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GRACE

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et la rédeiiiplion (v, g ; ix, 12). Ce même sacrifice a scellé la nouvelle alliance (ix, l’j, 18), et nous donne entrée au ciel (x, 19, 20). Nous devons donc avoir confiance en Jésus, garder la foi (x, 38-39^, tenir ferme l’espérance (vi, 18-19), éviter le péché, vivre saintement et avec ferveur (vi, 12 ; x, 20 ; xii, i, 14).

Les épîtres de Jude et de Jacques ne dépassent guère non plus, pour la doctrine de la grâce, la conception des synoptiques. L’épilre de Jude décrit le jugement divin punissant les crimes de toutes sortes et met en lumière la récompense de la vie éternelle promise à ceux qui auront persévéré dans la foi, la prière et l’amour. L’épîtrede Jacques établit les points suivants : Dieu nous a engendrés par la parole de vérité, afin que nous soyons comme les prémices de ses créatures (1, 18). La pratique de la parole sauve les âmes, la foi sans les œuvres est stérile (11, 1’1-26). La prière confiante estexaucée(i..j ss.). La patience dans l’épreuve donne droit à la couronne de vie, le péché produit la mort (i, 12 ss.). L’Esprit de Dieu qui habite dans l’âme des fidèles suggère non la jalousie, mais l’humilité (iv, 5). L’onction sainte avec la prière est un véhicule de la grâce et de la rémission des péchés (v, 14-iô).

Les épîtres de Pierre sont plus riches en doctrine ; sans nous initier plus à fond au mystère de la grâce, elles nous rappellent les splendides envolées de S.Paul et deS.Jean.L’économiedu Nouveau Testament a été prédite par les prophètes (I Pet., i, 10). Cette économie est résumée en quelques mots : les fidèles sont élus par la prescience de Dieu ; l’élection s’opère par la sanctification de l’Esprit ; elle a pour but de nous maintenir dans l’obéissance et la propitiation obtenue par le sang de Jésus-Christ (i, 2). Cette sanclilication et cette régénération sont rattachées à la résurrection de Jésus-Christ par le moyen de la foi ; elles ont en vue une espérance vivante, un héritage immortel, incorruptible(i, 3-5, 9). Le baptême nous P"" riQe de nos fautes par le sang de Jésus-Christ dont il est une aspersion (11, 2/1 ; iii, 21)- Nous rencontrons même, seml>le-t-il, dans la première épître de Pierre )ine phrase tout à fait joliannique. « Vous avez été régénérés non d’une semence corruptilile, mais par une semence incorruptible par le Verbe vivant de Dieu et permanent » (i, 28). Serait-il exagéré de voir dans ce Verbe de Dieu vivant cl permanent, principe et semence de notre seconde naissance, plus que la parole évangclique, le Logos de S. Jean, et le Christ glorieux de S. Paul ? Notre auteur rattache manifestement la régénération à la résurrection du Christ ; or, nous savons par S. Paul que si le Christ souffrant est la cause méritoire de notre salut, le Christ vivant et glorieux en est la cause efiicicnte. Couinic conséquence de la régénération et conmie condition du salut, S. Pierre, avec tous les écrivains bibliques, demande la pratique des vertus : la charité, la patience, la soumission aux autorités.

La seconde épître de Pierre retrace de même l’économie du salut : le salut par Jésus-Christ (i, i), la vocation par Dieu (i, i-3, 10), la nécessité de la foi et des bonnes (vuvres (i, 10), le terme d>i « alut, le royaume (i, 1 1). Mais peut-être eontient-elle plus, et faut-il y lircaussi l’attestation de la participation des chrétiens, dès cette vie. à la nature divine. Cette afiiruiation n’aurait rien de surprenant après ce que nous a dit S. Paul touchant la communication aux (idèles de ri’ : sprit deDieu.ella Pri’iiii J’eiri, touchant la sanctilicnlion par l’Esprit (1, 2). Toutefois le texte allégué (II /’(/., 1, 4) est obscur et le sens n’en est pas définitivement fixé. Nous traduisons comnu- suit la protase (3-^ de cette célèbre période (8-7) si défectueusenienl rendue par la Vulgate : « Puisque sa divine puissance nois a donné, par la connais sance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et vertu, toutes les choses qui se rapportent à la vie et à la piété, choses qui sont pour nous des gages des dons précieux et magnifiques, afin que par elles, en fuyant la corruption de la convoitise mondaine, vousdeveniez participants de la nature divine ; à cause décela, etc. >' Dans ce texte, on nous rappelle les dons déjà reçus et les dons plus précieux et plus grands dont les premiers sont les gages. Les dons reçus sont : rv. r.v : jxa ~v. 77^5 ; « wv ; v > ! v-( v^’si^tiyy ; parmi les magnifiques promesses qui nous sont assurées par ces dons, il faut compter celle d’être xsivwvsi Oiia. :. } ; vT£ ! j ;. La participation de la nature divine est un terme qu’il faut atteindre en fuyant la corruption de la convoitise mondaine. Mais l’auteur nous jiroposel-il cette communion de vie divine comme une Un déjà obtenue en cette vie, ou comme un but à poursuivre pour l’autre vie ? Le consoilium divinæ nattirnc serait alors une formule équivalente au « règne éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ » proposé au verset 1 1 comme terme et récompense de notre vie morale. La même idée se rencontre 11, 20, et semble corroborer cette dernière interprétation.

IV. Littérature johannine. — D’après les Synoptiques, Jésusestvcnu prècheretfonderleroyaunie messianique : il en décrit l’établissement et les progrès, en fixe les caractères, en établit les lois, en prédit les destinées. Dans S. Jean, la i)erspective messianique, sans être totaleuient absente (Joan., xiv, 3), est certainement reléguée à l’arrière-plan. Soit qu’on le considère dans sa phase finale et transcendante, soit qu’on l’envisage dans son étape préparatoire, le royaume est devenu la t/e. Le salut que Jésus nous apporte, c’est la vie même de Dieu qu’il vient nous conmiuniqueret qui doit, si nous la développons en nous, nous rendre semblables au Père et aptes à le voir face à face. C’est la traduction que S. Jean nous donne de la prédication de Jésus ; on est frappé de sa ressemblance fondamentale avec la doctrine de Paul. En beaucoup d’endroits, les ternies de vie et d’Esprit pourraient s’échanger sans différence appréciable de sens. D’ailleurs, S. Paul ne nous parlet-il pas lui-même de l’esprit de vie (/t « ni., viii, 2) ; ne nous dit-il pas que l’esprit est vie (Hum., vilt, 10) et que le Christ glorieux est Esprit vivifiant (1 Cor., xv, 45) ? Il existe ce])endant entre la conception paulinicnne et la conception joliannique du salvit des différences d’aspect que nous voudrions signaler. Paul, le pharisien converti qui a vainement cherché la justification dans la Loi. le profond psychologue, ipii a longuement médité l’impuissance du Juif et la déchéance (lu gentil, l’ardent apolre des nations qui continuellement doit défendre son Evangile contre les attaques perfides d’adversaires acharnés, est naturellement amené à concevoir et à décrire la grâce dti Christ comme étant avant tout une grâce de parilon et de justification. Il nous dévclopjiera de préférence le coté négatif du salut, la rémission des péchés, le contraste entre la nature restaurée et la nature déchue, la mission du second Adam réparant surabondamment la faute du premier. Il parlera delà nouvelle créature et de l’Esprit mortifiant la chair, de l’adoption divine nous délivrant de l’esclavjigede la Loi et des Eléments du monde et nous plaçant devant Dieu dtins la situation d’un fils vis-à-vis de son Père. Jean, l’évangélistc parexcellcncede l’amotir divin, fera surtout ressortir le côté positif des réalités surnaturelles. Il mettra mieux en lumière l’existence de réléiueiit ilivin dans l’homme, il décrira la vie divine comuiuniquée par la naissance surnaturelle, et eu égard à cette génération divine, il