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6 mètres et dont la hauteur est souvent de 2 à 3 mètres. Us sont composés d’écaillés d’huitres, de coquillages divers, d’arêtes de poissons, d’ossements brisés, au milieu desquels on découvre des silex grossièrement taillés, des déchets de taille, des poteries grossières, des objets en os ou en corne de cerf (haches, herniinettes, peignes, etc.). Il y a même ici et là des foyers composés de quelques pierres calcinées, de charbons et de cendres.

Ce qui les date bien, c’est la présence des poteries, des tranchets en silex, du chien domestique, du cerf ; tandis que le renne a disparu et la pierre polie ne se montre pas encore. Ces amas sont l’œuvre d’une population plutôt misérable, vivant, au bord de la nier, de chasse et de pêche, et accumulant ainsi les déchets de ses repas et de son industrie ainsi que les outils rejetcs après usage. Cette manière étrange d’installer son foyer sur des détritus, en plein air, et d’y vivre, est encore le fait de plusieurs peuples sauvages.

Le campignien est la suite des Kjôkkenmôddings danois ; on y trouve une poterie fine et déjà quelques pierres polies et l’on s’achemine vers le vrai néolithique. Le pic campignien est accompagné d’un tranchet qui est le prototype de la hache polie en silex.

Dans le Centre et le Sud de la France, l’industrie se rattache à l’azilien, mais avec addition de types franchement néolithiques. La hache polie n’est pas en silex mais en roches dures, la poterie est très ornée.

iouveau genre de vie. — Quelles que soient les particularités régionales, on peut dire que le monde néolithique présente la première ébauche de 1 humanité civilisée moderne. De chasseur, l’homme est devenu agriculteur et berger.

Il sait cultiver et améliorer les plantes, en particulier les céréales : le froment, le seigle, l’orge, l’avoine. On a retrouvé environ 200 espèces de végétaux utilisés par l’homme à cette époque, notamment la noisette, la prunelle, la fraise, la pomme, la poire, le raisin, etc. Le blé était réduit en farine sur de grandes dalles plates, où l’on promenait à la main un broyeur de pierre ; avec cette farine on faisait une pâte que l’on cuisait en galettes rondes. Des sortes de pics en pierre ou en bois de cerf permettaient de remuer la terre.

Les ani’nirtHj- aussi ont subi l’influence de l’homme ; on est arrivé à en domestiquer six espèces : le chien, le cochon, le cheval, la chèvre, le mouton et le bœuf, et on les a amenés en Europe.

La vie agricole implique la vie sédentaire et la construction de demeures plus durables et plus perfectionnées. Une des plus intéressantes découvertes fut faite dans les lacs de Suisse en 1853, celle des y) « /fl/ ?(/(’s. On appelle de ce nom des habitations groupées en un petit village, construites sur pilotis, à une certaine distance du rivage, auquel une passerelle les rattache. On était ainsi à l’abri soit des fauves soit des ennemis humains. De nos jours encore, de nombreuses peuplades sauvages ont gardé l’usage de la cité lacustre.

Ce mode d’habitation ne convenaitévidemment pas à tous les pays. Dans les régions sans lacs, on bâtissait des /iH » es en bois sur des fondements de pierre qu’on retrouve encore, parfois avec plusieurs pièces ou divers aménagements du sol. Pour protéger le village, on en faisait un camp entouré d’un rempart de terre et d’un fossé ou même de deux fossés, dont l’un à l’intérieur. On profitait souvent d’un promontoire naturel à bords escarpés et on se bornait à barrer l’isthme. Dans l’épaisseur même du rempart de terre on déposait souvent les morts ; et c’est la présence des sépultures néolithiques qui a permisde dater avec certitude ces villages fortifiés.

Naturellement la chasse et la pêche n’avaient pas été abandonnées par nos agriculteurs. Ils creusaient un tronc d’arbre avec le feu d’abord, avec la hache ensuite et ils avaient une pirogue. D’une branche d’arbre bien choisie ils fabriquaient un arc. Leurs flèches étaient armées à la pointe d’un tranchant en silex, tantôt de la forme classique, tantôt présentant un simple biseau. Avecle silexou d’autres roches dures, ils faisaient encore le marteau, la massue, la célèbre hache polie qui caractérise cette époque et qui était emmanchée dans un bois de cerf, et enfin des poignards dont le Danemark et l’Egypte nous ont livré des spécimens merveilleux.

On a découvert soit dans les cryptes de la Marne soit surtout en Lozère bon nombre d’ossements humains percés de flèches et portant encore le silex incrusté dans leur masse. Ils évoquent l’image de la chasse à l’homme, de la guerre. C’est que l’agriculture a développé l’instinct de propriété en même temps que donné occasion aux cupidités, aux vols, aux luttes. Agriculteur, chasseur, guerrier, l’homme néo-. lithique est aussi industriel. Pour recueillir le silex, il creuse des puits jusqu’aux couches de terrain qui renferment cette pierre et de là rayonne en galeries souterraines. Avec l’argile, il façonne, à la main, des poteries très nombreuses et assez variées de forme et de décoration, qu’on a pu classer en diverses espèces. Avec le lin et probablement aussi avec la laine (qui ne s’est pas conservée) il fabrique des tissus, des cordages, de la passementerie ; avec des tiges ligneuses, de la vannerie.

La parure répond à un besoin trop naturel pour jamais se perdre. Certaines pointes en silex et des flacons en os pleins d’ocre devaient servir au tatouage. On peut se faire une idée des dessins adoptés dans ce cas en voyant la décoration de quelques statuettes néolithiquesd’Egypte ou de Roumanie. Des boutons, des pendeloques, des perles à enfiler, des anneaux, voilà ce qu’on fabriquait avec l’os, le coquillage, l’ambre, le schiste, l’albâtre, la callaïs querre d’un vert bleu, rappelant la turquoise).

La production, surtout variée et spécialisée, appelle le commerce et les transports. On a pu découvrir le lieu d’origine de plusieurs matières dont on retrouve un peu partout des échantillons. L’ambre devait venir de la Baltique ; les belles pierres vertes (néphrites, jadéite, etc.), des Alpes ; l’obsidienne (verre naturel) des régions volcaniques ; la callaïs de quelques gisements rares. Le Grand Pressigny (Indre-et-Loire) renfermait de vastes ateliers et fournissait d’un silex assez particulier la Bretagne, la Suisse occidentale et le Nord de la France jusqu’en Belgique. Le char à roues était connu dès cette époque. Ainsi donc, il y avait sur notre sol des roules, non pas fortement établies et construites comme les voies romaines, mais nettement tracées comme des sentiers fréquentés.

Mégalithes, tombeaux, religion. — Ce qu’on a le plus remarqué de l’époque néolithique, ce sont les énormes pierres brutes que l’homme a soulevées et arrangées de diverses manières. On s’est demandé par quels procédés il avait pu transporter et dresser des masses énormes. (Le plus haut menhir, celui de Locmariaquer, avait 20 m. 50 de haut et devait peser 350.ooo kilogrammes. — Mais un monolithe de Baalbek en Syrie pèse i..500.ooo kilogrammes, un obélisque d’Hatasou en Egypte a 33 mètres de haut, celui de Saint-Jean-de-Latran à Rome mesure 32 mètres, et c’est peu après les temps néolithiques qu’on les a déplacés.) Il a été établi qu’avec des leviers et des bras nombreux, fonctionnant avec ensemble, avec beaucoup de lenteur et de patience, on pouvait venir à bout des poids les plus loiu’ds.