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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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Le nom de LiioN X s’identilie aec celui luêiue de la Renaissance. « La nomination des célèbres latinistes Ucmlio et Sadolet an secrétariat particulier du Pape, l’appel fait à l’illiislre helléniste Jean Lascaris, la fondalion d’un collège pour les études fjrecques, enfin la réortfanisation de l’Université romaine jetèrent toute la société littéraire dans un joyeux entiioiisiasme. De tous côtés, poètes, littérateurs et savants accoururent vers ce Pape qui distribuait l’arprent et lesfaveurs avecunelibéralité inouïe. >(PASTOK, t. VIII, p. 86.) Au premier rang de cette republique de savants, se placent Bembo et Sadolet, tous deux célèbres par leurs poésies et leurs œuvres en prose. Léon X nomma ces deus. disciples autlien tiques de Cicéron aux postes de secrétaires particuliers et de prélats de la maison papale (ibid., p. gi). Une mention est due aussi aux élégants poètes Vida et Sannazar, le premier d’une valeur morale comparable à celle de Sadolet (p. <j8, loo, y6). A côté des poètes originaires d’Italie, se trouvaient, en outre, beaucoupd’étrangers, les uns simples étudiants, les autres à la poursuite de la fortune (p. iio). Les historiens, ceux mêmes qui écrivaient en italien, ne subirent pas moins l’inlluence de l’antiquité. Léon X connut personnellement les trois plus grands, dont les œuvres allaient paraître après sa mort : François Guichardin, Machiavel, Paul Jove (p. 126-ii ! 9). Les erreurs qui s’étaient glissées dans les esprits sur l’àme, sa nature, son immortalité, le préoccupaient : au concile de Latran (1513), il recommanda aux maîtres de philosophie de les combattre avec énergie (Baudrillart, p. gS). Quant à l’Université romaine, réorganisée par lui et comblée de ses faveurs, elle compta, sous son pontilicat, 88 professeurs, et presque toutes les branches du savoir humain y avaient alors plusieurs interprèles (Pastoh, t. VIII, p. 152-155).

Grégoire XIH devait couronner l’œuvre de ses prédécesseurs, en fondant le Collège romain (15^3), dont la direction fut conliée aux Jésuites. Il est aussi le restaurateur, ou plutôt le véritable créateur, du Collège germanique (Hbrqenrotukr, ohvv. cité, p. ôaô-ôa’j).

2° Le concile de Trente, saint Charles Burromée et les congrégations enseignantes. — Le concile de Trente, dans sa session cinquième (17 juin 1546), a posé un ensemble de règles relatives à la création et au fonctionnement des écoles primaires. La première de ces prescriptions porte qu’auprès de chaque église il y aura an moins un maître, chargé d’enseigner gratuitement la grammaire aux clercs et aux enfants pauvres, « qui clericos aliosque scholares pauperes grammaticam gratis doceat » (Concilium Tridentinum, sessio v, Decretuni de lectione et prædicatione, 17 juin 1546, t. V, p. 241, lignes 4’-r-’. édition de la Gôrresgesellschaft, 191 1). « Ces maîtres, est-il décidé ensuite, dépendront de l’autorité ecclésiastique seule, c’est-à-dire de l’évcque (Concil. Trident., iliid, p. 2^2, 1. 15-16). Le concile veut, de plus, qu’on leur assure un traitement : le revenu de quelque bénédce ou bien, dans les localités pauvres, des appointements honnêtes et raisonnables prélevés sur la mense de l’évêque ou du chapitre (i^’^.. 1- 28). Chaque année, enûn, les maîtres prêteront un serment attestant leur obéissance au Saint-Siège et leur renoncement aux hérésies.

Contre la Réforme, l’Eglise entendait lutter en établissant partout des écoles élémentaires gratidtes, dont les maîtres jouiraient d’une silnati(m décente et présenteraient toutes garanties d’honorabilité, de capacité et d’orthodoxie,.insi serait reprise la grande œuvre de l’instruction populaire, si brillamnienl inaugurée au un’siècle, et du même coup assuré le recrutement des clercs.

Tome II

Le nom de saint Charles Borromke se rattache étroitement au souvenir du concile. Nommé à la suite archevèqne de Milan, il contribua à la mise en application des règles relatives à l’école primaire : c’est ainsi qu’on lui doit une école dominicale ouverte à Milan en 156/| (cf. de Fontaink de Kesukoq, f/ist. de l’enseignement primaire ai’antl~tSii…, p. 33). Dans une sphère toute ditlérenle, il s’est signalé par la création, au Vatican, d’une académie composée d’ecclésiastiques et de laïques et destinée à favoriser les études. Des cardinaux, un pape, Grégoire XIII, des cvèques célèbres en sortiront.

En 1537, sainte Angèle de Brescia avait institué les Ursulines, religieuses consacrées à l’instruction gratuite des jeunes tilles. Saint Charles Borromée réforma la congrégation et l’établit à Milan (1672). Ce n’est pas la seule congrégation enseignante de femmes que cette époque ait vue naître en Italie. Déjà vers 1537, Louise Torblli, comtesse de Guastalla, avait fondé à Milan, en les rattachant aux Barnabites, les religieuses Angéliques, dites aussi Guastallines (Rousselot, //ist. de l’éduc. des femmes en France, t. 1, p. 819). A Rome, tout à la lin du siècle (1697), Joseph de Calasknz s’emploie à propager l’ordre des Piaristes, qui se répandit surtout en Italie, en Espagne, en Hongrie, en Pologne (ibid.).

Cependant, les changements que la Renaissance apportait dans l’éducation féminine, les dangers que les nouvelles tendances présentaient aussi à cet égard, n’échappaient pas aux représentants de la pédagogie chrétienne. Nombreux sont les traités qui s’ell’orcent alors d’y parer. Il faut signaler, parmi eux, les avertissements donnés par Vespasiano da Bis-Ticci aux mères dans ses Vies de femmes ittnstres (//ist. des Papes, t. V, p. 31) IL France. — Nous envisagerons : les écoles primaires ; les collèges d’enseignement secondaire ; les études supérieures ; l’éducation féminine. Un tableau des congrégations enseignantes d’hommes et de femmes terminera cet aperçu.

1" Ecoles primaires. — Dans la France du xiii" siècle, l’instruction primaire était très répandue. La guerre de Cent-ans a brusquement interrompu le progrès commencé (Brunetière, L’enseignement primaire ayant llHO : Hev. des Deux Mondes, 1 5 octobre 187g, p. 935). D’autres événements en retardèrent encore la marche. « Je ne nie pas…, écrit Brunetière, qu’il y ait une lacune dans l’histoire de l’instruction primaire. Que si vous ajoutez à la guerre de Centans les dernières guerres féodales et les guerres de religion, vous comprendrez aisément qu’il y en ait une et i]u*il faille attendre jusqu’à la fin du xvi* siècle ou même jusqu’au commencement du xvii’siècle, pour voir l’enseignement commencer à se relever de ses ruines. » (Ihid., p. 986.)

Doit-on cette résurrection au seul protestantisme ?

Voici quelle était la situation chez les réformés.

« Dans les pays de langue française…, dès le xvi’siècle, 

de grands efforts furent faits en faveur de l’instruction du peuple. A Genève, il y avait de bonnes écoles publiques, ainsi que des classes spéciales de catéchisme… En France, depuis les premiers temps de la Réforme jusqu’à la Révocation de l’édit de Nantes, on trouve, à côté des établissements fondés pour les hautes études et pour l’instruction secondaire, des écoles i)opnlaires où l’on enseignait, outre le catéchisme, la lecture, l’écriture et les premiers éléments du calcul. » On les appelait petites écoles

« et chaqtie église en possédait au moins une et quel([uefois plusieurs » (F. Biisson, Ùictionn., article cité, 

p. 2468-2469).

Cette citation appelle deux remarques. Tout

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