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IMMUNITÉS ECCLÉSIASTIQUES

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Irait bientôt, cependant, qu’il ne peut par celle voie rendre pleinement compte du passé chrétien, et il ouvrirait les évangiles. En les étudiant selon la méthode historique, puis en suivant à travers les textes les vestiges de la première pensée de l’Eglise, il conlirmerait la transcendance du christianisme et établirait son titre catholique. La force de celle dénionslralion est aux sources. Mais son efficacité pratique, son aptitude à avoir prise sur les hommes n’apparaîtrait point indépendante des conditions réelles de la recherche. Le fait intérieur ne se dissocierait donc point du fait extérieur. Et l’apologiste aurait à montrer comment la parole lointaine de Jésus-Clirisl et celle de l’Eglise contemporaine exigent, pour cire comprises comme il convient, que du dedans procède le désir qui appelle, la lumière qui discerne, l’amour qui embrasse. Il susciterait dans l’homme qui cherche la vérité religieuse, une conscience plus nette de sa subordination totale vis-à-vis de Dieu, un sentiment plus vif du besoin de Dieu. Il essayerait de lui donner une intuition plus profonde des garanties delà révélation qui vient de Dieu.

Les différents itinéraires de sa démonstration constilueraienl ainsi aux yeux de rai)ologisle, non des voies théoriquement équivalentes et isolément capables d’aboulir à des conclusions décisives, mais des preuves solidaires et intégrantes, toutes diversement indispensables à la démonstration chrétienne. El leur synthèse se ferait dans l’homme vivant. Car l’acte par lequel celui-ci adlière à la foi n’est pas la simple résultante d’une enquête historique, menée uniquement d’après les méthodes positives. Il est prévenu par le don de Dieu. Orientation de l’àme vers sa lin béatiliante, il est, d’abord et avant tout, une démarche intérieure.

L’apologétique intégrale, devant donc comme toute discipline intellectuelle être spéciliée par son objet formel, le serait par la rencontre du fait intérieur et du fait extérieur. Et l’on ne dirait point d’elle qu’elle unit l’apologétique interne à l’apologétique externe, mais bien qu’elle est tout entière l’une et l’autre, l’élément interne et l’élément externe constituant, pour ainsi dire, les deux faces d’une réalité sans épaisseur.

Or, la mise en œuvre de ce programme dépend de la question de savoir, d’une part, si vraiment un vide est creusé dans l’àine de l’homme historique par le Dieu même qui lui présente la révélation de son amour prévenant cl im])érieux, et, d’autre part, s’il y a un moyen d’étudier non seulement le champ restreint de la réllexion et de l’elVorl dialectique, mais encore celui, bien autrement étendu, de toutes les causes réelles de notre accès à la foi. Elle suppose donc la théorie et l’application de la méthode d’immanence. En ce sens, au moins, il est par conséquent exact de dire que, du point de vue où nous place cette méthode, on pourra constituer l’apologétique intégrale.

BiBLioGRAi’uiH. — i"SouRCBS : Oulrc L’Action, Paris, Alcan, 18(j3, et la lettre. Annules de Phitt>si)j)hie chrétienne, 181j6, qui ont déjà été signalées, on peut utilement consulter pour saisir le sens de la méthode d’immanence d’après M. Maurice Hlondel, les écrits suivants : Blondel, Principe élémentaire d’une loi^ique de la vie murale, i""’Congrès international de phiIosoi)hie, ii)o6 ; — F. Mallet, Un entretien avec M. Hlondel, llevue du Clergé français, i.’J aofil igoi ; — Blondel, A propos de certitude religieuse, ibid., 15 février igoa ; — Mallet, D’où naissent quelques malentendus persistants en apologétique ? ibid., i"’septembre lyoa ; — du même. Un dernier mot sur la paix de l’apologéti que, ibid., 15décerabre 1902 ; — Blondel, Histoire et Dogme, La Quinzaine, ibtévTier 1904 ; — Un nouvel entretien avec M. Jilondel, ibid., 1 5 avril igo/i ; — Une simple explication, ibid., 1 5 juin 1904 ; — La philosophie de l’Action, Itevue de Philosophie, i" septembre 1906 ; — Blondel, Le Point de départ delà recherche philosophique, Annales de IViilosophie chrétienne, janvier et juin 1906 ; — Wehrié, Une soutenance de thèse, Annales, mai 1907 ; — Blondel, L’Apologétique et la Philosophie, lievue du Clergé français, 15 mai 1907 ; — extraits de lettres adressées par M. Blondel à M. Thaniiry et publiées par ce dernier dans son ouvrage. Les Deux Aspects de l’Immanence, Bloud, 1908 (voir par exemple, p. 286, 2y3).

2° Etudes d’intehprktation. — Nous signalons sous cette rubrique quelques travaux qui, à des degrés divers, peuvent servir à éclaircir soit la nature de la méthode d’immanence, soit l’attitude de pensée qu’elle suppose. Le Bachelet, S. J., De l’apologétique traditionnelle et de l’apologétique moderne, Paris, Lethielleui, 1897, in-16, 154 p. ; — B. de Saill}’, Les ingrédients de la philosophie de l’Action, Annales, novembre igoS ; — E. Thamiry, /.es Deu.r Aspects de l’Immanence et le Problème religieux, Paris, Bloud, 1908, in-16, xx-303 p. ; — IL Ligeard, La théologie scolastique et la transcendance du surnaturel, Paris, Bcauchesne, igo8, in-16, viii 138p. ; — Boutroux, Science et religion, Paris, Flammarion, 1908, in-16 ; — Michelet, Dieu et l’Agnosticisme contemporain, Gabalda, 1909 ; — Wehrié, La Méthode d’immanence, Paris, Bloud, igii, in-16, 61 p. ; — Cremer, Le Problème religieux dans la philosophie de l’Action, préface de Victor Delbos, Paris, Alcan, 1912, in-8, xiii-102. Sur l’apport original du P. Laberthonnière à la méthode d’immanence il convient de consulter : Le Problème religieux, Annales, février-mars, 1897 ;

— Le Dogmatisme moral, ibid., nov. 1898 ; — Eclaircissements sur le dogmatisme moral, La Quinzaine, ibid., janvier 1900 ; — L’apologétique et la méthode de Pascal, lievue du Clergé français, février 1901 ? — Notre programme. Annales, I go5.

3" Sun LA MKTUODB d’iMMANENCE ET l’aPOLOQKTI ouKiNTiicnALR, Blondcl, //15<o(>e et Dogme, La Quinzaine, lô février igo^ ; — MuMpI, L’œuvre du cardinal Decliumps et la Méthode de l’apologétique. Annales, octobre igoS, février-mars 1906, mars 1907 ;

— Bainvel, Le Problème apologétique (extrait de la Itevue apologétique, 16 septembre igoS) ; — Wehrié, op. c., ch. v. Conditions et bienfaits d’une a pologétiq lie intégrale, {>. ! iS ; — ile ?oiY>iiquel. O.P., /.’Objet intégral de l’apologétique, Paris, Bloud, in-16, 565 p., 1912 ; — Blondel et Laberthonnière, .Subjectivisme et apologétique intégrale, dans lievue pratique d’Apologétique, 15 février 1912.

Albert’ValkiNsin.


IMMUNITÉS ECCLÉSIASTIQUES. — I. Définition. — II. Division. — III. Histoire. — IV. Origine. — V. Immunités locales (Eglises et autres lieux sacrés. Droit d’asile). — VI. Immunités réelles (Biens ecclésiastiques…). — VIL Immunités personnelles (Privilège du for ecclésiastique, exemption du service militaire, privilège du canon).

I. Définition. — L’Immunité, en général, est l’exemption d’une charge. L’immunité ecclésiastique est un droit en vertu duquel les éi^/Zscî et autres /i>(/.>sacrés, les chosesellcs personnes ecclésiastiques sont libres et exemptesde certaines charges ou obligations communes.