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INSPIRATION DE LA BIBLE

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(367), 464 (386),

1809(1656).

706 (600), 783 (666), 1787 (1636)

II. Nature de l’inspiration. — i. Méthode à suhre.

a) Pour prociser lu nature de l’inspiration l)ibli<jue, nous avons les données traditionnelles à ce sujet, l’analyse du concept même d’inspiration et la teneur du texte inspiré. Tout le monde convient que dans l’étude du problème on ne saurait néf^liger l’un ou l’autre de ces éléments de solution ; mais reste à savoir dans quel ordre il convient de les envisager, et quelle importance relative leur donner. Les uns (les théologiens en général) partent des formules fournies par la tradition, savoir les Pères et les Conciles ; et ils en concluent, par voiede raisonnement, les conditions psychologiques et l’étendue de l’inspiration. Fra.nzelix, De div. Scripttiris, Thés. 11", 188’2' ; J. Brlcker, Questions actuelles d’Ecriture sainte, iSijb. p. losuiv. ; L’Eglise et la critique biblitjue, 1907, p. 38 ; Chr. I’bsch, De inspir. S. Script., Il, 11, 2. D’autres (surtout critiques et exégètes) jirétendent qu’en matière d’inspiration biblique « on ne peut rien dire a priori ». Il faut étudier à fond le texte de nos livres canoniques pour savoir ce qu’ils sont. Alors seulement… on pourra dire : Voilà comment ils sont inspirés ! » M. Dick, L’inspiration des J, ires saints dans la Re^ue biblique, 18y6, p. 488. Par l’emploi exclusif de l’un ou l’autre des deux procédés (ce que du reste personne ne propose de faire) on n’arrivera qu’à une analyse incomplète, et peut-être erronée, de l’inspiration. La spéculation pure aboutit facilement à une théorie rigide, incapable de se plier à l’état concret des textes. D’autre part, l’analyse littéraire et historique de ces mêmes textes ne révèle pas leur origine divine ; elle peut bien donner à connaître ce que n’est pas l’inspiration, mais, réduite à ses ressources propres, elle ne nous apprend pas en quoi elle consiste. Au reste, il est Taux de prétendre qu’ici on ne peut rien savoir antérieurement à l’étude du texte. Ce n’est ni de la critique ni de l’exégèse que partaient les Pères et les Conciles pour déclarer que Dieu est l’auteui- de l’Ecriture, que l’écrivain inspiré est l’instrument de l’Esprit-Saint. que le texte sacré est la parole de Dieu. Ces formules, qu’ils tenaient de la tradition même qui leur avait transmis la Bil)le, exprimaient déjà, encore qu’imparfaitement, la nature de l’inspiration. Cependant, comme les données traditionnelles primitives ne livraient pas une théorie achevée, l’analyse de l’inspiration est toujours allée en progressant. Elle peut encore gagner en précision et en certitude. A cet elfet, la théologie positive, la spéculation scolastique et la critique doivent se donner la main et travailler de concert. C’est à la théologie positive qu’il appartient de fournir le point de départ. En cours de route, dans les passages encore mal explorés. la scolastique fera de la lumière et du large, mais à la condition de prêter une attention constante aux indications de l’exégèse et de la critique.

b) Le cardinal Franzblis n’a pas peu contribué à accréditer parmi les théologiens catholiques le procédé d’analyse plus communément suivi de nos jours. Il consiste à rechercher ce qui est nécessaire, mais sullisant, pour que Dieu soit dit, en toute vérité, auteur de l’Ecriture ». Cela même, et cela seulement, constitue l’essence de l’inspiration. La raison principale de procéder de la sorte est qvic la formule Deus auctor.’<cripturæ revient habituellement dans les documents ecclésiastiques. Le concile du Vatican déclare que les livres énumérés dans le canon du concile de’Trente ci sont tenus pour sacrés et canonuiues, parce qu’écrits sous l’inspiration de l’Esprit-Saint ils ont Dieu pour auteur ». Denz.’",

Tome II.

1787. Dans l’encyclique Pro^’identissinius Deus, après avoir décrit les divers moments que comporte l’inspiration divine, on ajoute ; « Sans cela. Dieu ne serait pas l’auleurdeloute l’Ecriture ». Denz.’", igS ?.. Il est vrai qu’objectivement Dieu est l’auteur de l’Ecriture parce qu’il l’a inspirée, et donc on explique l’inspiration par l’une de ses conséquences ; mais dans l’ordre logique, celui de nos connaissances, il est permis de remonter de l’effet à la cause. Ce procédé est d’autant plus sûr que nous sommes familiarisés avec la notion d’auteur. — D’autres cependant fout observer que cette notion est équivoque, surtout en latin, puisque le terme d’auctor peut signilicr garant, cause et écrivain. Dans ce dernier sens, Dieu ne saurait être dit l’auteur d’un livre que par ligure. Le divin Inspirateur, agissant en qualité de cause principale, fait « écrire » un texte par un homme, de manière à ce que dans les pensées de celui-ci nous comprenions ses propres pensées, autant que la chose est possible (cf. J.V. Bainvel, De Script, sacra, 1910, p. 120). Au contraire, en lisant Franzclin on est porté à se représenter Dieu déposant un livre tout fait dans l’esprit de l’écrivain inspiré. L’analyse de la notion d’auteur conduit facilement à exagérer le rôle de l’activité divine au détriment de l’activité liuiuaine. Pour ces raisons, des théologiens catholiques (Pègies, Lagbange, Zanecchia, Calmes) trouvent préférable d’envisager directement en elle-même la motion inspiratrice, de l’analyser d’a[)rès la théorie générale de la cause principale et de la cause instrumentale. ot lieue biblique, 1896, p. 199, 485 ; et 1897, p. 75. — D’autres enfin proposent de partir de la formule. Ecriture parole de Dieu ». Elle aurait l’avantage d’être plus couramment employée, sinon plus traditionnelle ; de ramènera une notion commune toute inspiration, soit écrite, soit orale ; d’avoir pour corollaire immédiat la garantie divine et par conséquent la canonicité ; enliii de se passer de figure. F. Prat, dans les Eludes, 20 mai 1903, t. XCV, p. 557.

Conclusion, i* Les trois formules proposées sont pareillement traditionnelles, et donc inattaquables du point de vue dogmatique. 2’^ Aucune ne saurait fonder, à elle seule, une analyse adéquate de l’inspiration biblique. 3° Toutes peuvent donner lieu aux abus signalés, quand on les envisageexcIusivement..S’il j’a auteur et auteur, il y a aussi instrument et instrument ; et Dieu peut parler de bien des manières. Or, il ne s’agit pas de trouver un mode d’inspiration possible, mais de déterminer, au moyen de données positives, le mode qu’il a plu à Dieu d’employer en effet. 4" Inspiration se dit par métaphore. Dieu n’est écrivain que par figure (synecdoque ou métonymie, comme on voudra), et l’Ecriture est sa parole sous les mêmes réserves. Tous ces anthropomorphismes doivent être entendus comme il convient. 5" Les divergences de vue à ce sujet tiennent plus aux controverses d’école sur le concours divin en général et la causalité instrumentale qu’aux exigences de la tradition et du texte biblique. Poussées au delà de certaines limites, elles dégénèrent en logomachie. 6" Le mieux est de tenir compte des trois formules à la fois, chacune révélant un aspect particulier de l’inspiration totale : l’activité souveraine de l’Inspirateur, l’assujettissement de toutes les facultés de l’inspiré, l’autorité divine de l’Ecriture.

r) Le théologien catholique qui veut faire de l’inspiration biblique une analyse correcte aura constamment devant les yeux les documents ecclésiastiques qui suivent. « Ces livres, l’Eglise les tient pour sacrés et canoniques, non pas parce que, composés par le seul travail humain, ils ont été ensuite approuvés par son autorité, ni seulement parce qu’ils contiennent

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