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GUERISONS MIRACULEUSES

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gressivcment à mesure que l’on pouvait reconnaître ou suspecter la cause organique des échantillons qu’on en retranchait. U y a un siècle, Pinel.Georgkt, LouYER-ViLLEUMAY classaicnt encore clans les névroses la coqueluche et la colique de ploiub ; il y a vingt ans AxENFELU. HtCHARD, DiEiLAFOv, et, en Allemagne Oppenheim, en Italie Agostini, y faisaient rentrer : qui, la cliorce ; qui, l’épilepsie ; qui, la maladie de Parkinson ou le goitre exophtalmique, elasséjadis dans les o névroses du ca-ur » ( !), aujourd’hui reconnu d’origine glandulaire. Que l’on y fasse encore rentrer l’hystérie, cela ne prouve que l’ignorance actuelle au sujet de lacausede l’hystérie. On trouvera au mot Hystérie quelques développements à ce sujet, Disons seulement ici que le terme d’Hystérie est vague, par conséquent suspect, et qu’en ce qui concerne les guérisons miraculeuses il ne prétend les expliquer que par une part bien délinie de son contenu, par la notion de suggestibilité qu’il implique : de sorte que la prétendue explication des guérisons miraculeuses par l’hystérie se restreint à la prétendue explication par la suggestibilité, avec cette précision toutefois que la qualilication d’hystérique, appliquée aux clients heureux des sanctuaires, entend préjuger du caractère fonctionnel de leur maladie, et non pas seulement du caractère suggestionnel de leur guérison. On verra en elTet au mot Suggestion que toute guérison subite obtenue par suggestion ne peut concerner que des troubles purement fonctionnels, des troubles sans lésions, des arrêts du mécanisme organique uniquement causés par une suspension momentanée du courant vital nerveux (détachement du trolley n), non par une avarie du moteur.

Toute explication, par la suggestibilité, d’une guérison déclarée ou présumée miraculeuse revient donc à déclarer que la maladie n’était pas organique, mais fonctionnelle, selon ou malgré toute apparence, qu’il s’agissait d’une pseudo-tuberculose, d’un pseudo-cancer, d’une pseudo-fracture, etc. et c’est à ces pseudomaladies qu’on donne le nom d’hystérie ou d’hystérose (Houby). L’elTort de M. Houhy (Latérite sur Lourdes, chez Nourrit) s’est uniquement porté sur ce point : démontrer Jï/Hs tous les cas connus qu’il y a eu, sinon fraude (voir inl’ra, HI, § 2 B). du moins hystérose. c’est-à-dire contrefaçon volontaire, subconsciente ou ignorée de maladie organique, mais contrefaçon, maladie nerveuse ne consistant qu’en un fonctionnement vicieux d’organes matériellement intacts. C’est à ce phénomène que Rouby donne le nom (Vliystérose, et il caracléi-ise l’hystérose par les propriétés suivantes {op. cit.. pp. 59-62) : elle est sans lésions, elle apparaît et disparait subitement au gré des suggestions, elle revct toutesles formesetsimule tous lesaccidents, elle ne trouble nullement la santé générale. — Ce type nosologique n’est pas méconnaissable ; il existe en réalité, on peut si l’on veut lui donner le nom d’hystérose, ou d’hystérie, le premier ayant l’inconvénient d’être moins connu, compensé par l’unique avantage de rimer avec rose. Mais ce qui est peu pratique, c’est de démontrer que tous les cas connus de Lourdes sont des cas d’hystérose : cela entraîne des diagnostics à distance dont la valeur est quasi nulle malgré la science du praticien qui les pose. Et ce qui est, enfin, tout à fait illogique, c’est de croire que la notion de guérison miraculeuse sera extirpée de notre esprit parce que quelques cas (l’auteur, évidemment, ne connaît pas toute l’histoire de Lourdes) paraissent à l’auteur cité suspects d’hystérose. D’abord il est lui-même suspect d’erreur ; en outre, il est incomplet, et, enlin, lemoindre cas entaché d’interprétation vicieuse retire du crédit au reste (cf. pour plus am]>le critique van der Ei.st, lie^ue de Pliilosopliio,

! <’juillet igi i.ella Croix, 12 sept. 191 1). La question

de Lourdes sera d’ailleurs amplement traitée au mot Lourdes. — Retenons ici que toute explication par hystérose se ramène à une explication par la suggestion — et que cette explication ne vaut que pour les maladies fonctionnelles.

Mais, nonobstant M. Rouby et consorts, certains faits de Lourdes et d’ailleurs ont paru, même à des incroyants, assez étonnants, assez assurément démonstratifs d’une guérison organique subite.pour que l’école positiviste ou matérialiste se retranche sur un autre genre d’explication. Les travaux du D"^ Boissabie en France, du P. Gemelli en Italie, les observations du professeur Guinier de Honlpellier (Questions actuelles, ^6 février 1910), du professeur Duret de Lille {Bull. soc. S. Luc, 1910), les séances publiques où tous les ans, à Paris, sont exposés, avec pièces en main, par des spécialistes(D" Le Bec, M.^umus, Sabi.é, etc.), des cas de guérison soudaine de tissus lésés, ont forcé l’attention publique et ecllemême du monde cultivé et savant (D’de Grandmaison. Correspondant, 20 décembre 191 1). On a concédé que « la caractéristique » de ces guérisons est une « néoformation de tissus, à marche rapide » (Grillière. /.a7 ?ei » e, i"septembre igii. Nous avons commenté cet article dans la Croix du 12 septembre 191 1). — Mais on attribue cette néoformation à des forces inconnues. Cette solution ne saurait être critiquée, et elle offrirait à l’incrédulité un refuge de tout repos contre les conclusions mêmes du bon sens, si l’on n’avait le moyen de trouver, même dans ces forces inconnues, des contradictions avec la nature. Inconnues ou non, toutes les forces de la nature évoluent et opèrent avec constance et avec lenteur, ou, si elles opèrent exceptionnellement et promptcment, c’est, dans lepremicrcas, que quelque chose de moins s’oppose à leur action, vers laquelle elles tendent toujours, et. dans le second cas, que l’on met tout en œuvre pour les faire agir, auquel cas elles trahissent cet effort par des signes extérieurs. Il est clair, par exemple, que si une « force inconnue », comme était l’électricité il y a 200 ans, avait pu produire un phénomène quelconque, par exemple la combinaison de l’oxygène et de l’hydrogène en eau, ou l’électrolyse, la galvanisation, etc., ce phénomène de cause inconnue n’en aurait pas moins été accompagné des faits habituellement concomitants (dégagement de chaleur, etc.). Il est non moins clair que si, actuellement, des forces inconnues produisaient la prolilication immédiate d’innombrables cellules, cela représenterait une transformation d’énergies physico-chimiques en énergie vitale, en nutrition, et, par conséquent, ces énergies physico-chimiques devraient être prises quelque part et leur transformation coûter quelque chose à l’organismeépuisé. M. Grillière, qui cite des expériences où cette transformation a été extrêmement rapide (loco ci-’tat(i), a soin d’ajouter que les observateurs s’étaient servis d’une culture de rate « artificiellement stimulée n : les énergies avaient été canalisées, multipliées, couvées, mais on les avait prises quelque part. Dans les guérisons miraculeuses, on chercherait I en vain d’où sortent ces forces inconnues. Il ne suffit donc pas, comme l’a prétendu encore Ferrari contre Gemelli (l.a lolta coniro Lourdes. tp. ao4 et ig"-). de dire que la production d’un fait habituel exclut le miracle, quand il n’y a que la rareté et la brièveté deson apparition pour le caractériser miraculeux : car cette brièveté d’apparition, à elle seule, en dehors de tout emprunt d’énergie extérieure, présente avec la nature, avec toute la nature connue ou inconnue, une contradiction insurmontable. En fait, d’ailleurs, l’embarras de ces dialecticiens en mal de « forces inconnues » se traliil plus ou moinspar de pures hypothèses, des ajournements Si’/ie die, quand ce n’est pas