Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/408

Cette page n’a pas encore été corrigée

803

INITIATION CHRETIENNE

804

après avoir fait touclier du doigt la difliculté, combinent dans leurs coninientaires l’un et l’autre sens. Ainsi Okigène, In lo., iii, 3, ex catenis 35, éd. Prcusclien, p. 510, ii-511, lo ; cf. In /o., viii, 1)0, 1. XX, xii, ibid., p. 341, 3-2-342 ; saint Jkan Ghrysostomk, In lo., iii, 3-7, Hom. xxiv (xxiii), P. C, LIX, i^d ; saint Cyrille d’Alexanurik dans un passage déjà cittS In lo., 1. II, P. G., LXXIII, 2^, O : O, ah r>.p Ku^is ; r.fxùv’Iï ; ïoO ; Xctrrc^ Tv, v ôcK IIvîvyKTfl ; &v5<y£wv ; T(v

vp^iiv xKpizoûfxvj^t, xv.’t et’  « ÙTOO xai gv aÛTw tt^o ; tô àpyÎTj’ncv ôyy.iiopvojp-ivoi’/.v-jj^j :., o’jrtti tî et ; xa(vc’T"’/ ; rK iT’jj/ ;  ; àvy.rtxro’v^vsi xat et^ T/-, y ôîtav ii’/ji- ; iy : j à>a7T/KrTû’ ; j£i’^t. Nous serons

sûrement dans le vrai en acceptant la solution compréhcnsive de ces grands exégètes. Xotre-Seigneur pose comme condition de l’entrée au royaume de Dieu, l’obligation d’une seconde naissance, et cette seconde naissance est une naissance selon l’Esprit. On renaît spirituellement au baptême.

Entre toutes les concej)tions du baptême, celle-ci est évidemment la première en dignité, aussi bien qu’en profondeur et en simplicité. Où trouver en effet parole plus autorisée que celle du Fils de Dieu, proposant la condition de cette libation surnaturelle dont lui-même est le type idéal et le principe universel ? Elle s’encadre d’ailleurs admirablement dans l’évangile joannique, dans l’évangile de l’Esprit. On a souvent et très justement comparé la première page de cet évangile à la première page de la Genèse. Là nous lisons qu’  « au commencement Dieu créa le ciel et la terre » ; ici nous lisons qu’  « au commencement étailleVerbe », et nous sommes initiésau mjstère de cette genèse spirituelle qui s’accomplit par l’opération du Verbe. lo., i, 4, 5. i i-13 : « En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas reçue… II est venu dans son héritage, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, qui ne sont pas nés du sang ni de la volonté de la chair ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. » Comparez le langage de Jésus à Nicodème, /o., III, 16-18 : « Dieu a aimé le monde jusqu’à tlonner son Fils unique, alin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie (-ternelle. Dieu n’a pas envoyé son Fils pour juger le monde, mais [lour le sauver. Celui qui croit en lui n’est pas jugé ; celui qui ne croit pas en lui est déjà jugé, pour n’avoir pas cru au nom du Fils unique de Dieu. » Et voici la cause de cette condamnation : « La lumière est venue en ce inonde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs <i’uvres étaient mauvaises… » Tout à l’heure Notre-Seigneur op])osait l’Esprit à la chair, pour préciser la loi de celle seconde naissance en soulignant l’antinomie de la nature ruinée par le péché et de la grâce destinée à restaurer ces ruines. li revendiquait la gratuité absolue et l’indépendance souveraine du don divin, en invoquant l’analogie de l’esprit matériel, du vent, qui souille où il veut et dont nous constatons les elTets, mais dont l’être est enveloppé de mystère. Plus loin il alfirme le discernement divin, œuvre de lumière. Ceux qui agissent mal préfèrent les ténèbres ; ceux qui agissent bien vont à cette lumière qu’est le Fils de Dieu.

Aux œuvres de lumière on reconnaît les enfants de Dieu, chez qui l’adoption surnaturelle (ji’-/Jiii’/^ a porté ses fruits. L’idée de l’adoption surnaturelle, issue immédiatement de l’enseignement du Seigneur sur la seconde naissance, se rencontre souvent dans les écrits du Nouveau Testament en connexion avec l’idée du baptême :

Rom., VIII, 15-16 : i> Vous n’avez pas reçu un esprit de servitude, pour vivre encore dans la crainte, mais vous avez reçu l’Esprit d’adoption, en qui nous crions : Abba ! Père. Cet Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » — Gal., iii, 26-27 " Tous vous êtes Ois de Dieu par la foi en Jésus-Christ : car vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, avez revêtu le Christ. » — Tit., iii, b-"j : « Il nous a sauvés par le bain de la régénération et de la rénovation de l’Esprit-Saint, qu’il a répandu sur nous en abondance par Jésus-Christ notre Sauveur, alin que, justiliés par sa grâce, nous devenions héritiers selon l’espérance de la vie éternelle. » — I Petr.. i, !  : 1 Béni soit Dieu le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui selon sa grande miséricorde nous a régénérés pour une vivante espérance, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, immaculé, immarcescible, qui nous est réservé dans les cieux. » — 1 lo., iii, i : a Voyez quelle charité nous a témoignée le Père, en nous donnant d’être appelés et d’être en elfet enfants de Dieu. » V, 18 : Cl Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas : mais le Fils de Dieu le conserve, et le méchant ne le touche pas. »

Ailleurs l’expression est atténuée : au lieu de régénération, il est question de renouvellement, de grâce, de don de l’Esprit (àvyjcaivwji ; , ^Koiiua, S- : ijpn, ôupi-U T’yCi’Ayi’ji, IlvîùuîtTî ;). C’est ce qu’indiquaient déjà les évangélisles synoptiques, en parlant de baptême dans l’Esprit-Saint (.1/c., i, 8) ; dans l’Esprit-Saint et le feu {.y t., III, 1 1 et Lc, iii, iG). La pensée n’est pas autre que chez saint Jean, qui lui aussi parle au commencement de son évangile (lo., 1, 33) de baptême dans l’Esprit-Saint. La très ancienne épître de saint Jacques dit en termes généraux (lac, i, 17) :

« Tout don excellent, toute grâce parfaite, descend

d’en haut, du Père des lumières. » Si ce n’est pas là une allusion explicite au don baptismal, c’est du moins une sentence pleinement conforme à l’esprit de l’entretien avec Nicodème : on s’en souvient, cette régénération spirituelle du baptême, nécessaire pour entrer au royaume de Dieu, y était décrite par le Seigneur lui-même comme un don d’en haut, comme un don du Père. Le premier elfet de la grâce est de puriUer l’àine : elle réalise dans l’homme intérieur ce que le bain rituel figure dans rhomine extérieur. /i’/)/i., V, 26 : « (Le Christ) a sanctilié l’Eglise et l’a puriliée par le bain dans l’eau en vertu de sa i>arole. » I Cor., VI, Il : « Vous avez été criminels ; mais vous êtes lavés, vous êtes sanctiliés, vous êtes justiliés au nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu. » Ileb., x, 22 : « Approchons avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, le cœur purillé (lies souillures) d’une conscience mauvaise, le corps lavé d’une eau pure. »

Ailleurs encore, l’elfet immédiat du baptême est relégué dans l’ombre, et les perspectives du salut viennent au premier plan : la rédemption consommée, le salut, la vie éternelle, le royaume des cieux (à7r5/’JT0Wït ; , n<*nY, piv., ^cr/ ; atetixî ; , ! « Tt/î(’ « t^v cùpvy^-j tvj Bîiû]) : voilà sous quels aspects se présente l’œuvre totale dubaptème. Rom..m, il) : (Les hommes) sont justiliés gratuitement par sa grâce, en vertu de la rédemption qui est en Jésus-Christ. » (^f. l’ph.. 1, 7 ; IV, 30 : a Ne contristez pas l’Esprit-Saint de Dieu, par qui vous avez été marqués pour le jour de la rédemption linale. » 1 Petr.. iii, 21, après avoir rajipelé le souvenir du déluge : « Celte eau iigurait le baptême i|ui aujourd’hui nous sauve — non pas le bain qui ell’ace les souillures corporelles, mais l’elfort pour obtenir de Dieu une bonne conscience. »