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1880, I, p. 779)- Les calculs de Petteskofeb, qui fait autorité en matière d’hygiène urbaine, ont établi que les inlillrations susceptibles d’atteindre la nappe souterraine sont insigniliantes par rapport à celles qu’y déversent les habitations et la voie publique : à Munich, ville de 200.000 âmes, pour égaler la quantité d’éléments putrescibles provenant de ces deux sources et pénétrant le sol, il faudrait en un an inhumer 50.ooo personnes (RocHARD, Replie des Deux Mondes, XCVIII, p. 92 ;). De son côté, le D’Le Maout écrit dans son Essai sur l’hygiène des cimetières, p. 95 : Cl Les eaux provenant des terrains d’inhumation ne peuvent, grâce au pouvoir naturel d’épuration du sol, qui s’exerce durant la durée de leur liltration à travers les couches géologiques.être contaminées par les produits chimiques delà décomposition des cadavres ou par la présence d’êtres organisés inférieurs. » Et, le 7 mars 1881, dans un mémoire au Préfet de la Seine, le rapporteur de la Commission médicale chargée d’étudier la question de la nocuité des cimetières (cette Commission était composée de MM. de Hcredia, G. Martin, Bouchardat, Bourgoin, A. Carnot, Feydeau, Huet. Le Roux, O. du Mesnil, Pasquier, Schutzenberger et Catïort), concluait ainsi : >' Dans l’état présent de nos cimetières, il n’y a pas lieu de craindre l’infection des puits du voisinage, alors que ces lieux d’inhumation sont à la distance réglementaire des habitations. » Bouchardat, tout en préconisant les mesures de prudence, déclarait en 1874 que « les exemples d’infection des nappes souterraines par cette cause manquent encore » (Re^ne scienli/iijtie, 188^, II, p. I23). Même pour le cas spécial des épidémies, le D’Broh-vrhel n’hésitait pas à écrire : « Il n’est » pas démontré qu’une fois inhumés, les cadavres des cliolcriques puissent être un agent de propagation de la maladie ; nous n’en « iohs pas jusqu’ici rencontré une seule observation probante. »

b) L’nir, ajoute-t-on, est vicié par les exhalaisons des tombes. — « Les faits recueillis, répondent les D"’* Lacassagne et Dubuisson, 1. c, loin dedémontrer la libre expansion au dehors des produits gazeux, semblent prouver, au contraire, que la plupart ne parviennent pas à la surface, soit par suite de combinaisons avec les matériaux du sol, soit en vertu de la compression qu’ils subissent. La faible quantité de gaz délétères qui se répand dans l’air… semble impuissante à provoquer chez les individus les plus exposés à son atteinte aucune maladie caractérisée, non plus qu’aucune susceptiliililé spéciale. A plus forte raison ne saurait-elle être la source de toutes sortes de maladies endémiques etépidémiques. » Ici encore, la Commission médicale que nous citions tout à l’Iieure, dans son rapport au Préfet de la Seine, confirme le sentiment desD’^" Lacassagne et Dubuisson ; voici sa deuxième conclusion : « Les gaz délétères ou gênants, produits par la décomposition des cadavres inhumés à 1 m. 50, n’arrivent pas à la surface du sol. >i Le danger, du reste, tiendrait en grande partie à la saturation du sol par les éléments délétères ; or la Commission ajoute cette troisième conclusion :

« Dans l’espace de cinq ans. la presque totalité

des matières organiques a disparu ou a été brûlée ; par conséquent dans les conditions actuelles des inhumations parisiennes, la terre ne se sature pas. pourvu que le sol soit sufBsamment perméable. »

En 1881, M. Robinet faisait remarquer que, si tout I le carbone des cimetières parisiens était dégagé à Xl’état d’acide carbonique (ce qui n’est pas), ce dernier gaz n’atteindrait pas en cinq ans i.300.ooo kilogrammes, alors que la quantité produite en un jour par la respiration animale et les diverses combustions atteint 18 millions. La seule comljustion du gaz d’éclairage donnait alors en un an une quantité

3.500 fois plus considérable que celui qu’aurait pu fournir les cimetières en cinq ans ; et le seul Opéra dégage)3 fois plus d’acide carbonique que tous les cimetières’réunis (flei »e scientifique, 1881, p. 780).’A. Bouchardat, le chimiste bien connu, qui occupa la chaire d’hygiène à la Faculté de Paris et qui, en qualité de délégué du Conseil d’hygiène, eut souvent à diriger des enquêtes, fait observer qu’il ne faut pas confondre le danger des gaz confinés avec les dégagements à air libre. Quant à ceux-ci, après avoir discuté les faits et constaté notamment durant la guerre de 1870 la complète innocuité des cimetières de Paris 1 et de la banlieue, encombrés alors par suite des com-’bats du siège, de la tjplioïde et de la variole, conclut : Ce que l’observation attentive des faits démontre c’est l’exagération de l’opinion commune qui attribue une nocuité certaine aux émanations des cimetières. t> (Revue scientifique, 1874, 11, p. 121.) Le D’Le Maout dit aussi : 1. La composition de l’atmosphère des nécropoles est identique à celle des villes dont elles dépendent, et aucun méphitisme ne peut exister dans celle des cimetières exploités suivant les principes de l’hygiène, pas plus que la couche aérienne qui les enveloppe n’est le réceptacle de germes pathogènes, plus’nombreux et plus virulents qu’ailleurs. »

a Qu’on cesse d’avancer, écrit le D’Martin, après M. Robinet, que les cimetières sont de véritables foyers d’infection, qu’ils sont susceptibles de développer le germe des maladies les plus graves ; qu’on cesse d’effrayer le public ignorant par des phrases et des mots sonores… L’enceinte des vivants, avec ses 1 hôpitaux intérieurs et ses cloaques, avec ses entas-’serænts, ses lèpres, ses misères, ses excès et ses vices, est, sans contredit incomparablement plus repoussante, plus pernicieuse et plus meurtrière que la cité des morts. » (Les cimetières et ta crémation.) « On peut aflirmer que, jusqu’à ce jour, pas un seul fait positif de nocuité n’a été mis à la charge des cimetières de Paris, n (Robinet, 1. c., 782.)

B) On objecteencore l’encombrement progressif des cimetières, les morts finiront par disputer la place aux A’ivants ! — <i Un champ d’un hectare qui ne produit pas assez de blé pour nourrir cinq personnes, répond M. Rochard, sullit à la sépulture dune ville de 10.000 habitants. Quand il faut à l’homme tant de terre pour vivre, on peut bien lui en accorder un peu pour reposer en paix après sa mort. » (Revue des D. M., 1. c, p. 928.) L’objection ne porte pas, du reste, pour les campagnes et les villes de moyenne grandeur ; tout au plus elle ferait impression en ce qui concerne les cités populeuses et surtout ces immenses agglomérations des grandes capitales, comme Paris et Londres. Mais, même là, la ditlicullé n’est pas insoluble, puisque, en fait, elle est résolue chaque jour. Du reste, serait-il démontré que l’inhumation exige plus de place et de dépenses que l’incinération et que, de ce chef, elle est particulièrement onéreuse aux grands centres urbains, ce ne serait pas une raison pour la sacrifier. Quand une population crée ces vastes métropoles, il est de son devoir d’accepter toutes les charges et les responsabilités de pareilles créations. Elle ne marchande pas l’espace et l’argent aux larges artères, aux squares, aux services de tous genres nécessités par les proportions et la complexité de son organisme, voire aux lieux de divertissements ; elle n’est pas en droit de se soustraire davantage aux obligations que lui imposent ses besoins moraux. Ceci vaut bien cela. « Le cimetière doit être, dans clwKiue cité, conservé et perfectionné, comme étant indispensable à l’amélioration intellectuelle et morale des membres de la cité. C’est là un intérêt de premier ordre, qui prime tous les autres, et ce sont