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GRECQUE (ÉGLISE)

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reconfirmation des apostats. L’Eglise orthodoxe lenouvelle le sdcrfinent de eonllriiiation à ceux de ses enfants qui, après l’avoir reçu une première l’ois de la main de ses ministres et avoir apostasie, reviennent à résipiscence. Mais il y a cette dilTérenee entre l’Eglise russe et l’Eglise du Plianar que la première ne considère comme apostats proprement dits rpie ceux <[ui ont renoncé complètement au cliristianisme en embrassant soit le judaïsme, soit le mahométisuie ou le paganisme, tandis que le seconde n’hésite point à oindre de nouveau avec le chrême, même les orthodoxes, tomljès seulement dans’évé%’e papique.

Réitérer la confirmation équivaut à nier que ce sacrement imprime un caractère inelTaçable. C’est bien là en effet la doctrine ollicielle de l’Eglise grecque, consignée dans la confession de Pierre Mogiiila et plusieurs de ses théologiens reprochent aux catholiques d’enseigner le contraire. La reconfirmation des apostats est pratiquée depuis longtemps. Un oflice composé par le patriarche saint Mktiiode (843847) pour la réconciliation des renégats, et mal interprété dans la suite, semble y avoir donné occasion. Il est difficile d’indii|uer l’époque précise où l’on a transformé le rite pénitentiel en sacrement,.uxiii’siècle, cette transformation était déjà opérée et au xiv’, Nicolas Cabasil.4.s cherchait à expliquer pourquoi on réitérait la conlirmation et non le baptême à ceux qui avaient renié leur foi, P. G., t. CL, col. 545. Sur cette divergence, voir M. Jugie, La recon/innalioii des apostats dans l’Eglise gréco-russe, Eclios d’Orient, t. ÏX (1906), p. 67-76.

l’ispiclèsb eucharistique

Vient ensuite la délicate question de l’épiclèse. D’après la doctrine de l’Eglise grecque. le changementdu pain et du vin au corps et au sangde Jésus-Christ se produit au moment où le prêtre prononce l’invocation au Saint-Esprit, qui, dans la liturgie grecque, vient après les paroles de l’institution. Cellesci n’ont qu’un caractère narratif, et si certains théologiens aflirment qu’elles concourent à la consécration, ils veulentsimplement dire que, prononcéesune seule fois par Notre-Seigneur, elles ont conféré d’une manière générale et une fois pour toutes au pain et au vin le pouvoir d’être changés au corps et au sang de Jésus-Christ, ou que leur récitation par le prêtre conditionne l’effet ])roduit au moment de l’épiclèse.

Ce n’est pas à Nicolas Cabasilas, comme on le dit conimunémenl, que revient la paternité de cette théorie. On la trouve déjà dans les auteurs byzantins qui ont combatlu les Iconoclastes. Ces derniers disaient qu’il n’y avait qu’une seule image de Jésus-Christ vraiment digne de notre vénération, l’Eucliaristie, etpour justilier cette a ppellat ion d’image, ap]>liquée au Saint-Sacrement, ils se basaient sur une expression employée dans la messe desaint Basile. Dans uneprièrc placée après le récit de la cène mais avant l’épiclèse, les olilats sont appelés « anlitypes » du corps et du sang du Christ. Visiblement gênés par cette objection, les défenseurs de la foi s’en débarrassèrent, en déclarant qu’au moment où les oblats sont appelés antitypes dans la messe de saint Basile, la consécration n’est pas encore faite et qu’elle ne se [)roduit que lorsipie le prêtre récite l’invocation au Saint-Esprit. Telle est rexi>lication qu’on peut lire dans saint Jeax Dam.vscène, /’. 6’., t. XCIV, col. 1 148, dans les Actes du second concile de Nicce, Mansi, t. XIII, col. 264, dans saint Nicépliore, P. I-., t. C, col. 336, dans saint’I’ukodouh.Studite, t. XCIX, col. 340. Le vieux mol antitype, employé par les anciens Pères dans le sens de signe sensible, avait jx-rdu peu à peu sa signilication, et les adversaires des Iconoclastes,

sans doute [)our le besoin de leur cause, feignirent d’y voir un danger pour la foi en la présence réelle. Voir l’article EuciivnisTiquE(Ei"icLÉSE), 1. 1, col. 1585 1597.

OIVl : l(GE.CES SUB LA PÉNITENCE, l’exTUÈME-ONCTIO-V ET l’ordre

1° Il y aurait à signaler bien des divergences de détails entre les théologies des deux Eglises sur le sacrement de pénitence. Arrètous-nous seulement à la principale et à la plus nettement caractérisée, celle ipii regarde la satisfaction. C’est aujourd’hui l’enseignement unanime des Eglises autocéphales, que l’absolution sacramentelle, lorsqu’elle est valide, délivre toujours le [)énitent non seulement de la peine éternelle, mais aussi de toute peine temporelle, de sorte que les épitiiiiies ou pénitences imposées par le confesseur ont uniquement un caractère médicinal. Le prêtre peut en dispenser à volonté sans nuire à linlégrilé du sacrement La raison invoquée par les théologiens pour appuyer cette doctrine est toute protestante : Jésus-Christ a surabondamment satisfaitpour le péché et n’a que faire de nos satisfactions personnelles. Il est d’ailleurs facile de démontrer que la doctrine elle-même est un emprunt fait à la théologie réformée et qu’elle s’oppose directement à la doctrine traditionnelle de l’Eglise grecque, telle qu’elle s’exprime dans les ouvrages des théologiens du xvi’et du XVII" siècle et dans la confession de Dositiiée. Mélèce Pigas, patriarche d’.41exandrie (-J- 1603) semble avoir été le premier théologien grée qui ait patronné le dogmenouveau ; mais c’est surtout la confession de foi (le Pierre Moghila qui lit sa fortune, en niant, à propos du purgatoire, l’existence de la peine temporelle (cf. Confession orthodoxe. 1’" partie, réponse 66).

Il }’a beau temps que les Grecs attaquent les indulgences papales. Déjà au xv’siècle, Si.méon de Thks-SALOMQUE les dénonçait comme une cause de relâchement dans la vie chrétienne, P. G., t. CLV, col. 108, et depuis lors, les polémistes latinophobcs n’ont cessé de répéter cette accusation. Mais il y a cette différence entre les théologiens d’autrefois et ceux d’aujourd’hui, que les premiers |)roteslaienl moins contre les indulgences elles-mêmes que contre leur multiplication et la prétention du pape à se réserver le pouvoir de les concéder, tandis que les seconds, niant l’existence d’une peine temporelle quelconque, heurtent de front le dogme catholique. Ce qui les choque surtout, c’est le trésor des satisfactions surabondantes des saints. Ici encore, la doctrine actuelle est opposée à la croyance traditionnelle de l’Eglise grecqvie, qui non seulement avait l’habitude de délivrer aux vivants des brefs d’indulgence, appelés’jny/oipaycr.prtu (voir la confession de Ciirysantiie, Petil-Mansi, t. XXXVII, col. 903), mais qui allait jusqu’à accorder directement aux morts une absolution plénière de tout péché et de toute peine (voir une formule d’indulgence pro mortuo, dans la Revue auguslinienne, l. X (1907), p. 31 i ; voir aussi p. 43j). Du reste, l’usage des m-/x’, if.’ ; -/y.f^r : iv. n’a par eomplètemedt disparu de nos jours, bien qu’il soit ditlicilc d’y voir, dans tous les cas du moins, l’équivalent de nos indulgences.

2° L’Exlrème-Onction, ce mot seul provoque infailliblement de la part d’un théologien orthodoxe une sortie contre l’Eglise latine, comme si celle-ci ordonnait de n’administrer ce sacrement que lorsque le moribond est arrivé à la dernière extrémité. En réalité, il n’y a de divergence sérieuse que sur un ])oint : l’Eglise grecque proprement dite donne V lùiclielaion non seulement aux malades, mais aux personnes bien portantes, pour tes préparer à la communion. Au