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GRECQUE (EGLISE)

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Pierre, mais comme an Christ lui-même, xv.i rr.v ii : o-r « Yr, -j Kvrii 5&J7î ; jt : v, ’/jy iii Tw II-T&o) /j-oviv, « y/* éti « ùrû rot 2wtï ; ^(, Dialogus contra hæreses, cap. xxiil, P. G., t. CLV, col. 120 B, D. A la lin du xix’siècle, un patriarche de Conslanliiiople, AntuiaMe VU, met en doute, dans une encyeli(iue, la venue de saint Pierre à Rome.

Ces A-arialions et ces conlradielions perpétuelles ne doivent point nous svirprendre. Elles sont la suite lopi (pie et nécessaire de l’absence de magistère enseignant infaillible dans l’Eglise ])liotienne. Le concile œcunu’niipie est la seule autorité infaillible devant laquelle tous les Ortliodoxes s’inclinent. Or ]iour eux, il n’y a pas eu de concile œcuménique depuis la séparation, et les sept iireniiers, qu’ils reconnaissent, n’ont tranche d’une manière expresse et directe aucune des questions controversées. Le résultat est que les théologiens sont livrés à leur propre jugement pour tout ce qui n’a pas été strictement délini par le magistère solennel de l’Eglise, durant les huit premiers siècles. Les premiers l’auteurs du schisme ont cherché à légitimer leur rupture par des prétextes d’ordre doctrinal, qu’ils ont expli(|nés à letir manière. Les héritiers de leur schisme, tout en conservant ces prétextes, ne les ont pas toujours entendus de la même façon. Ils ont eux-mêmes trouvé de nouveaux griefs ; mais, pas plus ie leurs aines, ils n’ont réussi à imposer leur manière de voir à tous et pour toujours.

Nous achèverons de caractériser la polémique anticatholique des tliéologiens du schisme en faisant remar(pier qu’elle emprunte ses arguments aussi bien au raisonnement philosophique qu’à la tradition ])atristique. On dit sans doute beaucoup de mal, de nos jours, en Russie et même en Grèce, de la seolastique latine ; mais cela n’empêche pas qu’on oppose seolastique à seolastique et qu’on cherche par toute sorte de sophismes et de déclamations à montrerque les dogmes catholiques sont déraisonnables. Que de pages n’écrit-on pas, par exemple, pour prouver l’absurdité du dogme de la primauté et de l’infalliljilité du pape, l’impossibilité de l’Immaculée Conception ? Sur la question des azymes, les polémistes moyenâgeux nous ont laissé de délicieux arguments de raison etl’on sait le rùlejoué par la sophistique dansia question de la procession du Saint-Esprit. Les disciples de Pliotius se sentent au fond mal à l’aise sur le terrain de la théologie positive. Ils mettent tout leur soin à passer sous silence les textes des Pères qui contredisent ou vertement leurs doctrines. L’un d’entre eux écrivait récemment dans un manuel de théologie cette phrase, qui fera sourire le dernier de nos séminaristes :

« Historiquement parlant, tout le chœur

des Pères a enseigné la procession du Saint-Esprit du

Père seul ». AndROUTSOS, ^v/iiy.ztyjr, t ?, i op/Joùd^Vj vyy.zoMy ?, i/Mr, 71v. : , Athènes, 1907, p. 80.

Après avoir dévoilé la tactique des théologiens du schisme et fait connaître la valeur de leurs procédés polémiques, essayons de déterminer le rôle de l’apologiste appelé à défendre l’Eglise eatliolique contre leurs attaques.

RÔI.E DE l’apologiste CATHOLIQUE

On a dit bien souvent et l’on répète encore que les griefs élevés par les auteurs du schisme et par leurs disciples, au cours des siècles, contre l’Eglise romaine n’ont été que des prétextes pour donner une apparence de légitimité à la rupture et la faire durer. Ce que nous venons de dire des caractères de la polémique anlicatholiqucdes théologiens schismaliques confirme trop cette manière de voir pour que nous songions à en contester la justesse. Riais une question préalable se présente ici tout naturellement à l’esprit.

Si le schisme ne s’abrite que derrière des prétextes, -si ses défenseurs ne font valoir que des raisons auxquelles ils ne croient pas, à quoi bon s’arrêter à les réfuter ? La meilleure méthode n’est-elle |K)int, en pareil cas, un silence dédaigneux ? Certains actes du clergé schismatique conseilleraient cette coiuluite. Ne voit-on pas le synode athénien ou le synode phanariote faire fléchir la loi de la rebaptisation en faveur de tel conveiti du catholicisme qui répugne trop au baptême par immersion ? En 1839, lorsque des évêques et des clercs uniates réunis à Polotsk demandèrent à être incorporés à l’Eglise russe, le saintsynode de Pétersbourg n’exigea d’eux que la renonciation à la juridiction romaine et garda le silence surtout le reste (voir I article du R. P. Tondini : Une étrange profession de foi russe, dans le Bessarioiie, t. IX, 2’série (1905), p. 2 4 1-2/(6). Pobiedo.notsef, le haut procureur bien connu du même synode russe, ne faisait pas dilliculté d’avouer que le seul obstacle sérieux à l’union des Eglises était la primauté du jiape.

Il se peut que pour certains dignitaires haut placés des Eglises aulocéphales, qui ont étudie sérieusement l’histoire du schisme et savent à quoi s’en tenir sur la doctrine de l’ancienne Eglise, les points controverses ne soient que des prétextes commodes pour maintenir une séparation toute ]>rolitable à leurs intérêts ; mais ce serait, selon nous, une erreur de croire que la mauvaise foi est le fait de tous les membres du clergé <h7/io(/oj’( ? et des laïques au courant des questions théologiques. On ne parle pas de l’ensemble du peuple ni même d’une bonne partie du clergé inférieur ; l’ignorance assure en général la bonne foi de l’un et l’autre. Ce n’est pas impunément qu’on répète pendant des siècles, au sein d’une Eglise nombreuse, des erreurs sur la Trinité, sur l’Eglise, sur les sacrements, sur les tins dernières. Sous l’inlluence de l’enseignement reçu et des préjugés transmis de génération en génération, les meilleurs esprits se laissent persuader. La position doctrinale du Protestantisme est bien plus intenable que celle de l’Eglise gréco-russe. Et cependant n’y a-t-il pas, même parmi les gens les plus instruits, des prolestants de bonne foi ? Le cas d’un Newman ou celui d’un Pusey en disent long à ce sujet.

Une des principales bases sur lesquelles repose le schisme à l’heure présente est certainement l’ignorance où sont un grand nombre d’Orientaux, tant de l’enseignement de l’Eglise des huit premiers siècles sur les principales questions controversées, que de la doctrine actuelle de l’Eglise catholique, souvent altérée, nous l’avons déjà dit, dans les ouvrages de théologie ortliodoxe. Voilà pourquoi, en présence des divergences, le silence ne saurait être une méthode. La mission de l’apologiste doit être au contraire de répandre la lumière à flots sur ces fameuses questions, que les controverses du passé sont loin d’avoir épuisées. Le schisme, qui aime trop souvent à se dissimuler sous un masque de mensonge et de fourberie, ne pourra soutenir longtemps l’éclat de la vérité. C’est Joseph dk Maistre qui disait que « si l’on exposait les Eglises photiennes à l’action du catholicisme avec un feu de science suflisant, elles disparaîtraient presque subitement », Du Pape, livre IV, chapitre m. Remarquablesaussi sont les paroles qu’écrivait récemment le directeur de YKncxclopédietliéolDgiijue orthodoxe, M. N. Gloibokovskii, en rendant compte d’un ouvrage catholique : « Le schisme est né de dissensions humaines ; il se maintient par une obstination humaine, que nourrit une défiance réciproque ; c’est pourquoi une science profonde, loyale et impartiale est le meilleur mojen d’écarter cette lamentable barrière », Strannik, igo4, t. I, p. ig6 et sq.