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GRECQUE (ÉGLISE)

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peul voir que des opinions théologiques, dont la valeur reste jiour lui à être déterminée par l’autorité infaillible de son Eglise.

Cette conclusion est d’autant plus légitime que, sur la plupart des points discutés de nos jours, des théologiens orthodoxes de marque, quelquefois les confessions de foi elles-mêmes, ont cté d’accord dans le passé ou s’accordent encore dans le présent avec l’Eglise catholique, pour ce qui loucheau fond même de ladoctrine. Comment traiter d’hérésies lesdogmes catholiques suivants : l’inspiration des deutérocanoniques de l’Ancien Testament, l’Imniaculte conception de la Sainte Vierge, la validité du baptême par infusion, la consécration de l’Eucharistie par les seules paroles dominicales, l’existence d’une peine tenqjorclle due au péché effacé par l’absolution, le pouvoir de l’Eglise d’accorder des indulgences relativement à cette peine, le caractère inefl’açable du sacrement de l’Ordre, l’inamissibilité du pouvoir sacerdotal, l’existence après la mort d’un état intermédiaire entre l’étal de béatitude et l’état de damnation, la lixation délinitive du sort de chaque âme par le jugement particulier, la béatitude immédiate des âmes saintes, la venue de saint Pierre à Rome, sa primauté de juridiction sur les autres Apôtres, la primauté du pape sur l’Eglise universelle, alors qu’on peut dresserde longues listes de tliéologienscélèbres, lils soumis de l’Eglise orthodoxe et souvent ennemis acharnés des Latins, qui ont enseigné sur chacun de ces points une doctrine identique dans le fond, sinon toujours dans l’expression, à la doctrine de l’Eglise catholique ? alors que sur plusieurs de ces points, on peut faire valoir dans le même sens le témoignage des confessions de foi et d’autres documents revêtus d’un caractère olïïciel ? Le court aperçu donné plus liant sur les divergences dogmatiques montre que ce ne sont pas là de vaines allirniations. Une histoire détaillée des variations de la théologie orthodoxe depuis Michel Cérulaire en ferait éclater l’évidence à tous les yeux.

L’apologiste dispose d’une autre ressource pour fermer la bouche à l’Orthodoxe qui accuse l’Eglise catholique d’hérésie. Cette ressource, ce sont les livres liturgiques eux-mêmes dont se servent les Eglises autocéphales*. Sur les principales questions controversées : primauté et infaillibilité de saint Pierre et du pape, procession du Saint-Esprit per Fitium, Immaculée conception. Purgatoire, béatitude immédiate des saints, la liturgie grecque fournit des témoignages suffisamment clairs, favorables à la doctrine catholique. Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans les détails. Sur la primauté de saint Pierre et du Pape, d’après la liturgie grecque, on peut consulter l’ouvrage du P. ToNDiNi : La primauté de saint Pierre, prouvée parles titres que lui donne l’Eglise russe dans sa liturgie, Pavis, 186’ ;  ; et le Kalendarium utriusque Ecclesiæ du P. Nillks, 1. 1, pp.51, lo’ ; , 121, li-j, 138, igS-ujô. Sur la procession du Saint-Esprit, je relève les deux passages suivants empruntés, l’un à l’oflice du dimanche de la Pentecôte et l’autre à celui du jeudi de la même fête :

« Tu es le fleuve de la divinité, procédant du Père

par le Fils : « Su yor^ -’y-v.ii.ii d^c’rr-’ji ix Yly.zoii Si’l’i’iù

« Le Saint-Esprit est reconnu Dieu, ayant la même

nature et assis sur le même trône que le Père et le Fils, lumière supraparfaite dérivant de la lumière, procédant du Père parfait et sans-principe par le

Fils : « Tô n>£yaa TÔ ér/iiv 0Ecr, Vj^iyA^ y.o.t TJvdp’yjo-j OaT^t

1. D’oprcs ce que nous.Tvons dit jiliis hniit, col. 384, il est clair qu’il faut se délier des éditions récentes et recourir aux auciennes.

Kf>'L Ac*/o », yjùiptl^zry.i t^j^ u~tpTéyît^v ty. ^&J7îi szyyladavj £5"

Il s’agit bien dans ces deux passages de la procession éternelle du Saint-Esprit. La fin de non-recevoir opposée par les disciples de Photius à tout texte indiquant une allusion à la mission temiiorelle de la troisième Personne de la Trinité, ne peut trouver place ici. Il ne reste qu’à torturer, malgré les protestations du bon sens, le ôi’l’ijO, pour lui faire signilier autre chose que le dogme catholique. Inutile de faire des citations se rapportant à l’Immaculée conception, à la prière efficace jiour les morts, à la béatitude immédiate des justes. On en trouve dans tous les manuels, bien que souvent le choix laisse à désirer. On voit donc que pour défendre le dogme catholique contre les attaques des théologiens du schisme, point n’est besoin de recourir à la tradition de l’ancienne Eglise. Eux-mêmes fournissent le^ armes qui servent à les combattre. Le difficile est de les amener à être logiques. Tel théologien qui ne jure que par les sept conciles et fait U des confessions de foi, qu’il trouve entachées de latinisme, s’insurge quand même, pris d’une colère de commande, contre les hérésies papiques. Il ne faut point désespérer cependant de trouver des âmes sincères, pour lesquelles dire non, même quand leur esprit dit oui, n’est pas une habitude, et qui n’auront pas trop de peine à convenir qu’en effet, en vertu des principes de l’Eglise orf/iO</o. « e, l’Eglise catholique ne saurait être considérée comme hérétique.

Les tentatives d’union qui se sont produites dernièrement entre les Vieux-catholiques et l’Eglise russe ont eu ce résultat heureux d’ouvrir les yeux à plusieius théologiens russes sur la véritable situation doctrinale de leur Eglise. Poussés sans trêve ni relâche par la vigoureuse logique de M. Michaud, ils ont été obligés d’accepter purement et simplement comme base d’entente les définitions des sept conciles, ni plus, ni moins. On les a vus distinguer entre ces définitions et les opinions théologiques, désignées sous le nom de f/iéoîogo « /nènes. La doctrine diiFtliûque a été rangée expressément au nombre des théologoumènes par Bolotof, Kibhihf, Sviiîtlof et plusieurs autres. Répondant à l’évêque Siîrge, qui n’admet i)oint cette distinction entre dogmes et théologouniènes, KmEiKF a écrit : « Le seul organe infaillible est le concile œcuménique, dont les décisions ont besoin d’être sanctionnées par le consentement du peuple chrétien… Rien, en deliors des sept conciles œcuméniques, n’est obligatoire ni même utile. Il y a assez de dogmes 1), Itevue internationale de théologie, t. Xll (1904). p- 600-601. Voir dans la même revue, t. VI (1898), p. 681-712, l’article de Bolotof sur le Fitioque. On sait qu’aux fameuses conférences de Bonn (1874- 1875), présidées par Dôllinger, les re])réscntants des Églises séparées, parmi lesquels on comptait plusieurs théologiens orthodoxes, convinrent que l’union devait se faire sur la base des sept conciles oecuméniques.

Mallieureusemeiit ces beaux essais de logique ni’sont point poussés jusqu’au bout. Si l’on met le Filiuque au nombre des théologoumènes.on se gard. bien d’y ranger la primauté et l’infaillibilité du pape. Un partisan des théologoumènes.rarcliiprétre Yanychef, se permet d’écrire que la primauté et l’infaillibilité du pape constituent un faux ilogiiie, lievue Internationale de théologie, t. XI (1903), p. 6. Qu’en sait-il, s’il est faux, et qu’en savent les Vieux-catholiques, eux qui ne vivent que de la négation de ce dogme’.' iMais il faut bien que l’eiTCur se trahisse par quelque endroit.

5c) L’apologiste catholique a fait admettre à son interlocuteur orthodoxe (

t l’Eglise romaine ne sau-