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GRECQUE (ÉGLISE !

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I

à celui que l’Eylise catholique reconnail à l’évêque de Rome. On sait ([ue il’aijrès les Pliotiens, le concile a’cuincniciue n’a jamais fonctionné dei)uis 787. Il est dès lors légitime d’allirmer qu’en Cuit il n’existe point d’autorité visible commune pour les diverses autocéplialies. Leur ensemble ne forme même pas une confédération, au sens propre du mot, car une confédération suppose une autorité centrale.

Au point de vue du gouvernement extérieur, il y a donc des Ei^lises pholieiines et non une Jîglise filiotienne. Chaque autocéphalie est indépendante. On remarque du reste une certaine uniformité, qui ne va pas sans des divergences notables, dans la forme de gouvernement en vigueur dans chacune d’elles. Cette forme est la forme synodale, dont le type achevé est le Saint-Synode de l’Eglise russe. Même dans les autocéphalies qui ont à leur tête un patriarclie, celui-ci est généralement assisté d’un synode, qui joue le rùle ife parlement et détient le pouvoir législatif.

On se tromperait si l’on croyait que les Saints-Synodes et les patriarches possèdent l’autorité souveraine administrative sur leur Eglise respective. En fait, sinon en droit, depuis la séparation, cette autorité souveraine dans le gouvernement extérieur est détenue par l’Etat dont chaque Eglise particulière fait partie. Les Eglises autocéphales sont essentiellement des Eglises nationales. Le rôle exercé par le pape dans le gouvernement de l’Eglise catholique est joué par le jiouvoir séculier dans chaque Eglise photicnne. Il y a sans doute des dilTérenccs dans la manière dont chaque Elat exerce la juridiction papale. Ici, c’est un pape des i)remiers siècles, là un pape tout à fait moderne, et quelquefois un pape autocrate conmie l’Eglise catholique n’en a jamais connu et n’en connaîtra jamais. Mais l’existence de ces diverses papautés est un fait indéniable ; il sutlit, pour le constater, d’ouvrir les yeux sur la vie intérieure de chaque Eglise autocéphale. Bien qu’elle ait rencontré au cours des siècles quelques rares adversaires, cette suprématie de l’Etat dans le gouvernement de l’Eglise a été reconnue à plusieurs reprises par les autorités religieuses. (}u’il novis sullise de citer ici un passage de l’encyclique que les quatre patriarches orientaux rédigèrent en 1848, en réponse à une encyclique de Pie IX les invitant à l’union :

« Dans les cas extraordinaires et difliciles, les

patriarches d’Alexandrie, d’Anti(jchc et de Jérusalem écrivent au patriarche de Constantinople, parce que cette ville est le siège de l’empire, et à cause de la préséance de ce siège dans les synodes ; et si le concours fraternel remédie à la perplexité, la chose en reste là ; sinon, on en réfère au gouvernement, suivant l’usage établi », Petit-Mansi, Amjitissima collectio concitiorum, t. XL, col. 402.

Si les Eglises photiennes n’obéissent à aucun chef visible unique, elles s’inclinent toutes devant un seul chef invisible. Jésus-Christ. Si l’on veut bien se placer à ce point de vue et considérer l’ensemble de ces Eglises comme ne formant qu’une seule société invisible, on peut alors parler d’une seule Eglise photienne, d’une seule Eglise orthodoxe. Le singulier sera encore de mise au point de vue liturgique. Toutes les Eglises autocéphales ont la même liturgie, qui est la liturgie byzantine.

On peut trouver aussi une certaine unité de foi entre ces Eglises, pourvu qu’on ait soin de réduire cette unité aux définitions solennelles des sept premiers conciles œcuméniques et à la négation de l’infaillibilité (non de la ])rimauté)de l’évêque de Rome. Sur tout le reste, ou à peu près, il a existé dans le passé, ou il existe encore dans le présent des divergences soit entre les diflférentes Eglises autocéphales

prises dans leur ensemble, soit entre leurs théologiens, sans qu’aucune autorité infaillible ait tranché délinitivcment les controverses.

L’unité de communion ecclésiastique, qui devrait exister en principe entre les diverses Eglises autocéphales, n’existe pas en fait, de nos jours. Il y a rupt )ire, depuis 1872, entre l’Eglise bulgare et les autocéphalies de langue grecque, (^ela n’emiiêche pas les autocéphalies de langue slave d’avoir des relations de fraternelle amitié tant avec la première qu’avec les secondes. Un schisme analogue a séparé, pendant une dizaine d’années, l’Eglise d’Antioche et les autres Eglises grecques, tandis que les Eglises slaves continuaient à être en communion avec les sœurs ennemies.

Ou voit dès lors dans quelle mesure et sous quels rapports l’emploi du singulier ou du pluriel est légitime pour désigner la collectivité des chrétiens qui se réclament de Photius.

Il n’entre point dans le cadre de cet article de faire connaître par le menu l’organisation intérieure des diverses autocéphalies ; aussi nous bornerons-nous à les passer rapidement en revue, en indiquant leurs limites géographiiiues et le nombre approximatif de fidèles qui revient à chacune d’elles.

Si l’on prend pour base la langue liturgique, les Eglises autocéphales se divisent en quatre groupes distincts : le groupe grec i>ur, le grouj)e gréco-arabe, le groupe slave et le groupe roumain.

I. Gkol’pe grec pur. — A ce groupe se rattachent trois centres autonomes : le patriarcat de Constantinople, l’Eglise du royaume hellénique et l’archevêché de Chypre.

Le patriarcat de Constantinople, appelé patriarcat œcuménique, patriarcal du Phanar, du nom du quartier de Stamboul où réside son titulaire, ou encore Grande Eglise du Christ, par allusion à Sainte-Sophie, commande à 3.500.ooo fidèles environ, dispersés dans l’Asie Mineure, la Turquie d’Eurojjc, la Crète, les iles turques de l’Archipel et la Bosnie-Herzégovine. Cette dernière contrée ne tient que par un lil au patriarcat œcuménique, depuis le concordai conclu en 1880 avec l’Autriche-Hongrie, et certains la considèrent dès maintenant connue une autocéphalie distincte, qui rentre de droit dans le groupe slave et par la nationalité et par la langue liturgique. L’autonomie conqilète sera sans doute sous peu un fait accompli, vu q>ie la Bosnie-Herzégovine a été récemment annexée à l’empire austro-hongrois.

L’Eglise du royaume hellénique, dirigée par un synode siégeant à Athènes, fut autonome en fait dès 1 833, mais elle ne fut reconnue comme telle par le patriarche de Constantinople qu’en 1850. Le nombre de ses adhérents doit être de près de 2.700.000, si l’on compte les imuiigrauls d’Amérique et d’ailleurs.

L’Eglise chypriote, déclarée autonome dès 431, au concile d’Ephèse, dans un sens bien dilTérent de l’autonomie actuelle, est limitée à l’ile dont elle porte le nom et compte 200.000 lidèles. La hiérarchie est constituée par l’archevêque de Constantia et par ses trois suffragants.

II. Groupe gréco-arabe. — Quati-e autocéphalies mêlenldans leur liturgie legrec et l’aralte. Ce sontles patriarcatsd’Antioche.de Jérusalem et d’Alexandrie, et l’archevêché du Sinaï.

L’Eglise orthodoxe d’.

tioche compte environ

260.000 âmes. Le patriarche, qui réside à Damas, gouverne avec un synode et un conseil mixte d’évêques et de laïques.

Le patriarche de Jérusalem et son synode n’ont pas plus de 50.ooo lidèles, presque tous de langue arabe.