Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/502

Cette page n’a pas encore été corrigée

991

INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

992

années, de 1850 à 1880, on se mit à l’œuvre Je toutes parts. Les dévouements se multiplièrent, les maisons s’élevèrent les congrégations enseignantes s’établirent, les élèves affluèrent. — L’enseignement issu de la loi de 1850 tient une place honorable dans notre histoire, et valut à l’Eglise, à l’enseignement religieux et libre, comme à l’Université elleinême, les trente années de paix féconde dont ils ont joui. Que la suppression de l’autorisation préalable ait multiplié les tentatives de la concurrence privée, cela se conçoit aisément. Comme il sullit désormais de n’avoir encouru aucune des incapacités prévues par la loi, d’être français, d’avoir vingt-cinq ans, et de justifier d’un stage de cinq ans et du diplôme de bachelier, beaucoup d’établissements libres furent fondés.

a" Slatis/ique. — Les chiffres de statistique comparée qui vont suivre et qui marquent diverses étapes : iSô^, 1867, 1876, 1887, 1898 et 1909, mettent en relief l’elfort réalisé, qui fait le plus grand honneur aux catholiques, dans leur bonne comme dans leur mauvaise fortune.

1854. — Au moment même où la loi du 1 5 mars 18.50 a été mise à exécution, on comptait 91 4 établissements d’instruction secondaire libre. Un chiffre aussi élevé, pour l’époque, ne s’explique « fu’autant que les statistiques ont fait entrer en ligne un certain nombre d’établissements fort modestes. Elles en relevaient, dès 1854, i-o81, c’est-à-dire 167 de plus. Neuf congrégations pos< ; édaient des établissements de cette nature : Jésuites, 11 ; Maristes. l’i ; Baailiens, 2 ; Picpuciens, a ; Lazaristes, i ; Doctrinaires, !  ; Prêtres de l’Adoration perpétuelle, i ; Prêtres des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, i ; Frères de Saint-Joseph, i ; au total, 33.

Presque tous les établissements dirigés par des congrégations enseignantes furent ouverts depuis le 15 mars 1850, notamment les onze établissements appartenant aux PP. Jésuites. Sur un chiffre total de 5.a85 élèves, 3.150 sont pensionnaires. Les onze établissements de Jésuites sont proportionnellement les pbis nombreux, puisqu’ils renferment 2.818 élèves, dont 1.71 1 pensionnaires, tandis que les Maristes, avec 13 écoles, ne réunissent que 1.449 élèves, dont 763 pensionnaires seulement. En dehors des petits séminaires, dont il sera fait une mention spéciale, les évêques possédaient, en 1850, un nombre très restreint de maisons d’éducation. Entrés résolument dans la voie ouverte par la loi du 15 mars 1850, ils comptaient, à la date de 1854, 67 maisons réunissant 8.o51 élèves, dont 5.o30 pensionnaires. Le ministre de l’instruction publique, dans son rapport à l’Empereur, reconnaissait leur état généralement prospère.

Les écoles ecclésiastiques dirigées par des prêtres séculiers ou par des ministresdesautres cultes reconnus ne comptaient, en 1854, (lue 7.859 élèves, dont 3.724 pensionnaires, quoique ces écoles fussent au nombre île 156. En résumé, les 256 écoles ecclésiastiques de tous ordres renfermaient 21.196 élèves : ce chiffreattestaitde notables progrès depuis quatre ans.

Il n’en était pas de même pour l’enseignement libre laïque, comme l’indiquent ces résultats numériques. Le nombre total des élèves de l’enseignement libre, soit 63.657, ^"^ décomposait ainsi :

256 établissements ecclésiastiques, ai.igS élèves ;

826 établissements laïques, 42. 4^2 élèves ;

c’est-à-dire qu’il y avait quatre fois plus d’établissements laïques que d’établissements ecclésiastiques, et que cependant les premiers ne contenaient que le double d’élèves.

Dans son rapport, le ministre observait que la loi

du 15 mars 1850 n’avait eu qu’une assez faible inlluence sur le nombre des enfants participant à l’instruction secondaire. Il était, au 1" octobre 1850, de 99.028 ; en iS54, il passait à io8.333, ce qui donne une augmentation de 8.710 élèves seulement.

1867. — Le nombre des élèves dans les établissements libres était de 31.816 en 1842, et de 77.906 en 1865. C’est depuis la loi de 1850 que s’est manifestée cette augmentation, qui a proUté surtout aux établissements ecclésiastiques.

De 1854 à 1860, les maisons libres laïques elles écoles diocésaines placées sous l’autorité directe des évêques sont restées dans un état stationnaire. Les premières n’ont gagné, dans ces onze années, que 547 élèves(43.O09en 1865, au lieu de 42.462 en 1854) ; les secondes, que i.o56 {9.107 au lieu de 8.o51). Mais le nombre des maisons laïques a diminué de 168.

— Dans le même espace de temps, les congrégations enseignantes ont fondé dix maisons nouvelles (43 au lieu de 33) et ont augmenté leur population scolaire de 79 pour cent (9.475 au lieu de 5.285). Il y avait, en 1865, 43 maisons congréganistes, dont 14 étaient dirigées par les Jésuites avec 5.074 élèves, 15 par les Maristes avec a. 255 élèves, 2 par les Lazaristes avec 331 élèves, 12 par diverses congrégations (Basiliens, Picpuciens, etc.), avec i.815 élèves. — Les maisons dirigées par des prêtres séculiers ont passé du chiffre de 156 à celui de 165, avec 7.869 élèves en 1854, et plus du double, ou 16.315, en 1865. Au total, dans l’espace de onze années, les laïques ont perdu, dans l’enseignement libre, 168 maisons, tout en gagnant 547 élèves ; tandis que les ecclésiastiques ont fondé 22 maisons nouvelles et acquis 13.70a élèves. Il convient d’autant mieux de souligner cette augmentation que le nombre des jeunes gens voués par position aux études secondaires est nécessairement limité ; elle manifeste donc péremptoirement la conliance et le crédit que les faïuillcs font à l’enseignement qui s’inspire des directions de l’Eglise.

Sur les 29 collèges que les Jésuites dirigeaient avant l’application des décrets de 1880, ils en devaient 13 à la République de 1848 et 10 à la Réjjublique de 1870. L’Empire, en dix-huit ans qu’il a duré, et bien qu’on accuse les Jésuites de l’avoir cléricalisé, ne leur avait permis d’en fonder que 3. Napoléon III en ferma un, du jour au lendemain, celui de Saint-Etienne, sur une rumeur qui se trouva être calomnieuse. Il en menaça un autre, Saint-Clément de Metz, pour une bataille d’écoliers. Entin, il empêcha de se fonder, autant qu’il était en son pouvoir, un troisième, Sainte-Croix du Mans, bien que ce collège ne fit que changer de mains religieuses en passant de celles des Pères de Sainte-Croix dans celles des Pères Jésuites. Le conseil privé de l’Empereur avait, contrairement à la loi de 1850, décidé d’arrêter toute nouvelle création de collège libre. Duroy, un ministre d’autant plus ennemi de la liberté qu’il en affichait le culte, disait à un député qui l’écrivait au P. de Ponlevoj-, provincial des Jésuites : « Il ne dépend pas de moi uniquement de faire aux congrégations la faculté de créer de nouveaux établissements. La mesure restrictive qui les concerne a été prise en conseil de gouvernement ; elle ne pourrait être révoquée qu’en conseil, et je voterai pour le maintien de la restriction, attendu que nos établissement » universitaires sont très supérieurs, soiistuiisles rapports, aux établissements congréganistes. Permettre à ceuxci de se multiplier empêcherait l’Université de faire tomber les préventions qu’elle inspire, à tort, à un certain nombre de familles. » Le ministre de l’instruction juiblique décidait, de sa propre autorilc, que les établissements universitaires étaient très supérieurs, sous tous les rapports, même religieux et luoraui,