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GRECQUE (ÉGLISE)

grec (iesainl AlUanase, deslinéà former un clergé grec catholique. La S. C. de la Propagande, cicée par Giiii-GoiRE XV au début du xvii’siècle, avait dans son programme de procurer l’union des Eglises orientales. Benoit XIV prit la défense des rites orientaux contre les missionnaires latinisants. Pie IX en 1848 et en 18 ; 0, Léon XIII en 1894, ont adressé aux schismatiques de chaleureuses invitations à la concorde, mais leur voix n’a guère trouvé d écho.

Ce n’est plus avec Rome, mais avec l’Eglise protestante que, depuis le xvi’siècle, les Grecs ont repris ces éternels essais d’union qui n’aboutissent jamais. Il y eut de longs pourparlers théologiques entre les docteurs luthériens de Wittenberg cl le i)atriarche JÉRÉMiE 11(1, 572-1579). Dans la première moitié du xvii » siècle, le calvinisme faillit s’implanter dans la grande Eglise par les soins de Cyhillb Lucar, et au début du xviii’, la secte anglicane des Non-Jiireins tenta vainement un rapprochement avec l’Eglise phanariote el l’Eglise russe. Depuis 1867, les relations amicales, avant-coureuses de l’union, entrepris entre Anglicans et Orthodoxes, auxquels sont venus se joindre, et non sans doute pour augmenter l’harmonie, les Vieux-Catholiques de DoUinger, Ilerzog et Michaud.

IV. Les divergences dogmatiques entre l’Eglise catholique et l’Eglise grecque. — Les trente-trois divergences signalées dans le traité « Uipi ra>fid-/-/m » ne furent pas les seules que les théologiens grecs relevèrent contre les Latins. A mesure que l’on se connut mieux, à mesure aussi que l’Eglise occidentale inodida certains de ses usages et donna une précision nouvelle à certaines vérités révélées, le nombre des griefs alla en augmentant. L’Eglise grecque, ligée dans sa stérilité et son impuissance, continua de crier à l’innovation, à chaque manifestation nouvelle de la vie catholique. Dès la fin du xiv- siècle, d’après le catalogue dressé par Hergenrôther, Photius, t. III, p. 820 et suiv., les polémistes grecs avaient déjà formulé cent trois griefs contre l’Eglise latine, et si l’on poursuivait l’addition, depuis le xiv" siècle jusqu’à nos jours, on arriverait facilement au chiffre total de cent soixante. Provoqués par ces attaques mesquines, certains théologiens occidentaux ne résistèrent pas à la tentation decritiquer les usages grecs et eux aussi dressèrent leurs listes de reproches, qui aujourd’hui nous font sourire.

Il va sans dire que les esprits sensés, dans les deux camps, ii’atlaclièrent pas une grande importance à cette polémique de sacristie. Dans les tentatives olTicielles d’union, la controverse fut limitée à quelques points principaux. Leur nombre, du reste, a varie avec les époques. C’est ainsi qu’au synode de Nyniphée, en 1234, on ne signala que deux obstacles à l’entente : l’addition du Filionue et l’usage du pain azyme.

Au concile de Lyon, en 1274, comme en témoigne la confession de Michel Paléologue, ce n’étaient plus seulement le Filioque et les azymes qui faisaient ditlicultè ; il y avait, en plus, la primauté pontilicale, l’indissolubilité du mariage, le purgatoire, la béatitude des saints.

Quant aux discussions de Florence, elles roulèrent sur l’addition au symbole, la doctrine de la procession du Saint-Es])rit, les azymes, la i>rimauté pontilicale, le purgatoire et la béatitude des saints. De l’indissolubililé du mariage, il ne fut question qu’après la signature du décret d’union. Les réponses des Grecs sur ce point ne satisfirent pas Eugène IV ; mais il était trop tard pour engager un débat sur cette grave affaire. Un nouveau sujet de conllit avait surgi depuis le concile de Lyon, à propos de l’épi 364

clèse. Les déclarations nettement catholiques que BESSARioNlit sur ce point, au nom de ses compatriotes, empêchèrent qu’on en parlât dans le décret d’union.

.u XVIII’siècle, la confession de foi dite de Chry-SANTHE, approuvée par les patriarches orientaux au synode de Constantinople de 17-27 (voir Petit-Mansi Ampliss. Collect. ConciL, t. XXXVII, col. 887-910)’, reproche aux Latins d’admettre plus de sept conciles œcuméniques, de manger des viandes étouffées, de rejeter la lumière thaborique, et n’oublie pas les autres divergences habituelles : primauté, Filioque, pain azyme, èpiclèse, purgatoire, bèatitudedes saints, indissolubilité du mariage en cas d’adultère.

Dans leur réponse à l’encyclique de Pie IX adressée aux Eglises orientales, en 1848, les quatre patriarches orientaux semblent vouloir nous ramener au temps de Cérulaire, par la complaisance qu’ils mettent à relever les divergences liturgiques et disciplinaires, comme le baptême par infusion, la communion sous une seule espèce, l’usage de petites hosties pour la communion des fidèles, le célibat des clercs, etc.

On remarque la même tendance dans l’encyclique du patriarche Anthime VII de Constantinople, écrite en 1895, en réponse à l’encyclique du pape Léon XIII

« Piæclara gratultitionis » du 20 juin 1894. Procession

du Saint-Esprit du Père et duKils, addition du Filioque au symbole, baptême par infusion, usage du pain azyme, erreur sur l’épiclèse, communion des laïques sous une seule espèce, doctrine sur le purgatoire, les indulgences et la récompense immédiate des saints, immaculée conception, primauté et infaillibilité du pape, tels sont les griefs que le patriarche œcuménique fait valoir contre l’Eglise catholique, et qu’il considère comme les obstacles à l’union des Eglises.

Si maintenant nous consultons le programme de théologie polémique contre l’Eglise romaine, approuvé par le saint-synode de Saint-Pétersbourg, nous voyons que les Russes retiennent tous les griefs d’.

thime VII, sauf deux : celui qui regarde le baptême par infusion et celui qui a trait à la béatitude des saints. Par contre, ils en ajoutent plusieurs autres qui sont vraiment nouveaux. C’est ainsi qu’ils reprochent aux catholiques d’admettre que les deutérocanoniques de l’Ancien Testament sont des livres inspirés, que le péché originel consiste seulement dans la privation de la grâce, que la conliiiualion imprime un caractère ineffaçable, que la pénitence imposée au pénitent par le confesseur a un caractère satisfactoire.

Toutes ces énumérations disent trop et trop peu. Elles disent trop, parce que, suivant la tactique qui fut toujours chère aux théologiens du schisme, elles présentent sur le même plan les divergences dogmatiques et les divergences disciplinaires ou liturgiques. Elles disent trop peu, car elles passent sous silence plusieurs points importants sur lesquels, à l’heure actuelle du moins, il y a opposition réelle entre la théologie orthodoxe el le dogme catholique. Aussi, I>our lixer la situation respective des deux Eglises au point de vue doctrinal, croyons-nous nécessaire d’esquisser à grands traits ce qu’on peul appeler renseignement commun des théologiens orthodoxes, dans ce qu’il a de contraire à la doctrine catholique. A ceux qui s’étonneraient que nous leur parlions de l’enseignement commun des théologiens, au lieu de prendre pour base la doctrine officielle des Eglises aulocéphales, disons tout de suite que de doctrine ollicielle unanimement acceptée comme obligatoire, il n’en existe pas en dehors des définitions solennelles des sept premiers conciles œcuméniques.