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GRECS (RELIGION DES)

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fécondité des femmes, à la santé des hommes, à la prospérité du commerce et des industries, au succès des entreprises privées et publiques, sans s’inquiéter de savoir si tout cela s’accorde avec la notion primitive de cette divinité et ne rentre pas dans le domaine d’autres dieux '. u Contentons-nous donc de présenter sous leurs aspects les plus saillants les principales divinités de la Grèce liistorique.

Zeus est le dieu par excellence de l’iiellénisme, celui que le culte comme la poésie ont exalté au rang suprême. Maître du ciel, il habite l'étlier au-dessus des nuages, et il aime à être adoré sur le sommet des claires montagnes. De la région lumineuse où il réside, il régit les phénomènes célestes, il fait neiger et pleuvoir ; armé de la foudre que lui forgent les Cyclopes. il déchaîne les orages. Au moral, il est orné des qualités, qui conviennent au père des dieux et hommes. Il est le dieu qui protège les naissances, le foyer, la famille, les villes, il est le dieu de l’amitié, de l’hospitalité, le dieu des armes et des triomphes, le dieu purilicaleur et vengeur, le dieu doux, refuge des suppliants. H est tout-iiuissant et sage, il connaît l’avenir et le signilie par ses oracles. Cette majesté, dont la statue de Zeus, sculptée par Phidias, était aux yeux des Athéniens le magnilique symbole, se voilait pourtant de bien des ombres. Comme tous les dieux grecs, Zeus a son histoire, il est né, a grandi, est arrivé au pouvoir par la violence. Depuis lors, bien des épisodes ont varié sa vie ; les récits antiqties et populaires abondaient en aventures amoureuses d’une révoltante immoralité. Chez les philosophes et les poètes d'àme plus haute, l’idéal s’allina avec le temps, si bien que dans l’hymne de Cléanthe (ut' siècle avant J.-C.)Zeus représente le dieu unique de la philosophie stoïcienne.

lille de Kronos et de Uhéa, Héra est la sœur et l'épouse de Zeus, dont elle partage la puissance. Elle était tonte désignée pour être la divinité protectrice du mariage. C’est le trait dominant de son culte, qui fleurit à Argos et dans le Péloponnèse.

Plus en honneur chez les Ioniens, surtout en Attique, apparaît.théna. la fille favorite de Zeus. Les hymnes homériques la font jaillir, tout armée, de la tête du i)ère des dieux. Quelques mythologues ont voulu découvrir « sous la légende le caractère primitivement naturaliste de la déesse. Pour les uns, Athéna aurait été la divinité des orages, de l'éclair qui fend le ciel nuageux, pour d’autres, la déesse de l'éther lumineux ou troublé. De cette conception, il ne reste dans son culte aucun souvenir précis. Les attributs, dont l’a enrichie l’imagination grecque, sont d’ordre moral et polititjue..lhéna est honorée comme la divinité poliade par excellence, la protectrice des cités et des acropoles. Vierge guerrière, elle reçoit le butin des lances triomphantes. A l’intérieur de la cité, elle veille sur les affaires publiques, le commerce, l’industrie, les arts. En Attique elle protège la culture de l’olivier, la grande richesse du pays. C’est à Athènes que le personnage d’Athéna a pris son plus magnilicpie développement. Les marins, rentrant au Pirée, pouvaient apercevoir sa colossale statue dominant l’Acropole, et la saluer comme la personnilicalion idéale de leur cité intelligente et active.

Avec Athéna,.poIlon, fds de Zeus et de Latone, est une des divinités les plus puissantes du monde grec, cl réunit en lui de multiples attributs. Dans les campagnes les plus isolées, en Arcadie et en La . Journal des Saranh, ISHi), p. 279. Le passage de lu vie ngricole à la vii> de cilé a <lù olre imc des causes pnncqiales de la, super|>osil.on d’attributs moraux assez divers aux atlriliuls natunls.

conie, il est le dieu des bergers et des pâturages. Les Ioniens de Délos saluent en lui le dieu de la poésie et des arts, qui conduit le choeur des Muses et des Grâces. Il apparaît tantôt distinct de Ilélios, le dieu du soleil, tantôt identilié avec lui, mais seulement à partir du v' siècle avant Jésus-Christ. — A Delphes, il est le prophète toujoursccouté, rendant les oracles ipie lui dicte Zeus en personne. C’est au vn= siècle qu’Apollon devient par excellence le dieu des oracles, et commence à se réserver le monopole presque exclusif (le la mantique : « Il ne faut d’ailleurs point considérer la mantique inspirée comme issue du culte d'.pollon, mais de celui de Dionysos ; elle a pris naissance chez les fidèles de Dionysos, qui dans l’ivresse de leurs états extatiques croyaient entrer en communion intime avec leur dieu. » (BoxLEn, flulletin de rinstitut catliolique de Purix. décembre iqio p. 170.) ' '

Comme Apollon, Artémis, du moins d’après les traditions épiques et lyriques, est lille de Latone et, pour faire pendant à son frère, on l’identiGa avec Hécate et Séléné, les déesses lunaires. Roscher cite Eschyle comme premier témoin de cette fusion. — Les traits primitifs sont ceux d’une déesse de la fécondité, patronne des campagnes et des animaux. Elle parcourt en chasseresse les bois et les montagnes ; vierge, elle protège la chasteté et les amours légitimes. Au contact d’Astarté et de Cybèle, son culte devait s’altérer en Asie-Mineure, ct’l'Artémis d’Ephèse s’appropria les rites sensuels des divinités orientales.

Cette influence de l’Orient se manifeste plus profonde encore dans le culte d’Aphrodite, si souvent assimilée à l’Astarté sémitique, et aussi dans l’emprunt, fait aux Phéniciens, du mythe d’Adonis (le Tammouz des Babyloniens), le bel adolescent aimé par.phrodite, qui meurt et renaît chaque année, comme la végétation qu’il personnifie.

Parmi les grands dieux, il faudrait encore citer .rès, le dieu de la guerre, probablement d’origine thrace, Hermès, dieu des troupeaux et de la fécondité, devenu au xxiV chant de l’Iliade le héraut de Zeus, et au xxiV chant de l’Odyssée, le conducteur des âmes vers les enfers ; Hadès et Perséphone, le dieu et la déesse des morts, enfin les divinités qui présidaient aux mystères d’Eleusis, Déméter, la déesse de la terre nourricière, Koré sa fille, et Dionysos, dans lequel il ne faut voir primitiement ni un dieu du viii, ni un dieu de la bière, mais le génie de la végétation. On lui consacre le lierre, parce qu’en hiver cette plante toujours verdoyante semble le refuge de la puissance végétative. (Cf Paul PerDuiziiT, Ciilles et mythes du Pangée, Paris et Nancy, '9'0 ;) — Sur mer régnait Poséidon. Pour les uns' c'était, à l’origine, un dieu des forces soulerraineset des tremblements de terre ; d’autres y voient un dieu des eaux, devenuplus siiécialement le dieu des mers, quand ses adorateurs se lancèrent dans les courses maritimes.

Au-dessous des grands dieux, fourmillent des dieux secondaires, divinités terribles comme les Furies, divinités gracieuses. Nymphes des bois, des sources et des fleuves, les cinquantes Néréides et les trois mille Océanides, dieux n'émergeant qu'à demi de la bestialité. Pan et les cortèges de Silènes et de Satyres. Peut-être quelques-uns de ces êtres hybrides ne sont-ils que les surivances d’anciens démons de la pério<le mycénienne aux formes à demi animales.

Au VU" et au vi « siècle, l’histoire constate l'éi)anouisscmenl du culte des héros. L'épopée avait grandi, idéalisé ses personnages, peut-être aussi rabaissé certains dieux en décadence ; le culte des