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HOMME

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En résumé, d’après le crâne seul, l’individu de Trinil est plus près de l’homme de Néanderllial que des anthropoïdes ; il est aussi loin de Néanderthal que celui-ci de l’homme actuel. Mais on ne peut exclure l’hypothèse, admise par de sérieux anatomistcs, il’un gibbon colossal, doué d’un développement cérébral voisin de celui de l’homme.

Si les dents et le fémur ai)particnnenl au même sujet — ce qui est [irobabU’surtout pour les dents

— il faut lui attribuer une attitude bipède et une dentition puissante mais humaine.

c) Le Problème de l’origine de l’homme et la Science. — Ces découvertes de la race de Néanderthal, de la mâchoire de Mauer et du Pithécanthrope de Java, ont amené tout naturellement les paléontologistes et les vulgarisateurs à poser de nouveau le problème de l’origine de l’homme.

La recherche à la fois empirique et rationnelle, abstraction faite de toute doctrine révélée, aboutit à la conception d’une théorie sur l’origine de l’homme considéré dans son organisme physique, qui le rattache à l’animal par une évolution plus ou moins lente, n’excluant pas des mutations brusques. Les uns, avec l’Ecole de Bhoca et certains savants de valeur comme M. Manouviukr, font descendre l’homme du singe. D’autres, comme Hartman, Karl Voot, ÏOPINAKD, Gacdry, Boule l’ont du singe un cousin à la n= puissance de l’homme, les réunissent dans le groupe des Primates et leur assignent pour ancêtre commun un lémurien. Pour appuyer cette généalogie, ils ont des arguments tirés de l’anatomie comparée et aussi des caractères pithéeoïdes des êtres humains les plus anciens, ou bien inversement des caractères anthropoïdes des simiens les plus anciens (à supposer que le Pithécanthrope fût un simien). Nous bornant ici au rôle de rapporteurs sincères des faits et des hypothèses, nous laissons à d’autres le soin de porter, s’il y a lieu, la discussion sur un autre terrain. On trouvera exposées dans d’autres parties de ce dictionnaire les distinctions nécessaires entre les questions de l’origine de l’âme et de celle du corps, et l’exposé des enseignements de l’Eglise et de la théologie relatifs à ces problèmes.

a » LA SECONDE RACK PALiSoLITHIQlE

Nous voulons parler ici de la seconde race qui a habité l’Europe centrale et occidentale et dont nous verrons plus loin comment elle se rattache à la première. On lui a donné le nom de racedeCro-Magnon, parce que dans l’abri de ce nom, qui se trouve aux Eyzies (Dordogne), on a trouvé, dès 1868, cinq squelettes de ce type, bien dilTérent de celui de Néanderthal.

« ) Le milieu. — L’Europe continue à être très froide, 

mais d’un froid plus sec que pendant la période précédente et qui s’est maintenu d’une manière assez constante. Les forêts doivent avoir disparu en très grande partie et nos régions doivent avoir l’aspect d’une immense steppe, comme aujourd’hui le nord de la Sibérie. Les animaux qui abondent sont tout d’abord le Bison et le Glieval, un peu plus tard le Renne. On a même donné le nom d’âge du Renne à cette période dupaléolithique récent. En même temps arrivent, mais, semble-t-il, en moins grand nombre, le Bœuf musqué, l’Antilope saïga, la Marmotte, le Chamois, le Bouquetin, le Henard bleu, le Glouton, le Lemming, le Hamster, etc.

L’homme choisit souvent pour y habiter les grottes profondes, cependant c’est à l’entrée seulement que se trouvent les silex taillés et les débris de cuisine.

/)) L’outillage. — Il est facile de distinguer dans le

paléolithique récent trois industries successives, qui d’ailleurs se subdivisent elles-mêmes en plusieurs phases. Ce sont les industries aurignacienne, puis solutrrenne, puis magdalénienne.

Leur caractère commun, c’est d’employer surtout les éclats du silex plutôt que le l)loc d’où on les détache. Celui-ci avait été jadis arrangé en forme d’amande ; désormais il ne sera plus qu’un nucléus d’où l’on enlève des lames et des éclats. Cependant on viendra à l’utiliser pour lui-même, en raison d’une commodité qu’on lui découvre, scmble-t-il, sans l’avoir cherchée.

L’éclat, au lieu d’être, comme dans le moustérien, large, court et à base épaisse, sera une lame étroite, longue, mince et même naturellement recourbée. L’aurignacien en retouche soigneusement les bords, mais les bords seulement et sur la face supérieure. Tantôt il arrondit le bout de la lame en a grattoir » ; tantôt il en laisse l’extrémité pointue et la pièce s’appelle simplement une lame. Souvent le travail en a usé les bords et en a fait une lame incurvée très caractéristique de celle première industrie. Plus tard il brise la lame pourfaire un burin ])ar un Ijiseau en angle dièdre sur la partie épaisse de la lame. Cet instrument va se multiplier dans des proportions invraisemblables et en partie inexpliquées, jusqu’à la tin du paléolithique. A ces pièces s’en ajoutent de moins communes : des couteaux, des canifs, des perçoirs, des tarauds, des pointes à pédoncule pour javelots ou lances, etc.

A côté de ces outils minces, sont des pièces de dimensions moyennes mais plus épaisses, qui, dans l’aurignacien, se font remarquer par leurs enlèvements lamellaires soignés et qu’on a baptisées grattoirs carénés, rabots, ciseaux, <’tc.

A quoi servaient tous CCS outils ? on ne le sait pas toujours bien, en particulier pour les lames, les ra-. bots, les burins. Que certains de ceux-ci aient servi à graver sur la pierre, l’os, l’ivoire, le Ijois, c’est indubitable ; que ce fût le but de tous, c’est fort douteux. L’emploi que récemment encore certains sauvages faisaient du silex a permis parfois de préciser ce <[ue devaient en l’aire nos lointains ancêtres. Dans certains cas la forme même de la pièce, par exemple d’un perçoir, ne laisse pas de doute sur son emploi.

L<- solutréen marque l’apogée de l’industrie du silex. Aux formes déjà connues, l’homme en ajoute deux principales : la pointe â cran, destinée à êtr<emmanchée, et la lame en feuille de laurier ou de saule, d’une destination moins précise. Il adéeouvert un nouveau mode de tailler le silex en enlevant par compressions une sorte d’écaillé mince qui permet de régulariser et d’amincir merveilleusement des lames longues et larges. On a découvert à’Volgu (Saône-et-Loire) une collection de 14 « feuilles de laurier » n’ayant que quelques millimètres d’épaisseur et de 23 à 35 centimètres de longueiu- ! Après le solutréen vient la décadence rapide de l’outillage en silex. Le magdalénien ne renferme plus guère que quelques perçoirs pour faire entre autres choses le chas des aiguilles en os, des burins en quantité, des grattoirs, des lames peu retouchées, des nuclei utilisés, le tout généralement fabriqué k à la diable ».

Par contre, on peut suivre, à i)artir de l’aurignacien, le progrès du travail de l’os et arriver au merveilleux épanouissement artistique de l’époque magdalénienne.

La race de Néanderthal ne s’était guère servie de l’os que comme percuteur ou comme enclumeet point d’appui. Mêlées aux silex moustériens, on trouve en particulier d’assez nombreuses plialanges de bison ou de cheval portant des stries et des traces de martellements.