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GRECQUE (ÉGLISE)

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alors d’être fils « le Dieu et deviendrait enfant du diable.

Telle est dans ses grandes lignes la doctrine de l’Evangile et des Epitres de Jean sur la grâce. Dans r.Vpocalypse, il est bien question de la rédemption par le sang du Christ, du triomphe du royaume de Dieu et des saints sur la tyrannie de Satan, de la récompense donnée aux justes et du châtiment des différents crimes, mais on y voit moins l’action proprement dite de l’Esprit-Saint et de la grâce sanctiiiant les tidèles.

La doctrine de Jean, plus encore que celle de Paul, s’oppose formellement à ce que nous entendions o)la vie nouvelle communiquée par la grâce sanctiliante d’une simple orientation nouvelle de la vie morale déterminée par la foi en la révélation divine ; b) la participation de la nature divine d’une pure assimilation morale à l’activité de Dieu et c) l’union avec le Christ d’une communauté de sentiment et de volonté. C’est là la Ihèse des protestants orthodoxes ; c’était aussi la position plus ou moins ouvertement défendue par c|uehjues catlioliques allemands, avant le concile du Vatican (p. ex. Kunx, Die Christtiche l.ehre von der gutlliclten Cnade nach ilireni inneren Zusaminenhang, Theul. Qiiartnlschtift, 1853, p. 69112 et 197-260, etdansune multitude d’autres écrits ; RucKGABEn, [’ntersucliiuit ; en iiŒr die l.ehre von der Kirche, Theol. Quartahchrift, 1868, 287-266. Touchant la conception que Kuhn se formait de la grâce, voir ScHA>Z, Zitr Eriniierung an Johannes Evangelist von Kuhn, Theol. Quarlatschrift, 188-). Quoi qu’on fasse, on ne rendra jamais pleinejuslice aux formules | pauliniennes et johannines, si l’on se refuse à y voir j l’allirmation de l’existence dans l’homme régénéré d’une réalité nij’stique mais réelle, d’un principe transcendant d’ordre divin qui le constitue lils de Dieu, membre du Christ et temple de l’Esprit-Saint. Nier cette réalité, ce serait enlever à l’ordre surnaturel tout son mystère et le réduire à la foi en la révélation divine.

Bibliographie. — Xous ne connaissons pas de monographie consacrée à l’étude des fondements scripluraires de la doctrine de la grâce. Par contre les ouvrages traitant des questions connexes sont innombrables. En dehors des commentaires, des histoires des dogmes, des études sur la religion d’Israël, des théologies de l’Ancien et du Nouveau Testament, on consultera utilement les ouvrages suivants :

Ouvrages catholiques. — Lebreton, /.es origines du dogme de la Trinité, Paris, lyio ; Batiffol, L’Enseignement de Jésus, Paris, 1906 ; Prat, La théologie de saint Paul, Paris, t. I, 1908, t. II, 1912 ; Tobac, Le problème de la justification dans S. l’uul, Louvain, 1908 ; Rademacher, Die iibernatià liche Lebensordnung nach der paulinischen und johanneischen Théologie, Fribourg-en-Brisgau, 1903.

Ouvrages non catholiques. — Dieclcmann, Die christtiche Lehre von der Gnade, Berlin, 1901 ; Boehmer, Der alttestamentliche l’nterbau des Ueiches Gottes, Leipzig, 1902 ; ’Volk, Die alttestamentliche Ileilsgeschichte ubersichtlich dargestelll, Giitersloh, igoS ; Kerswil, The O. T. doctrine of salvation, Pliiladelphie, 1904 ; Kôberle, Siinde und Gnade ini religiôsen Leben des Volkes Israël bis auf Chrislum, Miinchen, iQoS ; Stærk, Siinde und Gnade nach der Vorstellung des dlteren Judentums, Tiibingen, iyo5 ; Fritschel, Die Schriftlehre von der Cnademvahl, Leipzig, 1906 ; Nôsgen, Der Ileilige Geist, sein Wesen und die Art seines IVirkens erdrtert, Berlin, 1907 ; Lechler, Die btbiische Lehre

vom heiligen Geiste, Giitersloh, 1899 ; Swete, The hoir Spirit in the Ne^v Testament, London, 1909 ; Bômel, Der Begriff der Gnade iniNeuen Testament. Giitersloh, igoS ; Kræmer, Die Bedeutung der Gottesgemeinschuft fur dus siitliche Leben nach der l.ehre des Paulus, Xeukirchen, 190g ; A. Seeberg, Christi Person und ll’erk nach der Lehre seiner Jauger, Leipzig, 1910 ; Gennrich, /Jie £e/(re ton der Wiedergeburl, die christliche Zentrallehre in dogmengeschichtlicher und religionsgeschichtlicher Beleuchlung, Leipzig, 1907.

E. Tobac.


GRECQUE (ÉGLISE). —
I. Ce qu’on entend par l’Eglise grecque. — II. La préparation du schisme.

— III. La consommation du schisme. — IV. Les divergences dogmatiques entre l’Eglise catholique et l’Eglise grecque. — V. L’apologiste catholique et les divergences dogmatiques et autres. — VI. L’Eglise grecque et les notes de la véritable Eglise.

I. Ce qu’on entend par Eglise grecque. —

Quand Josejih de Maistre écrivait son livre Du Pape, il déclarait qu’il était iinpossil)le de réunir « sous un nom commun et positif » les divers groupes ecclésiastiques issus du schisme grec. Il passait successivement en revue les nnim d’Eglise orientale, d’Eglise grecque, d’Eglise orthodoxe el n’avait pas de peine à montrer qu’aucun d’eux n’était exact. Pour lui, il s’arrêtait à l’appellation d’Eglises photiennes, « non, disait-il, par un esprit de liaine et de ressentiment (Dieu nous préserve de pareilles bassesses.’), mais au contraire par un esprit de justice, d’amour, de bienveillance universelle ; afin que ces Eglises, continuellement rappelées à leur origine, y lisent constamment leur nullité », Du Pape, livre IV, chap. iv.

De nos jours, nous sommes encore plus embarrassés que Joseph de Maistre pour trouver à ces Eglises II ce nom commun qui exprime l’unité », car depuis l’apparition du livre Du Pape, le nombre des lilles du schisme pUotien s’est extraordinairement accru. Si l’on pouvait en distinguer cinq ou six, au début du siècle dernier, ou en compte aujourd’hui quinze ou seize. Les noms pour les désigner se sont aussi multipliés. On ne parle pas seulement de Eglise schismatique, deVEglise orientale, deV Eglise grecque, de l’Eglise orthodoxe, mais encore de l’Eglise gréco-russe ou gréco-slave, de l’Eglise des sept conciles œcuméniques, des Eglises autocéphales orthodoxes. De tous ces noms on ne sait lequel choisir, car ils sont tous plus ou moins inexacts, celui d’Eglise grecque t(uit le premier. On ne sera pas étonné dès lors de nous les voir employer tour à tour, au cours de cet article. Nous ne dédaignerons pas non plus le terme d’Eglise photienne, qui, tout bien considéré, paraît le plus satisfaisant.

Mais faut-il dire : l’Eglise photienne, l’Eglise orthodoxe, l’Eglise orientale, ou : les Jiglises photiennes, les Eglises orthodoxes, les Eglises orientales.^ C’est là une question délicate, qu’on ne peut résoudre sans faire quelques distinctions. Si une société visible est spccitice et distinguée des autres de même genre par l’autorité extérieure suprême qui la gouverne, il est clair que les diverses autocéphalies photiennes, qui s’administrent cliacune à part d’une manière autonome et n’obéissent en fait à aucune autorité visible commune, forment autant d’Eglises distinctes et séparées lesunes des autres. Nous « lisons que ces Eglises n’obéissent en fait à aucune autorité visible commune, car en théorie, elles reconnaissent au concile œcuinénique un droit de juridiction universelle sur toutes les Eglises particulières, semblable