Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/488

Cette page n’a pas encore été corrigée

963

INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

964

a’abord, abstraction faite des matières enseignées, on remarquera le caractère éminemment confessionnel Ue ces écoles protestantes : elles sont la propriété de chaque église et l’on sait qu’une église réformée était alors, eu France, un petit monde fermé ayant sa vie à part. Condition bien peu favorable à un rayonnement sur les catholiques des alentours, surtout depuis les prescriptions édictées par le concile de Trente au sujet des écoles primaires. Or les < : atholiques formaient toujours l’immense majorité de la population. Le développement des « petites écoles » se trouvait donc forcément cantonné dans une aire restreinte. D’autre part, et ceci est la seconde observation, nous allons assister à la diffusion des écoles primaires catholiques.

Répondant aux prescriptions du concile, les diverses provinces de France se mirent à en créer. Par ce qui se passa en Flandre, nous pouvons juger du zèle et de l’aclivile déployés dans tout le pays (v. à cet égard l’excellente monographie de M. de Fox-TAiNK DK Rhsbecq, sur l’flistoirc de renseignement primaire a^ant t7<S9 dans les communes qui ont formé le département du jXord, Lille-Paris, 1878). Aux approclies du xvi’siècle, comme ailleurs, nombre d’écoles avaient disparu et, au milieu du même siècle, les évêques de Flandre sont uuanimes à le déplorer. Ils ordonnent de relever les écoles et d’en créer de nouvelles. Dans cette entreprise, lepouvoir communal agit en parfaite entente avec l’autorité religieuse ; l’ensemble des documents en fait foi. De nombreuses écoles s’ouvrirent donc au temps de Gliarles-Quint et de Philippe II, et quelques-unes rcçm-ent quantité d’élèves, n Dans la suite, l’instruction lit de réels progrès et dépassa, contrairement à ce que l’on croit généralement, les leçons de catéchisme. Il semble même que, là où les écoles étaient le mieux suivies, avant la Révolution, ileneslencore de même actuellement. » (Diî Fontaine de Ri ; sbecq, p. 20.) Les programmes comportaient le plus souvent l’instruction religieuse, la lecture et l’écriture, auxquelles fréquemment on ajoutait la grammaire française ou 112mande suivant les régions, ainsi que l’histoire sainte et l’arithmétique. Après la réunion de la province à la France, c’est-à-dire sous le régime établi par les déclarations royales de 1695, 1698, 1700 et 172/1, chaque paroisse y a son école de garçons et son école de filles, avec des maîtresses et des maîtres touchant respectivement un traitement de 100 et de 150 livres. Les can<li(lals à ces fonctions sont toujours l’objet d’un examen des plus attentifs. Fait à noter, si saint Charles Uorromce a ouvert à Milan une école dominicale en iTii’) ! (v. plus haut), le concile de Candirai (1565) est le premier à propos duquel aient été relevées des traces de celle sorte de fondation (Multos inopia prohihcl ne jilios in scholis lilterariis enutriaiit : nE Fontaine de Rusbhcq, omit, cité, pièces justificatives, i’" partie, n" G). Dans quelques localités il se tenait aussi des cours du soir. Cepend.ant les écoles s’étaient multipliées dans toute la France. Un témoignage particulièrement significatif à cet égard est celui du président Rolland d’Ercevili.i :, dans son l’iaii d’éducation, publié en lyS/j : « Il est peu de curés, écrit-il, peu de seigneurs de paroisses qui ne s’aiiplaudissent s’ils sont parvenus à soudoyer un mafy’ister, et si ce magister peut s’élever jusipi’à donner les principes du latin, c’est un triomplie. » (Le Président, observons-le, trouve excessif le nombre des écoles de villages ; mais ceci n’enlève rien à la valeur de sa constatation.)

Pendant tout le xvirsièdeles évêtpies du royaume avaient travaillé de toutes leurs forces à la création d’écoles populaires. Ceux de Grenoble, de Boulogne, de Laugres exhortent leurs curés à faire en sorte

qu’il y en ail dans toutes les paroisses. « Inspirez, disent les statuts synodaux de Toul et de Chàlons, inspirez à ceux qui veulent faire des fondations au profit de l’église, de les attribuer à cette bonne œuvre » de rétablissement des écoles.

ta Correspiindancc des Inteitdans nt’ec las contrôleurs généraux nous signale, en ellct, dans tel village de So feux et de 30u âmes environ, des « fondations considéridjles » en favem* des écoles (Uuune-TiÈuE, article cité, p. 93()). Pour la seule province de Flandre, on retrouve une quantité considérable, de ces « fondations » (de 1onïaine UElliiSHECQ, ouvrage citt^.

Tous ces efforts eiuent 1cm-couronnement dans la création de l’institut des Frères des écoles chrétiennes, dit primitivement des Frères de Saint-Yon, du nom de la petite ville où son fondateur l’avait établi. JKAN-B.irxisTE de la Salle, chanoine de Reims, implanta son institut dans cette ville et dans plusieurs autres. Paris le recul à son tour. Les statuts de l’œuvre datent de 1717, et peu de temps après saint J.-D. de la Salle mourait. Il avait entendu procurer une éducation chrétienne aux enfants du peuple, spécialement aux enfants pauvres, trop souvent négliges par les institutem-s. « La gratuité était une des conditions fondamentales de ll’^cole chrétienne à son origine… » Quelques modifications y onl été faites depuis lors, notamment celle qui demande une rétribution scolaire à la fraction fortunée des élèves. « Une méthode simple et régulière, une discipline égale et douce, des habitudes polies et non familières, une surveillance constante, des châtiments rares, … tels étaient leurs moyens d’action. » (V. Jlefiles et constitutions des Frères des écoles chrétiennes, Paris, 1835 ; cf. A.-F. TniiuY, Jlist. de l’éducation en France depuis le ye siècle juscju’à nos jours. t. II, Paris, 1808, p. 169-17/1.) En 1789, l’inslilul de^ Frères dirigeait déjà 120 maisons, qui < : omptaient en tout 36.O0Û élèves (de Fontaine de Kesuecq, ouit. cité).

2° Collèges. — Rabelais, Montaigne : ces deux noms personnifient plus oumoinsles ju’cocciqiations pédagogiques de l’épofiuc. Plus près encore du mo.yen âge, Rabelais critique laméthode scolastique. Il s’en prend aussi aux Universités. Comme tant de ses contemporains, la passion de sa oir le possédait ; aussi exigc-t-il de son élève un tiav.iil intense et continu. Mais l’éducation reste religieuse. Son pupille invoque Dieu chaque matin comme avant de s’endormir. Son programme d’études est bien celui des humanistes : il embrasse les lettres et les sciences. AvecMonlaigiie, nous assistons à une véritable réaction. Cette culture si complète, il la repousse. Il veut une édu( ation générale et humaine, qui aura pour effet de développer toutes nos facultés. Les science^ et les lettres sont des moyens, non un but. Avant tout, l’enfant doit connaître le monde qui l’environne : il verraàrœuTeet questionnera le bouvier, l’artisan, le commerçant. Bref, il prendra des « leçons de choses » (CoMPAVitÉ, Ilistoire critique des idées de lu Renaissance : v. la table alphabétique du t. II : Habelais, Montaigne).

Unissez ces deux tendances si différentes, conciliez avec de solides études les nécessités d’une éducation vraiment humaine ; les méthodes pédagogique^ modernes en résulteront. On remarque cette alliance féconde dans la pédagogie des iiongrégalions enseignantes, des Jésuites en particulier.

Un inslrument faisait défaut : les lexiques et les manuels. Guillaume Fichet, le professem’de.Sorbonne, et son disciple Robert Gaguin payèreiil d’exemple et, à leur suite, les humanistes français se mirent à l’œuvre. « Dictionnaires, grammaires, traité ; -