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INDE (RELIGIONS DE L’)

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M. Edmunds soient ou purement artificielles ou inopérantes. Qu’un péché ineffaçable soit nommé en pâli « péché qui dure toute la période cosmique ». et en s^rec r/i-Ji-nn àuy-orryci^, la quasi-équivalence des mots n’ajoute rien à l’équivalence des idées, et celle-ci ne démontre rien. C’est vainement que M. Edmunds détache en encre rouge les mots témoins’.

2. Parmi les nombreux parallèles. — la liste, déjà longue, n’en est pas close-, — bien peu, s’il en est, rentrent dans la catégorie des coïncidences qui s’expliquent au mieux par emprunt ou communauté d’origine. Plusieurs, et de ceux mêmes qu’il serait vraiment trop arbitraire de supposer apparentés, frappent par leur grande précision 3.

Que le Christ ait dit : if.x1761, ô=.^-i i-itru, u5û (Jean, i, Sg ; Math., iv, i g) et que le Bouddha ordonne les premiers disciples par ces mots : « Viens, moine ! » ; qu’André dise à Siméon : n Nous avons trouvé le Messie », et Çàriputra à Maudgalyàyana : n Ami. j’ai trouvé l’Immortalité » ; que le bon disciple soit comparé dans Mahàvagga à un rocher inébranlable et. dans Matthieu (vu, 2^), à une maison bâtie sur le roc ; que les Brahmanes soient, aux yeux des bouddhistes, une bande d’aveugles, et les Pharisiens, pour Matthieu et Luc. des aveugles guides d’aveugles ; que les bonnes œuvres soient un trésor à l’abri des voleurs…, cela ne démontre pas la dépendance littéraire de l’Evangile ; et je ne pense pas que ces parallèles, fovn-nis par E. Hardy, soient utilisés par les partisans de l’intluence ou de l’emprunt.

Est-il pkis significatif qu’un enfant divin soit conçu et naisse d’une manière extraordinaire ; que des anges ou des demi-dieux célèbrent sa naissance ; que sa destinée soit aussitôt prédite ; qu’il sache toutes ses lettres lorsqu’on le conduit à l’école et qu’il mette dans l’alpliabet la science de l’époque ; que les idoles tombent devant lui, — ici prosternées, là, brisées ; qu’il soit tenté au moment de commencer sa mission ; qu’il ait des disciples et les envoie deux à deux ; qu’une femme déclare bénis son père et sa mère : « Peut-on oublier que la bénédiction des

1. Les « Buddhist Texts in John » seraient vii, 38 : Qui crédit in me, sicitt dicii Scriptura, ûumina de ventre ejus fluent aquQC vivoe (voir col. 098, n. 3) ; xii, 37 :.Vos audivimus ex lege quia Christus muiiot in aeternum (et^ T-cv oiiCivv.) — or, le Doiiddlut et toute personne possédant certains pouvoirs magiques peuvent « demeurer une période cosmique ou jusqu’à la fin fie la période cosmique ».

— « Il est remarquable, dit.M. Edmunds, que les ileu.v disciples bien-aimés ont été assurés d’atteindre ici-bas le ciel ; Jean, xxi, 2*2 : Si eum volo manere donec veniam, quid ad te ; et Samyutta : Ananda obtiendra dès cette vie le nirvana. >> — C’est bien de la parallétomanle, comme dit, je crois. NL E. Lehniiinn.

2. Voir col. 689. Les plus inlëi essants, peut-être, sont étudiés par M. Van den Berg van Eysinga : îndische ûwîneden on onde christcUJhe rerhalen (thèse de théologie de Leyde, janvier 1901), traduction revue, Indische Einfliisse. .., Gocltingue, 1909. — Max Muller, Coïncidences, dans Tiuns. of Ihe R. ACr. of Lit., 1897 (XVllI), réimprimé dans Last Kssays. — Parmi les travaux d’ensemble, longs ou brefs, où sont énumérés et appréciés les « parallèles », IIabdy, tludd/iismus, 1890 ; WiNDIsc.ii, 1895 el 1907 (voir ci-dessous) ; R. O. Fraxkf, Deutsche Lit. Zeit., 1901, p. 27f>0 ; lloPKiNS, C/irist in India (voir col. f1761, 1902 : La Vallke l’ovssi.N, Revue biblique, juillet 1906 ; Cari Cle.men, Retigionsgescliichtliche Erkldrum^ des N. T., Giessen, 1909 ; GAi<BE, fl<-Kisc//< ? « an</je/i « H, 1910, 73-86 îl9ll, 122-140.

3. Uopkins énumère des parallèles très topiques entre l’Ancien Testament et le Bouddhisme. Lorinzer a relevé tant de co’i’iicidences entre la Bhagavadgîtâ et le cliristianismc, qu’il a supposé que l’auteur de la BhagavadgitA connaissait là Pntrologie.

parents est en Orient, comme dans l’antiquité, une marque coutumière d’admiration ? Pourquoi ne pas indiquer comme source de l’Evangile la rencontre d’Ulysse et de Xausicaa : Trois fois bénis ton père et la noble mère, trois fois bénis tes frères el tes sœurs ! » (Ed. LKHM.4.NN, Der fiuddliismus als indisclie.N’eife, ah If’ettreligion, igii, p. 85.) Il est très naturel que le Bouddha recommande à ses disciples de se soigner les uns les autres quand ils sont malades, <i car, ô moines, vous n’avez ni père ni mère pour vous soigner. Que celui qui voudrait me soigner soigne son confrère malade u. De même. Bouddha louera l’oflfrande du pauvre, déclarera certains péchés impardonnables, dira : « Que vous fait qu’un autre soit coupable ou innocent ? » ; et le reste.

Pour que ces parallèles fussent significatifs d’emprunt ou de commune origine, il faudrait, outre la similitude des thèmes, la coïncidence de traits accessoires. Si la Vierge concevait d’un rayon de soleil, nous reconnaîtrions xme donnée de folk-lore embellie dans le Maliàbhàrata et qui traîne un peu partout ; si Siméon admirait sur les pieds de l’enfant des roues merveilleuses, il serait probablement un double d’Asita ; si, après la tentation, un serpent venait abriter la tête du Christ, nous ne pourrions pas ne pas penser au Lalita. Mais semblables détails manquent dans le traitement des thèmes parallèles, et lorsqu’il y a coïncidence dans le détail (péché inell’açalile, etc.), c’est que la similitude du thème emporte la similitude de l’expression ou de la mise en scène.

Il n’est pas diflicile, mais il serait long, très long de le montrer.

3. C’est une satisfaction de constater que, parmi les orientalistes, seuls oji presque seuls, Pisciiel’et MM. R.O. Frankk et Kuiix’- se soient formellement déclarés en faveur de l’emprunt. Des savants libres de tout préjugé ont exprimé un scepticisme plus ou moins radical.

M. Wi.VDiscH a étudié longuement les légendes relatives à la naissance et à la o tentation » du Bouddha. Ce sont les deux points les plus importants. Sa conclusion est formelle contre la dépendance des récitsévangéliques [.Màra und liiiddha, Leipzig, iSgû, p. 214-220 (Die cliristliclie l’ersuchtingsge.’schichte) ; Buddha’s Gehurt, ibid., igo8, p. 195-228 (Die i-ergleichende M issenschafi)].

M. HoPKiNs (op. laudato) ne pense pas qu’il faille charger les ailes de la foi de fardeaux inutiles. C’est donc en toute liberté d’esprit qu’il examine les cinq

« coïncidences décisives » de Seydcl. Il pense que

l’influence bouddhique n’est pas « impossible ; mais K, elle n’est pas prouvée u. Aucun de ses lecteurs ne doutera qu’il n’y croie pas.

MM. Oi.Tiis.’SBE.nc. (Deutsche Itundschaii, igoi, p. 254 ; Theol. I.iteraturzeitiing, igoô, p. 66 ; 1909, p. 625 ; Z D M C, igo5, p. 025 ; Indien und die Ketigionsifissen- ^chaft, 1 go6) et Garbe (voir ci-dessous, col. 699,

1. Piscbel a dit des choses bien étranges au sujet de l’épisode.sita-Siméon (quoi que signifie iv tw Tr.r./yaTt, ce n’est l’.as une traduction du sanscrit ; Asita se rend^rtr te cch/ [par voie aérienne] à Kapilavastu. — Ce qu’il pense du symbole du poisson est aussi fort sujet à caution [Deutsche lit. y.eil., 1904, p. 2938 ; Siizungsber. de Berlin, 190.5, p. 506 ; Leben und Lehre des Iluddha, 1906) ; voir OldesiiERG, Z D M G. LIX, p, 625, cl Civrbe, qui se rallie ii Piscbel, .Monisl, 1911, 525.

2. M, Kubn est l’auteur du beau mémoire Barlaani und Joasaph, 1893 ; Franke, Deutsche Lit. Zeit., 1901, p. 2760. formule d’ailleurs des réserves. — On peut croire que MM, Leumann et Caland ne sont pas hostiles îi la thèse Seydel-^’^nde^bel’g.