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HOMME

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Une conslalation intciessantea été loiit d’abord la grande capacité crânienne qu’on a dû reconnaître à la race de Néanderthal. En remplissant, avec toutes les précautions nécessaires, de grains de millet le crâne corrézicn, on a trouvé 1626 centimètres cubes. Par une coïncidence remarquable, ce procédé empirique donne un cliift’re analogue à ceux que Manouvrier avait obtenus en appliquant certaines formules anatomiques aux dimensions des seules calottes crâniennes. Ce savant était en effet arrivé à un volume variant entre iS’jo et 1760 centimètres cubes, reetiliant ainsi les chiffres adoptés par les premiers antliropologistes. Ceux-ci avaient établi la série suivante dont la progression était significative : Singes anliiropoïdes (maximum) 621 cm’.

Pilliécanllirope (par li.ypothèse, environ) 855 à 1000 Néanderthal (par hypothèse, environ) lîSoenr’. Races humaines actuelles (moyenne) lijb cm’.

Parisiens actuels (moyenne) 1550 cm-’.

Le travail direct de M. Boule a déplacé la race de Néanderthal pour la mettre au-dessus des Parisiens, avec plus de iGoo cm-*.

On a fait remarquer toutefois qu’avec la niasse squelettiijue de l’homme de La-Chapelle-aux-Saints, un crâne volumineux était normal, tout comme l’eût été sur un corps grêle une tête petite. Par lui-même le volunu’iibsolu du cerveau ne dénote ni supériorité ni infériorité intellectuelle. Mais si on prend pour terme de comparaison la base du crâne (ligne basionnasion), on calcule que sur la base cianienne de notre fossile aurait dû s’élever une capacité crânienne bien plus vaste et voisine de celle qu’on attribue à Bisuiarck, c’est-à-dire atteignant le chiffre exce]ilionnel de ii)G5 cm-*. A ce ])oint de vue, l’homme de La-ChapcUe-aux-Saints redescendrait bien au-dessous des Parisiens.

Le moulage interne de la cavité crânienne a donné à MM. lioiLE et.Vnthony l’occasion d’une longue et savante étude. Naturellement il faut tenir compte dans cette question de deux faits : 1° ce n’est pas une étude directe du cerveau, mais plutôt de ce que l’on peut deviner sous les membranes qui enveloppent la substance nerveuse, à supposer, ce qui semblectabli, que les membranes touchent partout la boite crânienne ; 2" le cerveau est lié à l’activité intellectuelle, non ])ar un lien jiurement mécanique, comme le chant d’un phonographe s’explique immédiatement par les conditions matérielles du disque, mais par un lien partiel, comme le chant d’un violon s’explique à la fois par l’instrument et l’artiste — et c’est l’âme qui est l’artiste.

Voici les conclusions des 60 pages techniques où nos deux savants exposent leurs observations : Le squeleUe de La-Cha[ielle-aux-Sainls a pour caractères vraiment humains, le volume absolu deson cerveau, la prédominance de l’héniisphère cérébral gauche (les singes sont rarement et très peu dissymétri(iues),

« la présencede deux Ijranches ])résylviennes et d’un

système d’opercules voisin du nôtre ». Il a également des caractères simiens ou intermédiaires entre ceux de l’homme et ceux des anthropoïdes, rappelant souvent ceux des microcéphales : « Forme générale ; simplicité générale et aspect grossier des circonvolutions ; position et direction des scissures sylviennc et rolandique ; netteté et longueur de la scissure pariéto-occipitale ; réductiondes lobes frontaux, surtout dans leur région antérieure ; accentuation du bec encéphalii |ue ; caractère primitif de la 3’frontale ])robablemcnt dépouruc de ]>ied ; présence d’un sitlcus liinatiis très développé ; écartement des lobes cérébelleux latéraux et exposition du vermis ; direction de la moelle allongée. Si certains de ces derniers caractères paraissent indiquer une évolution moins

avancée, beaucoup d’autres semblent être sous la dépendance de la forme générale de l’encéphale. »

Sortant du domaine de l’anatomie comparée pour entrer dans la psjcho-physiologie, ces naturalistes ajoutent : « S’il est une notion acquise en matière de physiologie cérébrale, c’est que les parties antérieures des lobes frontaux sont indispensables à la vie intellectuelle. Ses lésions ne retentissent ni sur la sensibilité ni sur la motricité, mais occasionnent des troubles intellectuels ; l’atrophie bilatérale des lobes frontaux entraîne toujours la démence ou le gâtisme. »

Or les lobes frontaux de l’homme de I^a-Chapelleaux-Saints sont fort réduits. D’où ils tirent cette conclusion

« probable » qu’il ne possédait qu’un psychisme

rudimenlaire, notablement inférieur à celui de n’importe quelle race humaine actuelle.

Ces mêmes auteurs ont essayé de deviner si cet individu possédait un langage articulé perfectionné. De la morphologie de la région où Buoca localise la faculté du langage, troisième circonvolution frontale et spécialement son pied, ils concluent que, dans la mesure où la théorie de Broca, aujourd’hui très attaquée, peut être exacte, on doit supposer un médiocre développement du langage articulé.

En tenant conq)tedetout ce que ces raisonnements, traitant de matières aussi neuves, renferment de fort hypothétique, en se rappelant les objections quefonl déjà certains anatomistes, on peut, send>le-t-il, résunu >r ainsi l’état psycho-physiologique de l’homme de La-Chapellc-aux-Sainls : il avait les centres moteurs et sensitifs fortement développés, par conséquent il I)Ouvait avoir des mouvements puissants et prompts, des sensations nombreuses et subtiles. An contraire, les centres intellectuels assez réduits correspondaient chez lui à une aciivité mentale restreinte, il faisait peu de philosoi)hie, peu de science, par suite sa parole n’avait pas un champ étendu. Mais il n’y a de ce chef aucun motif de lui refuser la raison et la liberté. D’autre part, des arguments positifs permettent de lui attribuer la crovance à la causalité, à l’âme, à l’autre vie, au respect dû aux morts, c’est-à-dire tout un commencement de conceptions métaphysiques, morales et scientifiques. Son âme avait peut-être le niveau de celle d’un enfant de 10 à 15ans qui aurait grandi sans éducation scolaire.

Comparaison des divers squelettes du Paléolithique ancien. — Les caractères anatomiques de l’homme de La-ChapelIe-aux-Saints sont, dans la mesure où l’on a des termes de comparaison, les mêmes que ceux des squelettes ou des fragments de squelettes de Néanderthal, Gibraltar, Petil-Puy-Moyen, la Ferrassie et Spy.

On a même l’impression que l’homme de la Gorrèze avaitle typenéanderthaloïde à un degréexagéré. .insi les fossiles d’Arcy dénotent un sujet jeune à caractères néanderthaloïdes atténués, de même le jeune homme du Moustier avait la voûte crânienne moins surbaissée et l’occiput moins déprimé. On constate aussi une légère atténuation à Marcilly et à Uréchamps. La mâchoire de la Naulette a de magnifiques fosses digastriques et de grosses molaires qui augmentent de volume d’avant en arrière ; ses branches sont divergentes, tovit connue celles de Goirdan, de Malarnaud et un peu celles d’isturitz.

Si nous remontons vers l’aelieulcen et le clu-llécn, les ossonunts de la Denise et les débris de Burv-Saint-l’^lmond rentrent dans le ly[)e néanderthaloïde ordinaire. Mais à roimo on trouve un Iront droit, large, lisse, assez |)eu élevé, des orbites et des arcades sourcilières uurdiocrcment écartés ; ce qui le ferait attribuera un autre type. A Tilbury, les arcades sourcilières sont moins proéminentes ; à Gallev-