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INSTRUCTION DE LA JEUxNESSE

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institut et M. Mercier en devenait le président. L’assemblée générale des catholiques, réunie à Malines en 1891, enlendil avec le plus vif intérêt le beau rapport où le jeune maître dit ce qu’il se proposait : rajeunir au contact des sciences nouvelles, étudiées d’après leur propre méthode, la philosophie comme la synthèse des sciences. La Betue néu-scolastique, organe de l’institut, en indiquait l’esprit par son titre même. Le programme était susceptible de recevoir des développements indélinis : l’organisation récente du cours d’histoire des théories sociales, puis du cours et du laboratoire de psychologie expérimentale, prouve qu’on ne s’est jamais arrêté sur le chemin du progrès. Des étudiants viennent de toutes les parties du monde suivre les cours de l’Institut Léon Xlll et les docteurs qu’il a formés occupent aujourd’hui d’importantes chaires dans plusieurs pays.

Il convient de mettre à une place d’honneur, en face de l’institut philosophii^ie, le séminaire historique, dont l’origine remonte à Jean Moeller, organisé par Jungmann, à présent dirigé avec autant de compétence que d’esprit de suite par le chanoine Gauchie ; il s’est subdivisé en deux sections, celle des conférences historiques et celle des études critiques sur les sources ; il a pour organe la lievue d’hisloire ecclésiastique qui, en douze années d’existence, a mérité l’estime universelle.

Parmi les corps nouveaux sortis de la vieille faculté de droit, celui qui a le mieux manifesté l’initiative féconde des maîtres et des élèves, c’est l’Ecole des sciences politiques, sociales et diplomatiques, (ondée par Mgr Abbeloos. Les étudiants se réunissent en conférences et ont à leur disposition une bibliothèque qui leur sert de laboratoire. Sous la direction de leurs professeui’S, ils ont publié une quarantaine de monographies originales se rapportant à d’intéressants problèmes économiques ou politiques de la Belgique et de l’étranger.

Comment oublier l’Ecole des litn< ; ues orientales qu’ont illustrée des maîtres tels que Berlen, Félix Nève, Lamy, de Ilarlez, Forget, Colinet, van Hoonacker, Abbeloos, Hebbelynck, Ladeuze, etc. ? Sa revue, le Museun, qui a subi diverses modilicalions, contient une somme considérable de bons travaux. La Société philologique, dont la réputation s’établit grâce à Pierre’^Villems, l’historien du Sénat de la République romaine, continue son œuvre avec Ed. Rem y.

Nous en avons dit assez pour faire comprendre dans quel sens s’exerce l’évolution intérieure de l’université de Louvain et comment elle concorde avec toutes les exigences du progrès scientitique. Après les fêtes magoiûques du ; ")’anniversaire de la restauration de l’Université, célébrées en 1909, le recteur Mgr Hebbelynck, donna sa démission et fut remplacé par Mgr Ladeuze qui a imprimé un nouvel élan à l’université.

Le nombre des élèves était de 86, en 1834 ; de jSi, vingt-cinq ans plus lard ; de 1.638, en 18814, de 2.300 en 1909 ; dans l’année scolaire 1911-1912 (annuaire de igiS), il a atteint le chilTrc de 2. ; 35. dont 290 étrangers, et ainsi répartis : Ecoles spéciales, 635 ; Sciences, 314 ; Philosophie et Lettres, ! , r2 ; Médecine, 099 ; Droit, G75 ; Théologie, 90. A la rentrée scolaire de 1912-1913, on a compté 2. CGi inscriptions, contre 2.442 à la rentrée de 1911-1912 ; de sorte qu’aujourd’hui le chiffre des étudiants de Louvain est de près de 3.000. Il a fallu créer un second vicerecteur : l’un a la discipline et l’autre l’administration ; le recteur donne la direction générale et se réserve les relations avec les professeurs et le dehors. De 13 professeurs en 1834, on s’est successivement

élevé à 133 (plus 21 professeurs honoraires ou émérites), ainsi répartis : Théologie, 19 ; Droit, 14 ; Médecine, 20 ; Philosophie et Lettres, 27 ; Sciences, Ifb ; Ecole des sciences commerciales et consulaires, 4 ; section d’études coloniales, 4. Outre les cours légaux ou académiques, l’université comiite 24 cercles d’études de langue franyaise ou de langue flamande. Elle publie une trentaine de revues ou de recueils. La bibliographie des œuvres dues aux professeurs de Louvain formait en 1909 cinq volumes ; au dernier a été annexée la liste des travaux élaborés par les jeunes gens dans les instituts spéciaux et les cercles d’études. C’est le témoignage vivant de cette collaboration assidue des professeurs et des élèves qui fait encore presque complètement défaut à nos universités françaises.

La Belgique doit à l’université de Louvain un très grand nombre d’hommes d’Etat, de législateurs, d’administrateurs, de médecins chrétiens, de iJrèlres instruits qui exercent une action prédominante sur la vie morale et religieuse de leurs concitoj’ens. Les anciens Louvanistes ontfondé dans tout le pays plus de mille associations qui donnent au pai-ti catholique des cadres excellents.

Comme l’a dit le cardinal Mercier, « l’université de Louvain est l’œuvre collective du dévouement catholique belge ; c’est le produit gT ; aidiose de tant de milliers de dons et de sulisides, de tan t de quêtes paroissiales où les petits sous de nickel des lidèles pauvres se mêlent aux pièces d’argent ou d’or des fidèles plus riches ». Telle grande famille n’a pas hésité à fonder à elle seule une école ou un institut. Les évêques, de leur coté, ne reculent pas devant les sacrifices nécessaires, et ils ont assuré avec sagesse et générosité l’organisation linancière de l’université. Ils règlent chaque année en commun le budget des recettes et des dépenses et ils s’engagent à payer intégralement toutes les dépenses qu’ils ont votées. S’il y a un délleit, ils le couvrent ; les autorités académiques n’ont jamais à y pourvoir et ne doivent s’occuper que de la diieclion intellectuelle et morale. Quant aux évêques, ils trouvent leurs ressources : i" dans les collectes qui, depuis 1834, se font deux fois par an dans toutes les églises et chapelles de leurs six diocèses ; 2° dans les quêtes à domicile faites à cette lin par tous les cui-és, une fois chaque année ; 3" dans les dons particuliers qu’ils obtiennent de personnes riches ; 4" dans les prélèvements qu’ils font sur leurs ressources générales pour- équilibrer le budget en cas d’insuffisance des trois produits précités.

Le budget annuel est d’environ 1.200.000 francs, sans compter les budgets spéciaux de divers instituts.

Pour tout résumer en deux mots, l’œuvre est comprise et populaire ; tous ceux qui doivent la soutenir la soutiennent.

Est-ce à dire qu’elle n’ait jamais connu d’heures difliciles’? « Il semble, parfois, à vous surtout, chers étudiants, s’écriait naguèi’e le cardinal Mercier, aisément il semble que ce (]ui est ne pourrait pas ne pas être, et poui-uu peu vous croiriez que cette institution qui vous abrite, que vous avez toujoiurs connue florissante, fonctionne d’elle-même, comme la terre tourne sur son axe, comme se succèdent les saisons, amenant, après les semailles dont vous avez perdu le souvenir, l’efflorescence du printemps et les fruits de l’automne. Qui dira, cependant, ce que représentent d’efforts, devant Dieu et devant l’observateur réfléchi, trois quarts de siècle de vie universitaire’? »

A Louvain, comme partout, les débuts ont été pauvres et incertains ; il y a eu des tâtonnements, des timidités ou des hardiesses excessives ; il a été très dillicile d’établir une certaine homogénéité dans