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conclut qu’ils oui pu et Jû, suivant le mot plaisant de M. UB LArrAKENi, n’être que des o silex taillés païen x-mèmes ».

Une autre constatation, faite par M. l’abbé BREUiL.a permis d’expliquer d’autres colitlies à cassures plus vives et comme plus fraîches, trouvés dans des terrains de formation non plus torrentielle mais ealme. En rccueillautet en étudiant des ruyiions de silex, les uns simplement tissures, les autres complètement fragmentes, M. Ureuil a pu déterminer que des rognons intacts, placés dans un sol vierge à plusieurs mètres de profondeur, s’étaient fendus par le seul elTet lie la compression des terres. Des éclats présentaient le bulbe de percussion et les niiclei avaient le creux correspondant. Souvent le bord mince des éclats s’était écaillé et certains d’entre eux avaient absolument l’aspect des outils les plus authentiques. M. Kulot mis en présence de ces échantillons n’hésitait pas à leur attribuer une origine intentionnelle. Cependant les pièces même les plus parfaites dataient des débuts du tertiaire !

La conclusion qui s’impose à l’heure actuelle, c’est que les éolithes, ayant pu provenir de causes purement physiques, ne prouvent pas un travail psychique et l’existence de l’homme tertiaire. Celui-ci a-t-il ou non existé ? on ne peut le savoir qu’en cherchant d’autres preuves e’est-à-dire soit des ossements humains, soit des outils indiscutables places dans des couches certainement tertiaires et non remaniées.

Remarquons qu’il ne faut pas, comme on l’a fait trop souvent, étendre auxpaléolithes la critique que l’on a faite des éolithes.

On peut discuter surune pièce isolée de forme assez simple, comme un grattoir, et douter de son origine intentionnelle. On ne peut en faire autant lorsqu’un objet même isolé présente dans sa forme certains raf-Ijnements : une pointe à cran solutréenne est aussi sûrement l’œuvre d’un être intelligent qu’une monnaie de Domitien. Ledoute n’est pas non plus permis lorsque des pièces de forme assez simple, comme les grattoirs, se trouvent réunies en nombre considérable, dans un espace restreint, par exemple à un niveau déterminé dans le sol d’une grotte, associées à des débris de cuisine (charbons, os fendus ou calcines, etc.) ou même à des œuvres d’art querres gravées, ivoire sculpté, etc.) parfois dans des régions où le silex ne se trouve pas à l’état naturel. Rappelons que des documents ethnographiques nous font connaître quantité de peuplades sauvages qui, tout récemment encore, se servaient desilex taillés exactement comme les paléolithes. Il serait encoremoins raisonnable de contester l’existence d’une industrie ancienne de la pierre taillée qued’ailirmer catégoriquement le caractère intentionnel des éolithes.

En résumé, les éolithes seuls ne prouvent en rien l’existence de l’homme tertiaire. Nous verrons plus loin ce que l’on doit penser, sur ce point, des ossements découverts à Java.

II. — L’Homme quaternaire

l/unanimité la plus complète existe, parmi les préhistoriens, pour reconnaître l’existence de l’homme, dans nos régions, à une époque reculée de l’ère quaternaire. Celle époque était une phase inlcrglaciaire, à climat chaud. Certains géologues, à la suite de M. Pexck, un savant allemand, considéraient cette phase inlcrglaciaire comme la deuxième et avantdernière : MM. lîouLE cl Odkumaieu ont soutenu et établi que c’était la troisième cl dernière.

Pour point de départ de notre élude, nous ferons connaître ces premiers habitants de l’Europe, puisque c’est sur eux que la préhistoire a recueilli le

plus de renseignements. Nous ferons, à l’occasion, des rapprochements avec ce que nous ont révélé les fouilles encore bien moins complètes et bien moins précises, exécutées dans les autres parties du monde.

1° LA PREMIÈRB RACE PALÉOLITHIQUE

a) Le Milieu. — Le climat, d’abord très chaud, permet l’arrivée jusqu’en Belgique de rElcphant antique et du Rhinocéros de Merck (tous les deux à peau nue), de l’Hippopotame, d’un grand castor, le Trogonlhérium, etc.

Puis la chaleur diminue, les quatre espèces d’animaux que nous venons de nommer disparaissent ; à leur place on voit deux grands pachydermes à longs poils, le Mammouth (Elephas primigenius) et le Rhinocéros à narines cloisonnées (Rh. tichorhinus ) puis, moins imposants mais plus terribles, deux fauves, le Lion des cavernes et l’Ours des cavernes, et enQn de grands troupeaux de Bisons et de Chevaux.

Le refroidissement s’accentue pour des raisons peu connues’. Les glaciers s’allongent et des.lpes vont jusqu’à Munich, jusqu’à Lyon, butent contre le Jura ; (les Pyrénées ils s’avancent vers Lourdes ; sur le Plateau Central ils forment une vaste calotte. De tous cotés, ils versent des blocs erratiques, des boues glaciaires et des torrents de fusion. Un animal qui aujourd’hui ne peut supi)orter la chaleur pourtant peu élevée de Saint-Pétersbourg et qui se tient près du pôle, le Renne, fait son apparition en France.

Puis le climat restant froid mais devenant sec, le iMammoulIi et le Rhinocéros laineux émigrent vers le Nord-Est.

Ai)rès avoir habité sur le bord des rivières, pro-Ijablemenl en plein air, l’homme, à mesure que le froid grandit, cherche à se protéger soit en construisant des huttes sur les rivages ou sur les plateaux, soit en cherchant des abris naturels au flanc des collines de calcaire ou de grès.

Il) l’Outillage. — Les premiers instruments employés par l’homme étaient très probablement en bois et en pierre. Mais, le bois ne s’étant malheureusement pas conservé, nous ne pourrons parler que de l’outillage lilliiiiue et encore de celui qui jiorle des traces assez netles de travail intentionnel. Voici quel fut ce premier travail. Ramassant sur le sol des blocs de 10, 20, 30 cenlimèlres de longueur, l’homme les heurtait violemment l’un contre l’autre pour en détacher des éclats cl garder en main une masse à arêtes tranchantes ou à bout pointu. Ce devait être une arme redoutable jKiur repousser ou altacpier les bctes sauvages et un oui il assez commode pour dépecer celles dont la chair servait de nourriture. La pierre choisie de préférence était le silex : il se trouve à l’état naturel en rognons d’un volume moyen, non en rochers énormes ; à l’éelalement il a quelque chose des qualités de l’acier, il est dur, cassant el ses arèles sont vives et coupantes. On le trouve sur le sol après la décomposition de certains terrains calcaires.

Progressivement, ce bloc de pierre dégrossi prit une forme plus régulière, généralement en amande, le gros bout servant à la i)réhension. Il y eut également une dilTéreneiation de l’outillage : le bout pointu

1, On n abandonné l’explication par des causes astronomiques, on admet un climat très humide avec abondantes précipitations de neige dans les montagnes : peut-être 1.1 placiîition était-elle favorisée par le relèvement entre l’Europe et l’Amérique d’un continent qui empêchait les courants chauds de l’Atlantique d’aller fondre les glaces du Nord.