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LNDULGENCES

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ydoneum, religiosum vel secularem, qui, audita dili-GENTER Kjus coNFESsiONR, absolvere eiim possil aiiclorilale predicta[pape]ABOiiyiBif. peccatis… ac semel in vita et in mortis articulo plknariam omnium pec CATORUSt SUORUM INDILGENTIAM ET REMISSIONEM IM-PENDERB. B

Après cela, que des confusions se soient produites dans l’esprit des fidèles ignorants ; que plusieurs aient vu dans l’indulgence « a culpa et a poena p un moyen commode et matériellement sûr de se décharger de toutes leurs dettes envers Dieu ; que certains prédicateurs d’indulgences aient trop négligé de prévenir cette illusion déplorable et que leur préoccupation de faire rechercher et accepter l’indulgence ait même contribué à la répandre, c’est possible, personne ne songe à le contester, encore qu’on n’en ait aucune preuve (cf. Pai’lus, Johann Tetzel, p. 98-100 et Zeitschr. f. kalh. Theol., XXXVI (1912), p. 268 et 277-279). C’est là une conséquence inévitable de la manière dont, pendant plusieurs siècles, les indulgences ont été présentées au peuple, et nous arrivons ainsi à la pratique dont nous avons dit que les apparences au moins justifiaient l’expression odieuse de K vente des indulgences ». Mais ce qu’on ne saurait admettre, c’est le principe posé par Lra (p. 65) que les formules, Ihe tangiiage, suffisent à renseigner sur la foi du peuple. En matière d’histoire, d’histoire des institutions en particulier, il n’en est pas de plus faux et de plus dangereux. C’est oublier que les formules, les formules populaires surtout, ont d’abord une signification historique ; le sens logique n’en est presque jamais adéquat au sens réel, et ci l’indulgence de la peine et de la coulpe > en est une preuve de plus ajoutée à beaucoup d’autres.

2° La VENTE DBS INDILGE.NXES.

A) /.es faits. — Les faits qui semblent justifier le mot de « vente des indulgences », résultent de l’extension démesurée prise par ce cpie nous avons appelé les indulgences-aumônes. Le principe, avons-nous dit, n’a rien que de très spécifiquement chrétien : l’aumône, qu’elle soit en faveur d’une indigence ou d’une bonne œuvre quelconque, a une valeur morale très réelle, et l’Eglise, en y attachant des indulgences, se borne à la reconnaître ; la concession de cette faveur n’a rien d’un trafic.

Cependant, même contenue dans de justes limites, l’application du principe revêt aisément les apparences de la spéculation. L’indulgence semble avoir pour but de solliciter la générosité. Voilà pourquoi le concile de Latran en ia15 (canon 62) restreignit à un an l’indulgence qu’il est permis aux évcques d’accorder au jour de la dédicace ou de la consécration d’une église. Les papes eux-mêmes évitèrent longtemps d’accorder aux bienfaiteurs des églises ou des œuvres pies autre chose que des indulgences partielles (cf. Paulus, Die àltesten AbUisse fur Almoten und Kirchenhesuch, dans /Ceitschr. f, hath. Theol., XXXIII (1909), p. 25-20).

a) Point de départ : les jubilés. — Mais la faveur dont jouit parmi les fidèles l’indulgence plénière du jubilé les Ut ensuite se relâcher de cette réserve. Le premier jubilé, accordé par Bonifacb VIII en 1300, ne comportait aucun versement d aumône : la visite pendant 15 ou 30 jours consécutifs des églises de saint Pierre et de saint Paul à Rome sullisait à mériter, après confession, la remise totale des peines dues à ses péchés. Mais les dépenses mêmes et les offrandes spontanées que tirent à Rome les multitudes de pèlerins accourus à cette occasion en firent désirer le retour. -Sur les instances des Romains (cf. v. gr. la bulle l’nigenilus du pape Cléme ; VT VI en 1349 : Exlray. comm., V, 9, 2), les papes fixèrent le renou vellement du jubilé d’abord à tous les 100 ans, puis à tous les 50, à tous les 33, finalement à tous les 26. A ces jubilés ordinaires ou périodiques s’en ajoutèrent d’ailleurs d’autres encore : l’usage s’introduisit d’en accorder d’extraordinaires, non seulement à l’avènement des Souverains Pontifes, mais aussi à l’occasion des besoins, des dangers, des situations particulièrement graves où se trouvaient la chrétienté ou certaines parties delà chrétienté. En même temps, la multiplication de ces faveurs faisait ajouter aux conditions requises pour y avoir part : les aumônes, qui y étaient offertes, furent sollicitées en faveur des intérêts qui motivaient l’indiction du jubilé, et l’indulgence devint ainsi un moyen de se procurer, en cas de besoins exceptionnels, des ressources exceptionnelles.

Aussi la faveur accordée aux basiliques romaines excita-t-elle d’autres convoitises. A l’occasion du grand schisme d’Occident, les papes en consentirent l’extension, n Pour pouvoir se soutenir en face de la Papauté française, Bonifack IX, qui ne fut pas toiijours très délicat sur les moyens de remplir la caisse de la Chambre apostolique, étendit, le premier, aux villes italiennes et particulièrement aux villes allemandes le jubilé de 1390, réservé à Rome » (cf. Pastor. Histoire des papex (tr. fr.), t. VII, p. 266). Ses successeurs allèrent encore plus loin (cf. Bhringkr-Mazoyeb, /.es indulgences, p. 6^3). Le concile de Bàle lit de même : en 1^36, à l’occasion des négociations avec les Grecs, il accorda à tous les fidèles de l’univers l’indulgence plénière du jubilé à la seule condition de contribuer par des prières, des jeûnes et une aumône à l’œuvre du rapprochement des Eglises (Mansi, XXIX, 131). Successivement, au cours du xv siècle, en vue d’entreprises ou d’intérêts d’ordre plus ou moins religieux et ecclésiastique, tels que la croisade contre les Turcs, le refoulement des Moscovites, etc., les concessions semblables furent multipliées (cf. Pastor, Hist. des papes, lac. cit.. p. 267 sqq.). En 1500 par exemple, Alexandre VI étendit le jubilé ordinaire à tous les chrétiens éloignés de Rome, qui, en plus des bonnes œuvres ordinaires, contribueraient pour une somme déterminée aux frais de la guerre contre les Turcs. Même faveur du pape Jules II, en 1506, àceux qui contribueraient à la construction de la basilique de Saint-Pierre.

b) La publication des indulgences. — Cependant les aumônes ainsi sollicitées et obtenues, lesévêques, les princes, les villes calculent les revenus qu’elles représentent. A leurs yeux, les indulgences accordées par Rome ressemblent surtout à une taxe de plus prélevée sur leurs sujets,.ussi toutes ces autorités prétendent-elles mettre des conditions à la promulgation, dans leurs Eglises ou sur leurs territoires, des bulles de concession. Leur concours y est nécessaire ; elles entendent se le faire payer. Il n’est pas juste d’ailleurs que toutes les aumônes de la chrétienté allluent à Rome : une part au moins de leur produit doit être affecté aux besoins et aux intérêts des populations qui les fournissent. De là, au sujet de la concession et de la promulgation des indulgences ou jubilés, des négociations et des marchandages odieux. Exemple : Alliert de Brandebourg, archev. de Magdebourg, aduiinistrateur d’IIalberstadt, archev. élu de Mayence, veut obtenir le cumul de ces trois sièges. Les taxes de chancellerie ordinaire sont déjà versées. La curie lui demande en outre 10.000 ducats à valoir sur les produits de l’indulgence pour la construction de Saint-Pierre, dont la publication se fera sur ses terres et celles de son Irère l’électeur, la moitié des aumônes devant d’ailleurs revenir au pape, la moitié à l’archevêque. Engagement à cet effet est pris par Léon X pour