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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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gloire cl la fortune. Mais lorsqu’il eut succombé sous les coups (les barljares, ce Cul l’Eglise qui, par la force des clioscs, reprit ce service. Elle était la seule société morale, intellectuelle, organisée. Elle avait à sa tête ou Jans ses cloîtres, connue évêqvies, prêtres ou moines, des hommes qui, durant leur jeunesse, avaient reçu la culture romaine, et pouvaient par conséquiMit la transmettre. Aussi la vit-on de suite, comme par un instinct naturel, recueillir des livres, ouvrir des écoles et instituer des maîtres. Certes, elle fut conditionnée dans sa tâche éducatrice, par les circonstances heureuses ou malheureuses qu’elle dut traverser : mais dans les époques les plus barbares, elle garda le flambeau de la science et ne laissa jamais les siens dans une ignorance complète, qui d’ailleurs aurait été inconqiatible avec l’enseignement même des vérités élémentaires de la foi.

Les écoles mnnastiques apparaissentles premières : car elles existaient déjà du temps de la domination romaine et lui survécurent surtout dans le Midi. Même avant l’arrivée des moines bénédictins au VII" siècle, il se forma des communautés d’hommes et de l’emmes sur le modèle des monastères basiliens de Constantinople, où se trouvaient des écoles pour les moines, les jeunes oblats et même les enfants du dehors. Tels furent les monastères de S. Victor de Marseille, où vécut Cassien (-j- ! ibo), de Lérins, fondé par S. Honorât d’Arles (-j- ^29), où enseignèrent HiLAiRB d’Arles (~ 44y)i Vincent de Liïrins (-]- av. libo), EucHEH, archevêcpie de Lyon (-{- 450), Loup, évêque de Troyes {— 47’.l), Salvien de Marseille {-f v. ^Sii), F.usTE de Kiez ([- v. ^go), et où parurent comme élèves un grand nombre d’évêquea du Midi qui instituèrent ensuite chez eux un enseignement semblable à celui qu’ils avaient reçu,.insi CiisviRE, évêque d’.rles, au vi’siècle (-J- 5.’|2), fonda dans cette ville deux communautés, l’une d’hommes, l’autre de femmes. Cette dernière sous la direction de sa sœur Ste Cksarie (- ; v. 029) s’occupait spécialement de copier les manuscrits, et servit de modèle au couvent fondé par Ste K.degoni)e (~ 58-) à Poitiers. On y transcrivait les poètes chrétiens, les Pères grecs cl latins. Les autres règles monastiques de ce temps, celles de S. Aurélien et Fehheol, de Tarnat, etc., comme celles de S. Césaire, prescrivirent de consacrer quelques heures de la journée à la lecture et d’abord d’apprendre les lettres. La même prescription se retrouve dans la règle de S. BenoIt.

Non seulement on lisait dans les monastères, mais on y enseignait : et l’enseignement n’élaitpasréservé aux religieux : il était donné aussi aux laïques, et pour eux, vu leur nombre, on fut amené à créer une école extérieure à coté de l’école intérieure. V Histoire tilléraire (lU, 429) signale un grand nombre de ces foyers d’étude pour le vi* et le vu’siècle, à S. Claude, à Luxeuil, à Jumièges, à Fontenelle, à S. Riquier, à S. Valer}’, à S. Vincent de Laon, à S. Taurin d’Evreux, à Mici, à S. Hilaire de Poitiers, à Ligugé, à S. Denis, à Ferrières en Gàtinais, à Issoire, — et l’on pourrait en désigner [ilusieurs autres. Un moine instruisait gratuitement tous ceux qui se présentaient, et il en venait non seulement des envi.rons mais de très loin. L’on ne craignait pas alors de faire de grands voj’ages pour se mettre à l’école des religieux célèbres par leur science des choses intellectuelles et morales.

Les évêques entretenaient aussi près d’eux des écoles pour leurs clercs, appelées écuhs épiscnpales. Dès le’siècle, Sihoine Apollinaire (-[- v.488) montre auprès d’un évêque de ce temps une caterva schotasticorum. .Vu vie siècle, à l’arrivée des Francs, on signale un grand nombre de ces écoles. Outre celle

de S. CÉSAIRE, dans l’Eglise d’Arles, d’où « sortirent S. Cyprien, évêque deToulon, Firmin, évêque d’Uzès Vivence, autre évêque, le prêtre Messien, le diacre, Etienne, Téridc ou Tétrade, neveu de S. Césaire, tous hommes de lettres », il y en avait dans le Centre et dans leNord ; à lleiius et àMousson, près de S. Ké.my, (|-553), à Rouen près de Puktextat (-j- 586), à Paris, près de S. Gbk.main (-7 5’j6), à Clermont, près de S. Gall (-j- 553), à Tours, près de.S. Gri’ ; goirk(-j- SgS), à Poitiers, près de Fortunat(-î- ap. 600), au Mans, près de Domnol (-7 581), à Chartres, près des évêques Solemne, Lubin (-j- v. 556), Calf.tric (-f v. 567), Be-THAiRE (- ; - av. 514) et Lancégesil. Ceux-ci avaient confié l’école chartraine au prêtre Ciiermir ; ailleurs, les évèqucs enseignaient eux-mêmes, ou avec l’aide de prêtres ou diacres que l’on appelaitsoit primiciers soit scolastiques ou écolàtres.

Ces écoles épiscopales sesoutinrentencore pendant le vu’siècle. Les Bénédictins (Hist. litt., III, ! ih) citent celles de Paris, Chartres, Troyes, le Mans, Lisieux, Bcau^ais, en Xeustrie ; de Poitiers, Bourges, Clermont, en Aquitaine ; d’Arles, Gap, Vienne, Chalon-sur-Saône, dans le royaume de Bourgogne ; d’Utrecht, Mæstricht, Yvois, au diocèse de Trêves ; de Cambrai, Metz.Mouson, en Austrasic.

Toutes ces écoles furent d’abord sans doute des catéchismes et des séminaires, où l’on lisait de préférence l’Ecriture et les Pères, mais, dans plusieurs, surtout après la chute des écoles impériales, au milieu du v’siècle, et plus tard, on enseigna, dans une certaine mesure, les arts libéraux, c’est-à-dire le Trivium et le Quadrivium, le Trivium comprenant La grammaire, la rhétorique et la dialectique, le Quadrivium composé de l’arithmétique, de la géométrie, de l’astronomie et de la musique. L’évêque de Vienne, DiniKR (- ; - 608), S. SuLPicE, évêque de Bourges ("T 644)> S. M.VRTiN, abbé de Vertou (-}- 601), comme Gri’ : goire de Tours, et surtout Fortunat les avaient certainement étudiés (Roger, Alcitin, 163).

Comme dans les cloîtres et les évèchés, il y avait des écoles dans les preshytères. Le premier canon du 2" concile de Vaison, tenu en 5-29 sous la présidence de S. Césaire d’Arles, statua que conformément à ce qui se pratiquait avec fruit dans toute l’Italie, tous les prêtres de la campagne recevraient chez eux de jeunes lecteurs qui ne seraient pas mariés, qu’ils les élèveraient comme de bons pères, leur faisant apprendre les Psaumes, lire l’Ecriture, et les instruisant dans la loi de Dieu, afin de se préparer de dignes successeurs ; que cependant, lorsqu’ils seraient venus en âge, si quelqu’un d’eux voulait se marier, on lui en laisserait la liberté » (Maassen, Concilia aevi merovingici, p. 56).

Ces écoles de campagnes sont signalées dans un bon nombre de Vies de saints, par exemple dans celles de S. Laumer et de S. Rigomer : elles furent donc assez répandues. Leur programme était essentiellement religieux, mais comportait nécessairement la lecture, l’écriture, le chant d’église, et l’Ecriture sainte, c’est-à-dire les connaissances indispensables aux prêtres. L’élude qui dominait était celle des Psaumes. Le concile de "Tours de 567 recommandait de les faireapprendre. Cesécolcs semblent avoir été ouvertes, sinon à tous les enfants du peuple, du moins à un grand nombre : elles furent l’origine des écoles paroissiales.

On a pu signaler une véritable école dans le palais même des rois mérovingiens. Elle avait pour élèves les fils de famille qui devaient remplir plus tard les grandes fonctions militaires el civiles, et que, conformément à un usage germain, ces rois réunissaient autour d’eux. Ils groupaient aussi pour la garde de leur chapelle et l’exécution des chants lilur-