et l’université Laval nous apparaît plutôt comme un agrégat de séminaires et d’écoles spéciales, ayant leur organisation et leurs ressources distinctes. A Québec et à Montréal, le séminaire et la faculté de théologie se confondent ; à Québec, avec g professeurs et 130 étudiants (je consulte la statistique de 1910-191 1), à Montréal avec 13 professeurs et 2^6 étudiants. Puis viennent deux écoles de droit, celle de Québec avec 14 professeurs et 80 étudiants, celle de Montréal avec 15 professeurs et 1 36 étudiants ; deux écoles de médecine, celle de Québec, avec 16 professeurs et 86 étudiants ; celle de Montréal avec II professeurs, plusieurs agrégés et 196 étudiants. Dans l’une et l’autre ville figure une faculté des arts, correspondant à nos facultés réunies des lettres et des sciences, qui compte à Québec, 17 professeurs, plus des agrégés, et 1 1 étudiants, plus’j8 élèves du séminaire suivant les cours de la faculté des arts et 36 élèves appartenant à des écoles annexées à cette faculté ; à Montréal, 15 professeurs, plus des agrégés, et 3-2 étudiants ; mais cette faculté a pour annexe une Ecole polytechnique avec i.’31 élèves.

A ces facultés, il faut joindre, pour Montréal, des écoles de pharmacie, de chirurgie dentaire, de science vétérinaire et une institut agricole.

En 1910-1911, on a compté en tout ^21 étudiants à Québec, et i.o63à Montréal, soit 1.^8/4.

Ce qui frappe <le prime abord quand on jette un coup d’œil sur cette statistique, c’est le nombre infime des étudiants en sciences et en lettres qui, pour les deux villes ensemble, dépassent à peine la centaine. (L’Ecole polytechnique de Montréal est une Ecole centrale d’arts et métiers.) D’où vient ce regrettable état île choses ? De la situation économique du pays et du peu d’aisance des familles qui ne peuvent s’olTrir pour leurs enfants le luxe d’études libérales sans débouchés pratiques. Les étudiants sont pauvres, oliligés de gagner leur vie et de se préparer uniquement à la profession qu’ils ont choisie.

Les études libérales ne peuvent être un avenir que pour les professeurs ; or, presque tous les professeurs sont ecclésiastiques et, de ceux-ci, on n’exige pas de grades. II y a là, ne craignons pas de le dire, une

« jueslion qui mérite d’attirer l’attention de tous ceux

que préoccupe l’avenir du catholicisme et de l’esprit français au Canada. Certes, on ne saurait trop admirer l’œuvre accomplie par le clergé canadien ; s’il y a dans la Nouvelle- France, une culture, et une culture française, c’est à lui qu’on le doit : son zèle et son

patriotisme sont au-dessus de tout éloge et notre reconnaissance lui est acquise. Toutefois on ne peut se dissimuler que, dans le jircsent état de choses et avec les contacts nombreux qu’ont maintenant à subir les populations canadiennes, le clergé doit faire unelTort nouveau pour ne pas déchoir de son rôle et manquer à sa mission ; il faut qu’il constitue un corps enseignant, aussi instruit, aussi versé dans la connaissance des langues anciennes, de l’histoire, des sciences positives, que le sont aujourd’hui les corps enseignants des nations les plus civilisées de l’Europe. Autrement, le laïcisme et même l’anticléricalisme auraient vite fait de se développer, et c’en serait iini de l’esprit catholique et français qui est encore aujourd’hui l’originalité, la force et l’honneur du Dominion.

Grâce à l’initiative et à la générosité de la Compagnie de Saint-Sulpice, une chaire toute française a été rattachée en 1890 à l’université de Montréal. A l’appel de l’archevêque, un professeur français y enseigne l’histoire de la littérature de notre pays. MM. de LabrioUe, Laurentie, Léger, Arnould, Gillet, du Roure, Gautheron, l’ont occupée avec distinction. La tâche du maître est double ; il fait un cours suivi ; et, de plus, tous les quinze jours, il donne une conférence, d’un genre plus brillant, destinée au grand public. Mus par le désir de s’instruire et par un patriotisme réfléchi, huit cents à mille auditeurs s’arrachent chaque fois à leurs occultations pour entendre parler des grands écrivains de la mère patrie.

De telles dispositions nous sont un sûr garant que les lacunes que nous avons signalées seront comblées le jour où l’on aura compris qu’il faut le vouloir.

t) Georgetoven. — Les Etats-Unis comptent trois universités catholiques, dont deux, les plus anciennes, ne correspondent pas au type des universités françaises, ou allemandes, mais sont des établissements mixtes où l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur s’associent : celle de Georgetuivn, â Washington, et celle de Saint-Louis, di* Missouri.

L’université de Georgetown se rattache, par ses origines déjà lointaines, à l’initiative apostolique d* John CarroU, premier archevêque de Baltimore.

Le modeste établissement d’enseignement secondaire fondé en 1789 par ce prélat, confié à la Compagnie de Jésus en 1805, acquit dix ans plus tard oûiciellement le titre d’Université ; le pouvoir de conférerdes grades reconnus aux Etats-Unis lui fut accordé par acte du Congrès de Washington en date du i" mars 1815, puis renouvelé et étendu en 1844. De son côté, le Saint-Siège avait accordé en 1833 le pouvoir de conférer les gradescanoniques en philosophieet théologie. Le scolasticat des Jésuites fournit pendant trente-six ans un corps de professeurs et un fond d’auditoire pour l’enseignement des sciences ecclésiastiques ; en 1869, il quitta Georgetown et dft ce chef l’organisation universitaire subit un amoindrissement. Mais, entre temps, d’autres branches, d’enseignement s’étaient développées : au collègesecondaire s’étaient ajoutés en 1845 un observatoire astronomique ; en 1851 une faculté de médecine, complétée ultérieurement par un institut dentaire ; en 1856 des cours supplémentaires dits « postgraduate schools » ; en 1870, une faculté de droit. Le nombre des étudiants (d’après Minena, 1918) s’esl élevé en 1912 à 1.875, dont 15g pour la médecine et 935 pour le droit. Le nombre des professeurs est de 158 ; le président est le Père Doulon, S. J.

L’université de Georgetown a fait un bien réel.