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HOMME

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loin d’êlre, pour l’iiumanité, une cause de dégénérescence, les métis sonl plutôt, pour l’espèce humaine, un facteur de régénération : ils ont pour eux la force physique, la beauté plastique, la valeur intellectuelle. Le mélange des sangs, en créant des variétés et des races, ne fait donc point décliner l’humanité.

Conclusion générale : L’unité de l’espèce humaine, corrélative del’unilé d’origine, affirmée par nos Livres sacrés, présjipposée par l’Eglise dans toutes les entreprises de nos apostolats, non seulement ne soulève aucune difficulté du côté des sciences de la nature, mais explique seule les innombrables phénomènes que l’observation relève dans l’étude des groupes humains. Les hommes sont donc tous frères, puisqu’ils sont tous de même nature et tous sortis de la même souche.

BiBLioGRAPum. — Consulter : A. de Quatrefages, Unité de l’espèce humaine, Paris, 1864 ; L’espèce liiimaine, Paris, 18’j7 ; Introduction à t étude des races humaines, Paris, 1889 ; Hommes fossiles et hommes saunages, Paris, 188/J ; — Topinard, L’anthropologie, Paris, 1879 ; Eléments d anthropologie générale, Paris, 1884 ; L homme dans In nature, Paris, 18gi ;

— Verneaii, Les races humaines, Paris, J.-B. Baillière ; — Vigouroux, /^e.ç Livres saints et la critique rationaliste, t. IV, Paris, 18gi ; — Guibert, Les Origines, ch. V, Paris, Letouzey, Coédition, 1910 ; etc.

J. Guibert.

IV

L’homma devant les enseignements de l’Eglise et devant la philosophie spiritualiste

Etudier l’homme d’un point de vue apologétique, c’est :

1° Rechercher quelles données plus ou moins explicites fournit le dogme sur la nature humaine ;

2° Montrer l’accord, ou du moins la compatibilité de ces données avec les conclusions de la philosophie et les résultats de la science.

Pourchacun des points fondamentaux du problème de l’Homme, ce travail a été ou sera fait longuement dans le dictionnaire (par ex. sous les titres Ame, Transformisme, Vie…).

On se propose donc surtout, dans la présente étude, de présenter l’état actuel de la « Question humaine » dans un résumé aussi sj’nthétique que possible, renvoyant aux articles spéciaux pour la discussion plus approfondie des faits et des théoi-ies.

I. — L’Homme d’après les enseignements de l’Eglise

Donnée à l’homme pour le conduire, non à un raffinement de ses expériences intérieures, mais à un dé-Acloppement très objectif de sa nature, la Religion présuppose en lui un lot de caractéristiques absolues sur lesquelles faire porter ses agrandissements surnaturels. Telle est la part d’ « imposé » que nous devons d’abord déterminer..u cours de cette recherche régressive, nous ferons tomber les reflets de la Révélation sur l’homme considéré successivement : dans sa nature personnelle ; dans sa situation visà-vis des autres hommes ; dans sa place au milieu de l’univers. Kt cliaquefois nous indiquerons : les points de doctrine à sauvegarder ; les motifs de cette limitation imposée aux initiatives de notre pensée ; enfin, les principales conceptions qui semblent éliminées par les enseignements du dogme.

A) Nature de l’Homme. — On peut résumer comme il suit les idées que tout chrétien doit avoir sur ce sujet :

Avant tout, l’homme, dans son degré d’être contingent, est une substance, c’est à-dire une chose absolue, tenant par elle-même, source en quelque façon première d’action, et sujet ullimc de « passion ». Grâce à une activité qu’elle peut orienter vers son propre perfectionnement, cette substance est centrée en soi, immanente ; elle vit, et sa vie atteint le haut degré d’immanence que marquent une autonomie consciente et une volonté libre : l’homme est une personne.

Cette personne est permanente dans le temps. Son

« je n individuel, constitué dès le premier instant de

son existence, reste le même sous les enrichissements ou les déformations qu’elle subit au cours de la durée. Le principe de cette permanence et de cette autonomie est dans un élément spirituel, l’àme, substance indépendante de la matière, et par suite naturellement immortelle. L’àme est ce qu’il y a de principal en l’homme : mais elle n’est pas seule à en constituer la substance. Sa spiritualité, en effet, est comme restreinte par association à une puissance matérielle et corruptible, le corps, qu’elle est, par nature, destinée à vivifier, et qui, en retour, la complète. Sans y être immergée, elle plonge en lui des racines. Elle en fixe la nature et relie la multiplicité. Elle se l’associe dans l’unité d’un même principe d’opérations vitales. L’homme, pour être tout lui-même, a besoin d’être esprit et matière ; il est composé d’un corps et d’une àme, l’un déterminé par l’autre, c’est-à-dire tenant d’elle seule, à l’exclusion de tout autre principe sensitif ou végétatif, tout ce qu’il a d’humain.

Ce dernier point de doctrine, qui dépasse en précision ce qu’exigeraient à première vue les dogmes, fondamentaux dans l’étude de l’homme, de la rétribution et de la survivance, a été défini, on lésait, au concile de Vienne, à l’occasion d’erreurs louchant l’Incarnation. Quisquis… asserere… præsumpseril quod anima rationalis seu inleltectiva non sit forma corporis humani perse et essentialiter, tanquamhæreticus sit censendus(r>E^zi ! iGEn, Lnchir.*^’n"481 [^ogl). Ces paroles vont-elles plus loin que nousn’avons dit, et consacrent-elles, relalivementau moins à l’homme, le système aristotélicien de la matière et de la forme ? Soit enthousiasme pour une philosophie chère, soit désir mauvais de surprendre dans le dogme un élément nouveau ou caduc, plusieurs l’on dit ou cru ; mais à tort. L’Eglise qui, indirectement, élimine des systèmes philosophiques, en les déclarant incompatibles avec sa foi, n’en a jamais défini aucun, et n’a pas à le faire. Seulement, par recherche de clarté et par nécessité, elle emploie le langage de son temps pour fixer des vérités dont le sens profond doit seul être sauvegardé nécessairement. Ainsi en est-il delà formule du concile de Vienne. Sous des termes scolastiques, la chose signifiée (on le prouve historiquement ) est celle-là même que nous avons dite : dans l’homme, l’àme spirituelle et raisonnable, par elle-même, et non par quelque fonction subalterne, comme voulait Olivi (encore moins par une àme humaine intermédiaire, suivant l’idée des ApoUinaristes reprise par GiiNTHER), donne au corps tout ce qu’il possède de vie humaine.

Ce dualisme très particulier est sans nul doute une des notions les plus faciles à fausser dans une construction philosophique. Chacun voit aisément l’opposition radicale du dogme avec le matérialisme, ou le déterminisme, ou un évolutionnisme qui ferait l’àme perpétuellement instable et inachevée dans sa substance. Les rapports entre l’esprit et la matière.