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réalise des progrès de tous ordres et n’est point figé dans l’uniformité instinctive, asservit les éléments bruts par l’industrie et les arts, se soumet lesanimaux par lerapire qu’il prend sur eux. Ce sont les signes de sa supériorité intellectuelle. Or, si l’on rétlécliit que tous les hommes, par là. se ressemblent entre eux, comme ils diffèrent, parla, de tous lesanimaux. on sera en droit de conclure que des races si identiques dans leur multiplicité apparente ne forment, en fait.tju’une seule espèce.

En résumé, les différences qu’on remarque entre les hommes ne sont point assez profondes pour qu’on y distingue plusieurs espèces ; les ressemblances, au contraire, sont si étroites qu’elles ne s’expliquent que par l’unité d’espèce et d’origine.

IV. — Comment se sont formées

les races humaines

Observations préalables. — i* Il faut renoncer à trouver parmi les races actuelles le type primitif absolument pur. Pour que ce type se fût conservé intact, il eût fallu qu’il fût resté dans le même milieu, dans les mêmes conditions cliraalériques. économiques et sociales, sans jamais se mélanger aux races produites par la diversité des circonstances. Or une telle préservation a été matériellement impossible. Quant à reconstituer les traits du type primitif en se basant sur les lois de l’hérédité, les essais qu’on a faits paraissent plus ingénieux que sérieux. D’après A. DE QuATKEF.*.GEs, l’iiommc primitif aurait eu les cheveux roux, la peau légèrement jaune, l’œil oblique, la mâchoire supérieure douée d un certain prognatliisme. — 2° L’espèce humaine se partage de bonne heure en plusieurs races. Car les restesprébistoriques accusent entre eux des différences non moins sensibles que les races actuelles. C’est ce qu’on peut voir dans l’article ci-contre sur l’Homme préhistorique. Aussi n’est-il pas surprenant que les quatre principales races humaines soient représentées dans les vieux monuments égyptiens. — 3° L’espèce humaine est restée douée de plasticité à travers les longs siècles écoulés depuis sa création. Car les races actuellesnc sont pas tout à fait identiques avec les races préhistoriques. Celles-ci ne sont pourtant pas tout à fait éteintes ; car, au milieu des races actuelles, on remarque des individus qui semblent se rattacher par leurs caractères ethniques aux races quaternaires. En France, par exemple, on rencontre des hommes qui rappellent les types de Xéanderthal ou de Cro-Magnon. De même, les négrillons, disséminés à travers l’Afrique, l’..sie méridionale et l’Océanie. nous apparaissent comme les restes d’une race très ancienne aujourd’hui déchue.

D’après le D Ykrneac et A. de Quatref.^ges, les races humaines se sont formées par l’action des milieux, ou par variations brusques et spontanées, ou par le métissage.

I" L’action des m ! 71-M.r. — Ce terme de milieux signifie toutes les conditions d’existence, climat, nourriture, état dedoræsticité ou de liberté, etc. Un milieu est dit naturel lorsque l’homme n’est pas intervenu pour le constituer ; il est dit artificiel, lorsque les conditions en ont été préparées par l’homme d’après un plan préconçu Dans un milieu tout à fait naturel, les plantes et les animaux sont dits à l’état sauvage ; dans un milieu artificiel, ils sont dits à l’état domestique.

Or tous les organismes, soit végétaux, soit animaux, subissent Tact ion des milieux où ils vivent. II faut qu’ils s’y adaptent ou qu’ils périssent. C’est cette adaptation qui crée des variétés, et les variétés, en accentuant

leurs divergences, créent des races. Mais l’homme, soumis aux mêmes lois biologiques, ne peut manquer de subir l’action des milieux. On pourra constater qu’il offre plus de résistance aux milieux, que son organisme y éprouve de moins profonds changements que les animaux et les végétaux : car. grâce aux ressources de son intelligence, il peut s’entourer d’un milieu artificiel qui neutralise en partie les effets du milieu naturel. Mais il n’en reste pas moins ^Tai que les milieux agissent sur lui et le modifient. Par exemple l’Anglo-saxon, transporté en Amérique, devient le’i’ankee : le Yankee apparaît même dès la seconde génération ; et c’est si bien le milieu qui fait le Yankee, que les caractères acquis sont des traits qui le rapprochent des Peaux-rouges. Le nègre, à son tour, subit aux Etats-Unis l’influence du milieu ; non seulement il y a perdu son odeur, mais, dit Elisée Reclus,

« il y a franchi un bon quart de la distance

qui le sépare du blanc ". Le Français se modifie au Canada : la race franco-canadienne se distingue par sa force physique, par sa fécondité, par sa fierté sous la domination étrangère. Si les milieux façonnent encore, sous nos yeux, des variétés qui, en s’accentuant, deviendront des races, il n’est pas surprenant qu’Us aient eu un pouvoir analogue au début de Ihumanité, alors que l’organisme avait plus de plasticité et que l’homme, moins fécond en ressources, luttait moins efficacement qu’aujourd’hui contre les influences extérieures.

2° Variations spontanées. — On nomme ainsi des variations organiques qui apparaissent brusquement sans qu’on puisse en trouver la cause dans les conditions de milieux. Sontce des monstruosités, sont-ce des cas d’atavisme insaisissable, on ne sait pas ; ces déviations proviennent d’ordinaire d’influences exercées sur le jeune embryon. On en cite des exemples ]>armi les végétaux, comme cet acacia de Saint-Denis qui, en1805, apparut tout à fait dépourvu d’é-I )ines ; — parmi les animaux, comme ces moutons de Mauchamp, dont la toison soyeuse provient d’un individu exceptionnel dont l’éleveur a conservé les caractères par la sélection ; — dans l’homme même, où l’on voit apparaître brusquement des doigts surnuméraires (le célèbre calculateur Colburn transmilcette anomalie à ses descendants jusqu’à la quatrième génération) ; en 1817, un individu nommé Edward Lambert, né de parents parfaitement sains, apparut couvert d’une carapace fendillée armée de piquants comme celledu porc-épic, et la transmit à ses six enfants. Que ces caractères se fixent par l’hérédité dans une famille, et il n’en faudra pas davantage pour créer une race nouvelle.

3" le métissage. — On appelle ainsi l’art de provoquer la formation de types nouveaux par l’alliance d’individus appartenant à des races différentes de la même espèce. Dans la nature sauvage, le métissage est rare ; mais l’éleveur la pratique assidûment et avec grand succès sur les plantes et les animaux. C’est ainsi qu’on crée de très belles variétés parmi les plantes cultivées et parmi les animaux domestiques.

Or le métissage se pratique aussi entre les races humaines. Il dut se produire dès les débuts de l’humanité, aussilùl que les premières variétés humaines eurent été créées par l’action des milieux : si disséminés que fussent alors les groupes humains, ils étaient si nomades qu’ils arrivaient forcément à se mélanger. Dans les temps modernes, grâce à la facilité des voyages et à la colonisation, le métissage humain se produit sur une grande échelle. Même entre les types extrêmes, comme les blancs et les noirs, les unions sont fécondes, et les métis qui en résultent, comme les mulâtres, sont d’une merveilleuse fécondité. Et bien