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FOI. FIDRISME

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p. Vkron, La règle de foi. Déjà saint François de Sales, dans ses Controverses, insistait sur ce que le protestantisme est contraire aux règles rie la foi, Controverses, U’paitie, Avunl-propos et III’partie, Avant-propos, Annecy, 18cj-2, Ot^inres, t. I. Au xix’siècle, on a beaucoup insisté sur le même point. Gros ouvrage de Peurone, Le protestantisme et la règle de foi. traduit par A. C. Pelletier, 3 volumes, Paris, 1854. Les théologiens traitent la question soit au De Jicclesia, voiT Brigkre ; soit au //c traditione, voir Franzklin ou J. V. Bainvel. De magisterio vivo et traditione : soit dans les préambules à la théologie, voirScuEEBEN, Dogmalii/iie.l.l. Méritent aussi d’être signalées les leçons de Mgr Freppkl sur 7VW » //ien à propos du traité De præscriplione ; de même sur Saint /renée. La tradition. Les controverses sur la toi qui jvistilie setrouvent chez les théologiens soit au traité de fiile, soit au traité de graiia ou de jiistificatione. Ceux d’entre eux qui s’occupent de la toi implicite, en parlent au traité de fide.

Parmi les ouvrages qui serrent de plus près la controverse, voir surtout : A. Mouler. /. « Symbolique (traduction française, Besançon, 1856), surtout § 15-22 et aussi § 25 et 26 ; enlln § 33. Sur l’Eglise règle de loi, ibid., ^ 38-4- ;. Les renvois dans le texte son ta la 5’î édition allemande, Mayence.i 838.

— On peut voir aussi, i>armi les protestants : WiXER, Comparative Darstellung des Lehrbe^rijfs der verschiedenen christltrlien Kirchcnparteien, 3° édition, Berlin, 1866, surtout § 10, p. 91-10/1 ; P. LoBSTEix, Essai d’une introduction à la doguiatique protestante, Paris, 1896 ; G. Frommel, Des Conditions actuelles de la foi chrétienne, cité par Lobstein, l. c, p. 67 ; enfin les deux lettres de ScHLEiERMACHER au Ur. Liickc. Uber seine Glaubenslehre, dans Schleierniacher’s.Stïmmtliclie IVerke l" partie, t. II, p. 57.J-6.53, Berlin. 1836. — Beaucoup de textes et d’indications utiles, notamment sur le symbolo-lidéisme et sur la doctrine du protestantisme libéral de la foi, dans l’Essai sur la foi dans le Catholicisme et dans le Protestantisme, par l’abbé Sxell, Paris, 191 1.

Pour aider à se rendre compte de la controverse entre catholiques et prolestants sur la Justification par la foi, on peut voir dans Theiner, Acta genuina Concilii Tridentini. Arliculi de justiûcationc propositi discutiendi thcologis minoribus, die 22 junii 1546, 1. 1, p. 169 suiv., notamment p. 1621 63. erreurs sur la justification par la foi, p. 183, justification par la foi ; p. 3’|5, An sit dandus aliquis locus fidei in justificatione.

Aux réfutations du système protestant par les catholiques, on pourrait joindre celles qu’en ont faites bien des fois les protestants libéraux. Je me contente de citer M. Sabatier, Les religions d’autorité et la religion de l’esprit, 190^, livre 11’p. 253-’)o3.,

Mais la meilleure réfutation est encore celle des faits. Voir G. Goyau, L’.illemagne religieuse. I.e Protestantisme.

Dans saint Augustin, beaucoup de choses à notre sujet dans le De gratia et libero nrbitrio, dans le De fide et operihus. dans VEnchiridion. enfin dans le ! « ’et le II^ livre du De doctrina Christinna.

IV. Controverse antidogmatique et symbolofldéiste. — Ici nous pourrons passer vite..on pas que le sujet ne soit d’importance capitale. Mais si la foi est l’enjeu de la lutte, ce n’est pas elle qui peut lutter, et ce n’est pas dans son domaine que se livre la bataille. C’est la vérité philosophique et ce sont les fondements du christianisme traditionnel qu’il

faut établir par l’histoire et la philosophie. C’est toute la question de la connaissance religieuse, de son objectivité, de ses fondements rationnels, qui est en cause. Des articles spéciaux sont consacrés à ces iu)tions fondamentales ; ceux-là mêmes qui ont été déjà indiqués plus d’une fois, et qui sont rappelés ci-dessus. Il sutlira donc d’orienter le lecteur sur le mouvement et d’indiquer les priiuipes de solution.

A. Vue générale du mouvement, et exposé

des systèmes. — Combien de fois déjà, dans le cours de cette étude, nous avons vu poindre à l’horizon l’idée d’une foi sans dogme, ou, ce qui revient au même, d’une foi hétérogène au dogme, si je puis dire, la foi se ramenant à n’être qu’un sentiment, une expérience religieuse, une vie ou une émotion, un fait de conscience, et le dogme n’étant que la formule intellectuelle que notre esprit donne, non pas à lies réalités divines se révélant à lui dans l’obscurité de la foi, mais à des mouvements de vie qu’il objective comme il peut, et qu’il rapporte comme il peut à une cause inconnaissable ! L’Kncyclique Pascendi nous a montré cela chez les modernistes ; dans la controverse prolestante, nous avons vu se dessiner un mouvement vers les mêmes idées. Harnack, entre beaucoup d’autres, aime à montrer l’évanouissement du dogme comme le terme naturel de l’évolution luthérienne, et comme étant suivant le plus pur esprit de la foi luthérienne, les dogmes qu’on gardait encore n’étant que du bois mort, adhérent à l’arbre vivant de la foi sentiment et confiance, etdestiné à s’en détacher peu à peu.

L’évolution fut longtemps retardée, dans le Protestantisme même, par des causes multiples, qu’on a souvent signalées : constitution du luthéranisme en Eglise hiérarchique et autoritaire, intellectualisme de Calvin et de sa doctrine, influence de l’Ecriture regardée comme règle de foi, réaction contre le rationalisme de Zwingle, contre le subjectivisme illuminé des « enthousiastes », etc. Cependant l’idée luthérienne faisait son chemin, notamment dans le piétisme. Le rationalisme de VAufklarung, en efVrayanl le sens religieux, l’amenait à chercher refuge en dehors des dogmes battus en brèche et du dogmatisme vermoulu. Le criticisme kanliste tendait de même à supprimer le dogme, soit en proclamant le subjectivisme phénoménisle de la connaissance intcllecluclle, soit en opposant la science à la foi, celle-ci étant supposée n’clre qu’une adhésion sans raison sut’Iisante, soit en ramenant les dogmes n dans les limites de la raison pure », c’est-à-dire en les réduisant à n’être plus que des formules vénérables, symboles d’une philosophie purement humaine. SCHLEIERMACHER, en posant nettement le principe du subjectivisme religieux, de la religion sentiment, vidait l’antique foi de tout contenu dogmatique. Si l’on gardait les vieilles outres, cène pouvait être que pour y mettre un vin nouveau. C’est Ritschl qui enseigna proprement à s’y prendre comme il fallait pour rester en paix avec les vieilles formules et les vieux symboles en y mettant le sens philosophique qu’on voulait. Mais pourquoi garder des formules vides, des symboles qui ne signifient rien, des dogmes qui ne sont qu’une philosophie surannée ? Si, pour des raisons pratiques, les pasteurs croient, pour un ten>ps, pouvoir enseigner des choses qui. à leurs yeux, sont fausses, le moment de rémancipation iendra. où il sera permis enliu de rejeter ostensiblement tout le bagage doguiatique, pour ne garder que « l’essence du christianisme ». On sait ce qu’est, pour M. Harnack, cette essence du christianisme ; pour d’autres, c’est autre chose. Mais pour tous les protestants libéraux, le terme est la foi vie, sentiment,