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HOMME

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cas, l’ethnograpliie comparée fournit des indications précieuses. En effet tous les peuples n’ont pas fait les mêmes progrès avec la même rapidité ; certains sont même restés slationnaires ou à peu près. Ainsi on a eu la surprise de voir quelques peuplades d’Australie, d’Afrique, d’Amérique employer tout récemment encore les mêmes outils de pierre que l’on trouve dans les plus anciennes stations préhistoriques de l’Europe.

Les temps reculés envisagés dans leurs grandes lignes, ont permis de distinguer deux grandes périodes successives : une première où l’homme ignorait le métal et se servait de la pierre ; une seconde où il apprend à fondre et à travailler le métal. Mais cette seconde période, en Europe occidentale, est assez en rapport avec les temps historiques de quelques peuples anciens pour qu’on ail pu y établir une chronologie ferme et assez précise.

On a donc distingué une préhistoire proprement dite et une protohistoire ; dans celle-ci seulement on peut donner des dates au sens étroit du mot. Les temps préhistoriques se subdivisent eux-mêmes en paléolithique ou période de la pierre taillée et néolithique ou période de la pierre polie. Il faut même j)arler d’un paléolithique ancien et d’un paléolithique récent.

Voici, résumées en un tableau, les grandes divisions de l’Iiistoire de l’humanité, rapprochées des divisions géologiques correspondantes :

Divisions d’ordre

Divisions d’ordre

anthropologique

géologique

Rien de positif

Eolitliique(."’)

Ere tertiaire

d après certains auteurs


Pléistocène

infér. 2’invas. glaciaire

r.

2*pliaseintergl.

1

moyen 3" inv. glaciaire Se ph, intergl.

?ALliOI.ITIl ! (JUE

Ô I

C chelléen ….

1" race i. -

^ ( mouslerien.

« 

1

supérieur 4’inv. glac.

z.

. ( auri ; înacicn. récent ^ solutréen… -" race /, > -’V magdalénien

Transition : azilien…

………. Postglaciaire

: , 
« 

(froid sec, steppes)

1

c

a

HOLOl.t^E

Climat tempéré (d’abord humide) (tourbières, forêts)

=

S’ÉOLiTiiio’i ;

tn

t

^

3

. Age ilii cuivre et

(lu bronze

c ~

1

.g’s du fer

c.

Temps liiâloritjues

Il faut maintenant placer les temps préhistoriques dans l’ensemble des temps géologiques. Un tableau montrera rapidement leurs rapports.

° Ere arehéenne.

2° — primaire.

3" — secondaire (grands reptiles).

li° — tertiaire (grands mammifères). L’homme a pu api)araitrc vers la lin de cette période, mais on ne l’a pas encore rencontra.

5° Ere quaternaire (homme certain). Les continents ont à peu près leurs limites et leur relief actuels.

Le travail qui va suivre ne s’occupera que de l’humanité préliistorique. Nous exposerons, d’après la science, les principaux faits et leurs principales explications certaines ou hypothétiques. On trouvera dans d’autres parties de ce dictionnaire les enseignements de l’exégèse et de la théologie catholiques qui portent sur certaines questions soulevées par la préhistoire.

1. — L’Homme tertiaire

Les éolithes. — On appelle éolithes querre à l’aurore) des silex qu’on trouve dans les terrains anciens et qui attesteraient, d’après certains auteurs, l’existence, dès l’ère tertiaire, d’êtres humains ou du moins d’êtres voisins de l’homme par les procédés industriels. C’est en 1867 que l’abbé Bourgeois, supérieur de l’Ecole de Pontlevoy, découvrit de ces silex à Thenay (Loir-et-Cher) et les signala au monde savant. On en recueillit d’autres en divers endroits, plus particulièrement à Olta en Portugal, au Puy-Courny près d’Aurillac, etc. Après une période d’ardentes discussions, où l’abbé Bourgeois, MM. de Quatre-FAGES et DE MoRTiLLET étaient les plus ardents partisans de l’homme tertiaire, il y eut une période d’accalmie et l’on oublia ce lointain ancêtre.

Dans ces dernières années, à la suite de découvertes d’éolithes un peu dans tous les pays du monde, la question fut reprise. Avec bon nombre de préhistoriens, un géologue, M. Rutot, conservateur au Musée de Bruxelles, dans de fréquentes publications, soutint à nouveau l’origine humaine des éolithes. Il distinguait ces outils primitifs des paléolilhcs, qui leur sont postérieurs et dont l’origine n’est pas discutée, en ceci que les premiers ont leur forme naturelle légèrement modifiée par des éclatements dus à l’utilisation ou par quelques retouches intentionnelles, tandis que les seconds ont été amenés à une forme déterminée en même temps que retouchés et usagés.

Le savantbelgen’attache qu’une importance secondaire au bulbe de percussion qui, pour M. de Mortillet, au contraire, est caractéristique du travail humain. Il y a toute uneclassilication des éolithes d’après les dilTérents étages où ils ont été trouvés.

Ces idées n’avaient pu convaincre tous les esprits et avaient même trouvé des adversaires déterminés en MM. Hardy, Arcelin, Boule, Laville, etc. Ceux-ci disaient que les silex entraînés par un torrent pouvaient et devaient, en s’enlre-choquanl, produire dans certains cas les éclatements où l’on oulail Aoir l’action de l’iiomme.

Un fait, réalisé en dehors de toute préoccupation préhistorique, vint, dune manière singulièrement probante, confirmer cette vue. Dans une fal>rique de ciment, à Mantes, il se trouve que des rognons naturels de silex sont placés avec de la craie dans des cuves d’eau et entraînés par des herses de fer, à une vitesse d’environ 4 mètres à la seconde, c’est-à-dire à peu près la vitesse du Uhùnc en temps de crue. Or quand, après 29 heures de circulation, on retire ces pierres de là, un assez grand nombre d’entre elles présentent les divers caractères des éolithes, avec toutes les variétésqu’on a cru pouvoir y déterminer : percuteurs, enclumes, rabots, grattoirs, etc., etc. Comme d’autre parties éolithes se retrouvent le plus souvent d.ins les alluvions torrentielles renfermant des silex et que leur proportion dans la masse des silex roulés est analogue à celle qu’on trouve à Mantes, on en