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FOI, FIDÉISME

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— sans y réussir d’ailleurs — à prouver qu’il n’y a pas contradiction, et qu’il est parfois raisonnable de ne pas tenir compte de la raison.

C. Note sur les Protestants libéraux. —Nous

avons déjà rencontré sur notre route, soit dans le système moderniste, soitdans lacontroverseprotcstante, les principales objections du protestantisme libéral contre la doctrine catholique de la foi, et les principaux points controversés entre les protestants libéraux et les catholiques. Nous trouverons les autres aux articles IV et VI. Les formules sont moins crues, tout s’est teinté de subjeclivisme ; mais les positions générales sont celles que nous savons. Pas de révélation objective, la foi devenue une vie plus qu’une connaissance, ramenée à l’expérience religieuse, sentiment religieux plus qu’assentiment à une vérité révélée ; éléments piétistes dissous dans une pensée rationaliste, jugements de valeur et pragmatisme se substituant aux jugements de vérité et à l’intellectualisme, le dogme s’évanouissant en croyances vagues ou sentimentales ; bref, la religion ramenée à la religiosité, le monde de la foi séparé du monde de la science, sans contact ni communication intime de l’un à l’autre, sauf certains efforts d’une philosophie religieuse, comme celle d’Auguste SABATiEKoude RiTSCHL pour nouer des relations qui ne gênent ni l’un ni l’autre tout en faisant dans la vie une unité toujours désirable ; le catholicisme, avec sa foi objective, ses dogmes et sa règle de foi, ramené à un développement purement humain — altération malheureuse ou évolution nécessaire, peu importe — ; l’unité religieuse de l’avenir entrevue dans une foi sans dogme, toute subjective et toute de confiance sentimentale au Dieu père, à l’imitation de la foi du Christ.

Ces opinions ont déjà été examinées en grande partie, aux articles Agnosticisme, Cbiticisme, Dogme, Eglise, Expérience religieuse, de ce Dictionnaire. On peutconsiilter aussi les articles Crmance, Dogme, Expérience religieuse, du Dictionnaire de théologie catholique Vacant-Mangenot. D’autres points vont être indiqués dans la suite de ce travail, en traitant de la controverse antidogmatique et symbolofidéiste.

Bibliographie. — Impossible de donner une idée, même sommaire, de la controverse entre Protestants et Catholiques sur les questions que nous venons de toucher. Avant tout il faut signaler, du côté des Protestants, Chemnitz et K. Hase, Examen Concilii Tridentini per Martinum Cliemnicium, édition Preuss, Berlin, 1861, surtout, /’r/mo pars, locus sextus, De operibus infidelium ; locus septiinus, De libero artiitrio : locus octavus. De justipcatione ; locus nonus, De fide : locus deciniiis, De operibus, p. 12Q-216. — Karl Hase, Handbuch der protestnntisrhen Polemil ; gegen die Riimisch-Katholisrbe Kirche, 3’édition, Leipzig, 1871. Zweiter Buch, c. i, Glauhe und H’erke, p. 365-278.

— On a les exposés ofFiciels des protestants dans leurs livres symboliques. Voir J.-T. Miiller, Die symbolischen Biicher der ei’angelisch-lutheriscben Kirche, deutsch und lateiniscb, 10" édition (par Th. Kolde), Giiterslnh, 1907 ; — E.-F. Karl Miiller, Die Behenntnisschriften der reformierten Kirche, Leipzig, igoS. — On peut voir aussi les articles Glauhe, et liechtfertigung, dans la liealencrlilopædie fur prntestantische Théologie. — Sur la foi implicite, riche collection de textes, surtout de textes catholiques, dans Georges Hoffmann, Die Lelire’0n der¥ins9. implicita / « ner/m// ; der Kalholischen Kirche. Leipzig, iqoS. L’auteur est protestant, et suit Harnack et Ritschl.

Du côté des catholiques. Parmi les anciens controversistes, il faut signaler surtout Bellarmin et Stapleton. Tous les deux parlent des questions controversées sur la foi, endeuxou trois endroits : quand ils traitent de la parole de Dieu, quand ils traitent de l’Eglise et de son autorité, quand ils traitent de la foi, et notamment de la foi qui justifie. C’est à ce dernier endroit qu’ils touchent le plus directement les questions qui nous intéressent spécialement ici. Voir donc : R. Bellarraini, Controversiæ De verbo Dei, 1. III, De verbi Dei interprelatione ; 1. IV, de verbo Dei non scripto ; mais surtout, De juslipcatione, 1. I, qui est de fide juslificante, édition Vives, Paris, 1873, t. VI, p. 145-207. — Thomas Stapleton, Principiorum fidei doctrinalium demonstratio methodica, Controersia. 3, De mediis judicii ecclesiflstici ; Controversia 5, De canone Scripturarum consignando : Controversia VI, De Scripturarum interprelatione authentica, Paris, 1682 (c’est une seconde édition) ; mais surtout, Vnifersa justificationis doctrina hodie contrnversa, 1. VIII, Désola fide justificante, Paris, 1082, p. 243-325.

BossuET, dans ses controverses avec les protestants, n’a pas attaché une importance particulière aux questions qui touclient directement la nature de la foi qui justifie. Sui> ant une manière dont il est coutuniier dans ses discussions avec eux, il se préoccupe surtout de deux choses : de montrer que, avec ce qu’ils tiennent, ils n’ont pas le droit de condamner les catholiques ; que leurs principes les conduisent à des conséquences qui font horreur à la plupart d’entre eux. Je signale spécialement, , comme intéressant notre sujet : Réfutation du Catéchisme du sieur Paul Ferry. Première vérité. Section seconde, c. 8, De la justification par la foi, et c. 9, De la justification par les œuvres. — Conférence avec M. Claude sur la matière de l’Eglise (sur la règle de foi, l’autorité de l’Eglise et l’indépendantisme). — Hisloire des Variations. Quelques mots sur la justification par la foi ; mais insiste svirtout sur la règle de foi, sur l’intégrité delà foi (contre la distinction de Jurieu entre points fondamentaux et non fondamentaux), sur les conséquences du système de Jurieu (indifférence dogmatique), enfin sur l’unité et la perpétuité de la foi dans l’Eglise, et que varier est un signe d’erreur. Voir notamment : Préface : 1. I, c. 717 ; I. II, c. 38-40 ; I. V, e. i et 2, 24-31 ; I. XIV, c. 51 5. 39, 89, 110, m ; addition au livre XIV, c. 8 ; 1. XV, c.51. — Choses analogues dans les.4vertissements aux Protestants : dans le l" et dans la 2’partie du VI’ ; mais surtout dans la 3’partie du VI’, où Jurieu est poussé à bout, de sorte qu’il ne reste plus de la foi que le goût intime de chacun et le pur subjectivisme.

Dans le Recueil de dissertations et de lettres composées dans la vue de réunir les Protestants d’Allemagne de la (Confession d’Augsbourg, Bossuet expli ({iie jusqu’où et en quel sens on peut accorder à l’abbé Molanus que la dispute de la justification par la foi ne repose que sur des équivoques. Voir son De scripto cui titulus, etc. I’Classis. De controversils qiiæ in aequ’ivocatione consistant. Quintum exemplum : An solâ fides justificet. Dans la déclaration de foi orthodoxe qu’il suggère à Molanus de soumettre à Rome, voir l’article 6, qui a pour titre De fide justificante, et l’article 7, De certitudine fidei justificantis. Quelques points analogues dans la correspondance avec Leibnitz sur le même sujet.

C’est de la règle de foi que s’occupèrent surtout les controversistes du xvu’siècle, à la suite du