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clieveiix laineux, des faces prognathes à coté d’orthognallies, etc. Qu’on prenne, avec IIæckbl, la chevelure pour signe dlslinctif, en allant des cheveux fins du blanc au cheveux laineux du nègre, on rencontre alors pèle-mcle des hommes à tête longue et des hommes à tête courte, des teints très clairs et des teints très noirs. Quel que soit le trait qui serve de point de repère, la confusion des individus sera toujours la même. Il n’existe donc, entre les races humaines, aucun caractère qui les sépare. Elles n’avaient donc, à leur origine, aucun trait différentiel qui les distinguât les unes des autres.

Pour autant qu’on saisit des différences, elles sont d’ailleurs de si minime importance, qu’elles ne suffiraient pas à caractériser des espèces distinctes. C’est ce qu’il sera aisé de constater en les examinant successivement.

2" Insuffisance des différences de coloration. — Le trait qui frappe tout d’abord est la couleur : il y a des blancs, des jaunes, des noirs, des rouges. Ces quatre types, disaient les premiers polygénistes, ne peuvent être sortis de la même souche.

Or la coloration de la peau est un phénomène physiologiquement peu important, qui se produit aisément sous l’influence du milieu et du régime, qui n’est ni plus général ni plus accentué dans l’espèce humaine que dans les espèces animales.

a) Physiologiquement peu important. — Car la couleur dépend de la couche de pigment déposée entre le derme et l’épiderme ; et cette couche est très v.irialjle en épaisseur et en teinte, même dans un individu isolé, suivant son âge, suivant son genre de vie, suivant les différentes pai-ties de son corps. Elle s’épaissit et brunit au soleil et au grand air ; elle s’amincit et devient incolore chez les personnes renfermées et sédentaires.

I>) Spécifiquement sans portée. — Fût-il plus important et plus stable, le phénomène de la coloration n’aurait encore aucune portée comme trait spécifique. Il suffit, pour s’en convaincre, d’étudier à cet égard dos races animales qui ont certainement la même origine et constituent la même espèce. Les races gallines présentent les trois couleurs extrêmes signalées chez l’homme ; le mélanisme peut même apparaître brusquement dans nos basses-cours, se propager par hérédité, et former une race nouvelle parmi nos poules à peau blanche. Dans les races bovines, canines, hippiques, la coloration de la peau se produit et se transmet, sans qu’on en fasse état pour créer des espèces distinctes. Il n’y a pas plus lieu de s’en servir pour voir, dans les groupes iiumains, des espèces plutôt que des races.

3" Insuffisance des différences de chevelure. — Hakckel avait attaché une si grande importance à la chevelure, qu’il l’avait prise pour base de la distinction des races liumaines. Mais son système, vivement critiqué, n’a point reçu droit de cité parmi les savants. Car, d’un côté, les cheveux changent si aisément de forme et de couleur dans le même individu, suivant l’âge et le milieu, que c’est un caractère trop mobile pour suffire à classer les groupes humains. D’autre part, la toison humaine présente des variations bien moins profondes que la toison d’animaux classés avec raison dans la même espèce ; le cheveu humain, sous ses diverses formes, reste toujours cheveu et ne devient jamais laine, au lieu que la laine de nos moutons est remplacée par un poil court et raide en Afrique.

4° Insuffisance des différences anatomiques. — Les polygénistes ont invoqué tour à tour toutes les différences anatomiques, mais sans succès. Car, d’une part, il n’est pas un trait qui soit absolument propre à une race, et qui ne se retrouve aussi, quoique

plus rarement, dans certains individus de toutes les autres. D’autre part, ces différences organiques, lors même qu’elles caractériseraient exclusivement des races, seraient insuffisantes pour délimiter des espèces, puisqu’elles sont toujours moins accentuées que les particularités correspondantes chez les races animales appartenant à une même espèce.

La taille, par exemple, est fort variable, puisqu’elle va de 1 mètre chez certains Boschiraans à I m. ga chez certains Palagons. Mais la moyenne minimum (i m. 87 chez les Bosehimans) fait encore les huit dixièmes de la moyenne maximum (1 m. 72 chez les Patagons). Au contraire, parmi les races animales, le petit chien épagneul ne mesure que les a dixièmes du chien de montagne ; chez les lapins, l’écart est de 3 dixièmes ; chez le cheval, de 4 dixièmes. La différence n’est pas moins marquée chez le bœuf, le mouton, la chèvre.

La colonne vertébrale varie très peu chez l’homme, puisque l’on a constaté tout au plus l’adjonction d’une vertèbre dans certains cas tout individuels. Les variations sont au contraire considérables dans les races animales d’une même espèce : ainsi on compte 44 vertèbres dans le porc d’Afrique et 54 dans le porc anglais ; de Quatrefages observe qu’il existe des races de chien, de chèvre, de mouton, chez lesquelles la queue se réduit à un court coccyx.

Les membres, Ae même, varient peu chez l’homme : les six doigts à la main sont un cas tératologique, et, là où le pied semble préhensile, le pouce n’est cependant jamais opposé aux autres doigts. Au contraire, quelles profondes différences dans les races animales d’une même espèce ! Ainsi, de fissipède qu’il est normalement, le porc peut devenir solipède ; chez le chien, les pattes de devant ont toujours cinq doigts bien formés, au lieu que les pattes de derrière présentent un cinquième doigt qui, de rudimentairequil est dans certaines races, devient complet dans certaines autres.

La conformation de la tête prête aux mêmes réflexions. Qu’il s’agisse de dolichocéphalie ou de brachycêphalie, qu’il s’agisse de prognathisme plus ou moins accentué, on trouve des passages insensibles d’une race à l’autre, on rencontre les formes les plus diverses dans toutes les races, et, en tout cas, les divergences anatomiques les plus extrêmes du crâne et de la face ne sont point équivalentes à celles qu’on rencontre entre des races animales certainement issues de la même souche primitive. On peut, à cet égard, comparer la tête du bœuf gnato de la Plala avec celle du bœuf européen ; la tête du lévrier espagnol ou du King’s Charles avec celle du bouledogue, etc.

Les dilTérences de capacité crânienne n’ont point plus de signification. Si l’on néglige les cas extrêmes pour ne s’attacher qu’aux moyennes, on observe : a) que la moyenne humaine oscille autour de i.450cc.. tandis que la moyenne des meilleurs singes tourne autour de 450 ce, que, par conséquent, il y a toujours un hiatus profond entre toutes les races humaines et toutes les races simiennes ; b) que les moyennes humaines ne montent point au-dessus de i.600 ce. et ne descendent point au-dessous de i.300 ce et que, par conséquent, les races humaines sont aussi voisines les unes des autres qu’elles sont éloignées des races simiennes au point de vue de la capacité crânienne.

l’angle facial, enfin, conduit àdes résultats analogues. On appelle ainsi l’angle formé par deux lignes, dont l’une va de la base des narines à l’ouverture de roreille, et l’autre du point leplus proéminent du front àlamàchoire supérieure. Or l’angle facial de l’homme se tient, dans les diverses races humaines entre 70" et 90°, plus faible en général chez le nègre que chc.