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INSPIRATION DE LA BIBLE

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Tautorilé divine de la Bible, les anciens Réfornirs i avaient remplacé le magistère ecclésiastique par les critères internes, notamment le témoignage intérieur de l’Espril-Saint et leflicacilé spirituelle du texte. La plupart des théologiens protestants conviennent aujourd’hui que ces critères ne sont ni scientifiques, ni surtout traditionnels : et, en tout cas, qu’ils sont insulfisants. Ils proposent, en conséquence, de les suppléer, sinon de les remplacer tout à fait, ]iar une démonstration rationnelle de l’autlienticilé et de la crédibilité sid>stantielle du texte biblique. La nouvelle méthode peut bien fournir un point de départ à la théologie fondamentale de la Révélation, mais elle ne saurait suffire pour la justilication intégrale du Canon, tel qu’il a été maintenu jusqu’ici dans les Eglises réformées. Aussi bien, des théologiens anglicans, tels que Gore et Sanday, en appellent volontiers au témoignage dogmatique de la conscience collective de l’Eglise universelle ; mais, ce faisant, ils rompent avec un des premiers principes de la Réforme, savoir l’autonomie de la conscience individuelle.

c) La position des protestants /ifce’raifjr (ce qui veut dire indépendants de tout dogme) est facile à préciser. La Bible est un texte comme les autres, ni inspiré, ni règle de foi. La croyance religieuse est toute subjective. Loin de s’appujcr à l’autorité dogmatique ou simplement liistorique d’un livre, c’est elle qui donne à ce livre sa valeur propre. Quand il s’agit de textes religieux, sans en excepter la Bible, l’histoire, — du moins ce que l’on croit vulgairement être tel — est, pour une bonne part, un i)roduil de la foi, qui a transliguré les faits. On peut bien dire que les auteurs de la Bible étaient inspirés, c’est-à-dire doués d’une perception sui)érieure des choses de la Religion ; mais cet enthousiasme religieux ne dilTère pas essentiellement de celui qui animait Pindare et Platon. C’est la négation de tout surnaturel, au sens reçu du mot aussi bien dans la Bible que dans la religion en général.

Néanmoins les lenantsdecette théorie se défendent d’être incroyants, surtout ils répudient le rationalisme froid du siècle dernier, fait exclusivement de négations. Ils pensent rester suffisamment chrétiens en relevant du n sentiment religietix », auquel leChrist a donné la plus parfaite expression encore connue. A la suite de KanI, de Schleiermacher et de Ritschl, ils professent unereligion alfranchie de tout intellectualisme philosophique et de toute preuve liistorique. Faits et formules du passé n’ont, à leurs yeux, qu’une valeur symbolique et transitoire. Telle est la théologie nouvelle propagée par les professeurs et les écrivains les plus en vue ; surtout en Allemagne, qu’ils soient historiens, exégètes, philologues, ou même pasteiu-s d’àmes. Il suffira de nommer Harnack, H.-J. HoLTzMANN, Fried. Delitzsch, Cheyne, Campbell, A. Sabatier, Albert et Jean Révillb. C’est de ce christianisme transformé que dérive le « modernisme » condamné par l’encyclique Pasceiidi.

Au sein du protestantisme moderne, la Bible est décidément déchue de la primauté que la Réforme lui avait si brujamment conférée ; déchéance fatale, qui devient tous les jours plus profonde ; déchéance irrémédiable, puisqu’elle est la conséquence logique du principe fondamental mis en avant par Luther et Calvin. Le libre examen devait, tôt ou lard, engendrer la libre pensée. Cf. A. Sabatier, les religions d’aulorilé et la religion de l’Esprit, 1904’-, p. 31J9-/403.

BiBLior.RAi’HiK. — Les manuels de Théologie fondamentale, comme aussi les Introductions générales à l’Ecriture sainte, contiennent, en général, un

traité de l’Inspiration biblique. Nous nous bornons ici à citer les monographies consacrées à la question.

I. Chez les catholiques. — i. Traités méthodiques : Fr. Schmid, De inspirationis liibliorum vi et ralione (Brixix, 1885) ; G. J. Crets, De divina liibliorum inspiratione (Lovanii, 1886) ; J. Didiot, Traité de la Sainte Ecriture d’après I.éon.’I/l(Pansi, ^ ! iy, J. Brucker, Questions actuelles d’Ecriture sainte (Paris, 1896) ; A. Vacant, Etudes théologiques sur tes constitutions du concile du Vatican, 1, p. 4^8 (Paris, 1895) ; C. Chauvin, /.’inspiration des divines Ecritures d’après l’enseignement traditionel et l’encyclique Providentissimus Deus (Paris, 1896) ; D. Zanecchia, Diiina inspiratio Sacræ Scripturae ad menlem S. Thomæ (Romae, 1898) ; Scriptor sacer (Romae, 1908) ; Th. Calmes, Qu’est-ce que l’Ecriture sainte.’(Paris, 1899) ; Em. card. L. Billot, De inspiratione Sacræ Scripturæ (Romae, igo3) ; S. Schiinni, Diviiiiias Scripturum adversus hodiernas novitates asserta et vindicata (Taurini, 190.")) ; Chr. Pesch, De inspiratione Sacræ Scriplurae(b’ih. Brisg., 1906) ; J.-V. Bainvel, De Scriptura sacra, (Parisiis, 1910). — 2. Histoire des opinions : P. Dausch, Die Schriftinspiration (Freib. im Br., 1891) ; K- Holzhey, Die Inspiration derheil. Schrift in der Auschauung des Mittelalters (Miinchen, 1895) et plus récemment dans Theologiche Monatschrift, Xlll.p. 476 (Passau, 1908) ; Chr. Pesch, Zur neueslen Ceschichte der Katholischen Inspirationslehre (Freib. im Br., 1902). — 3. Polémique : Mgr d’HuIst, la question biblique (dans Le Correspondant, 25 janv. 1893, Paris) ; S. Brandi, f.a questione biblicae l’encycl. Prov. Deus (Roma, 18q4) ; P. Lagrange, dans la Revue biblique (Paris), 189a, p. 563 ; 1896, p. 199, 496 ; P. Van Kasteren, dans les Studièn hollandaises, 1902, t. LVIII, p. 55 ; D’Clarke et P. Lucas, dans The Tablel, du 6 nov. 1877 au 5 févr. 1898 ; Fr. de Hummelauer, Exegctisches zur Inspirationsfrage (Freib. im Br. 1904) ; L. Fonck, Der Kampf um die If’ahrheit der heil, Schrift seit’J.’} Jahren (Innsbruck, igo.’i) ; L. Mèchineau, S.-J., l’idée du livre inspiré. Histoire et analyse, dans Itevue apologétique (Bruxelles) 1906 et 1907 (tiré à part, 124 p).

II. Chez les protestants. — i. Traités méthodiques : L. Gaussen, Théopneustie (Paris, 1842-), avec trad. angl., Plenary Inspir. of Hoir Scripture ; V. Lee, Inspiration ofllolv.S’cr//)( » re (Dublin, ! 854) ; C. A. Row, l’he Nature and Extant of divine Inspiration (1864) ; W. Rohnert, Die Inspiration der heil. Srhrifl und ihre Hestreiter (Leipzig, 1889) ; W.Sanday, The oracles of Gnd (hondon, 1891) ; W. Lotz, Ceschichte und 0/fenbarung im A. T. (Leipzig, 1893) ; R. L. Ottley, Aspects of the OUI Testament (London, 1895) ; J. Clilïord, The inspiration and autliority of the Bible (London, 1895) ; F. V. Farrar, The llible, its meaning and supremacy, (London, 1897) ; IL Cremer, dans la Heolencyclopddie fur priitest. Theol. und Kirrhe, IX, p. 183, (Leipzig, 1901). — 2. Histoire des opinions ; E. Rabaud. Histoire de la doctrine de l’inspiration dans les pays de langue française depuis la lié forme jusqu’à nos joursiParis, 1883) ;.1. A. Dornier, Ceschichte der protest. Théologie {’Slûnchen, 1867) ; F. W. Farrar, History of intorpretution (London, 1886) ; W.Sanday, Inspiration (liampton Lectures, London, 1898). — 3. Controverses et polémiques : F. W. Farrar, A clérical Symposium on the Inspiration (London, 1884) ; A. Sabatier, Les religions d’autorité et la religion del’Esprit, p. 255-