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HOMME

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l’empereur. » (ftetnie prat. d’apol., p. 604, 15 janv. 1909.)

u L’hérésie du moyen âge s’est presque toujours doublée de systèmes antisociaux. En un temps où la pensée humaine s’exprimait le plus souvent sous une forme théologique, les doctrines socialistes, coinnninistes et anarcliisles se sont montrées sous foMiio d’iiérésie. Dès lors, par la force des choses, la cause de l’Eglise et celle de la société étaient étroitement unies et pour ainsi dire confondues, et ainsi s’explique et se précise la question de la répression de l’hérésie au moyen âge. » (Jean Guiraud, J.a suppression de l’hérésie au moyen âge, dans Questions d’archéologie et d’histoire, p.44.) A latin de son livre sur l’Inquisition, p. 306 sq., M. Vacandard fait siennes ces paroles et il ajoute :

« Kicn d’étonnant que l’Eglise et l’Etat, ensemble

attaqués, se soient mis d’accord pour se défendre. Si l’on défalipiait de la liste des sectaires brûlés ou emmurés ceux qui furent frappés conmic perturbateurs de l’ordre social et malfaiteurs de droit commun, le nombre des hérétiques condamnés se trouverait ré<luilàune minime quantité. Ces derniers(donc, les licréti<|ues considérés comme tels) au regard de la doctrine ciuumvinément re(, ’ue, étaient également jusliciahlfs de l’Kghse et de l’Etat. On ne concevait pas que Dieu et sa révélationn’eussent pas de défenseurs dans un royaume chrétien. Les magistrats étaient, i)cnsait-on, responsables des injures faites à la divinité. Indirectement l’hérésie relevait donc de leur tribunal. Us avaient le droit et le devoir de frapper h’s erreurs contre la foi, comme ils faisaient les doctrines antisociales. » (Cf. Vbrmeerscii, La Tolérance, p. 191 sqq.)

Va terminant, nous devons ajouter une observation.

De ce que quelqu’un défend le principe de l’Inquisition, et l’application qui en a été faite par les sociétés catholiques dans le passé, il ne s’ensuit pas qu’au point (le vue historique, il nie a priori tout abus dans l’usage de ce droit. On peut blâmer ces excès, de quelque part qu’ils viennent ; les papes ont dû plusieurs fois rappeler aux inquisiteurs leurs devoirs ; il serait cependant injuste d’inqjuter à l’Eglise les fautes de quelques-uns de ses représentants. (Voir article Inouisition.)

Et surtout, il ne s’ensuit pas qu’à défendre l’inquiiition, on témoigne en vouloir le rétablissement dans nos sociétés modernes. (Cf. I ?ouix, />e judiciis, t. ii, 5, p. 896, Parisiis, 1866.) L’Eglise exerce ses pouvoirs, ses droits, non ad ruinain, mais ad aedificationem, ei si, de l’usage d’un droit, il résulte de plus grands maux pour la société, l’Eglise s’abstient. Et dans quelle mesure doit-elle user de ses pouvoirs, de son droit, un catholique lui laisse le soin de juger.

L. Choopin.


HOMME. — Plusieurs questions apologétiques relatives à l’homme ont déjà été examinées ci-dessus en divers lieux ; d’autres se représenteront ci-dessous. Le présent article, nécessaire à titre d’orientation et de supplément, ne prétend donc pas se suffire à lui-même. Il comprendra quatre parties :

I. — L’homme d’après la Genèse.

II. — L’homme préhistorique, d’après les documents paléontologique.

III. — Unité de l’espèce humaine.

IV. — L’homme devant les enseignements de l’Eglise et devant la philosophie spiritualiste.

I L’homme d’après la Genèse

L’Eglise a toujours vu dans les premières pages de la Genèse la révélation des origines du monde et de l’homme, révélation accordée par Dieu à l’humanité pour la guider dans la poursuite de sa lin surnaturelle. Cette lin surnaturelle, raison d’être d’une telle révélation, en détermine le caractère : les vérités consignées dans ces pages ne sont i)as nécessairement des vérités immédiatement raccordables aux vérités scientifiques, que peut conquérir la raison humaine appliquée à l’étude de la nature ; mais ce sont des vérités qui dominent toute recherche rationnelle. Le croyant sait qu’il peut être chimérique de vouloir les rejoindre par l’observation, délicat de les interpréter, mais qu’il n’est pas, pour autant, permis de les méconnaître. Le mystère qui les enveloppe, et qui vraisemblablement les enveloppera toujours, s’impose trop évidemment à l’esprit de l’homme pour que celui-ci ait le droit de s’étonner s’il n’arrive pas à transposer dans la langue commune de la biologie les données de la révélation chrétienne. Pleinement consciente de ce mystère, l’Eglise n’en veille pas moins jalousement sur l’intégrité du dépôt divin, et récemment encore la Commission pontilicale De rc biblica, faisant écho à la tradition de tous les siècles chrétiens, revendiquait le caractère historique des premiers chapitres de la Genèse (Réponse du 30 juin 1909, voir el-dessus, art. Genèse, col. 2’j8).

Sans répéter ici ce qui a été bien dit ailleurs (voir articles Ame, Création, Genèse, Guack), nous devons essayer de préciser les contours de cette anthropologie révélée, qui ne fait double emploi avec aucune autre anthropologie et demeure une norme au moins négative pour toute recherche ultérieure. La didiculté d’une telle étude tient surtout au caractère absolument spécial du document, qui ne rentre strictement dans aucune catégorie littéraire connue. Nous sommes en présence d’une histoire, mais d’une histoire qui ne repose pas, en dernière analyse, sur le témoignage humain et qui échappe aux conventions ordinaires du langage technique : d’où la nécessité de peser chaque assertion, chaque mot, de peur de les fausser par un commentaire impropre. Cette difficulté ne doit cependant ])as décourager l’efTort, d’autant qu’ici la tradition authentique de l’Eglise vient au secours de l’exégèle : plusieurs points de dogme, consignés dans cette première page de la Genèse, sont garantis par le magistère infaillible.

I. — La première vérité qui ressort avec évidence du double récit de la Genèse, c’est la place éminente faite à l’homme dans l’œuvre de la création, et la prédilection du Créateur pour cet ouvrage très spécial de ses mains. Après seulement que la terre aélé formée et peuplée, après les diverses générations d’animaux, l’homme est introduit en ce monde, comme un roi dans son palais. La solennité du début marque une opération nouvelle, pour laquelle Dieu semble recueillir toute sa puissance : seul entre toutes les créatures, l’homme est dit produit à l’image et ressemblance de Dieu :

Gen., I, 26, 2^ : i Puis Dieu dit : Faisons l’homme à

« notre image, selon notre ressemblance, et qu’il
« domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux
« du ciel, sur les animaux et sur toute la terre, et sur
« les reptiles qui rampent sur terre. Et Dieu créa

II l’homme à son image ; ill’a créé à l’image de Dieu ;

« il les a créés mâle et femelle. » 

Tel est le premier récit. i