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qu’il s’y promenait{m, 8) ; (xo.’descendit i’oir la tour qii’élovaient les hommes (xi, 5), etc., etc., ces façons de parler sont des produits du langage populaire, des imagi’s pour rendre sensibles des opérations, sur la nature spirituelle desquelles Tëorivain sacré n’est nullement trompé et ne trompe aucun de ses lecteurs. Car l’idée que cet écrivain nous donne du Créateur, dans les passages mêmes où paraissent ces anthropomorpliismes, est bien trop sublime pour laisser supposer qu’il ail voulu qu’on prit ses images à la lettre.

Il ne faut pas juger de ce parler primitif par notre goiit moderne, qui facilement le trouvera trop cru. Mais encore, si nous sommes tentés d’en être choqués, rappelons-nous que, sans nous en apercevoir, nous parlons souvent de Dieu d’une manière qui, en soi, n’est guère moins impropre, par exemple, quand nous disons que Dieu est irrité ou qu’il se laisse toucher. C’est que nous ne pouvons parler des actes divins que par analogie avec des opérations humaines, partiellement matérielles et sensibles : de là, dans tout ce que nous disons sur ce sujet, Vanthropomorphisme plus ou moins accentué est inévitable.

Conclusion. — Si on regarde, non à l’expression littérale, mais aux choses, aux actes attribués à Dieu, on n’aperçoit qu’une même conception de la Divinité, également grande et pure, dans toutes les parties de la Genèse ; et l’on ne saurait saisir une différence essentielle entre cette conception et celle qu’expriment et prêchent les écrits des prophètes. L’écrivain jélioviste, chez qui on trouve les anthropomorphismes dont nous avons donné des exemples, n’en est pas moins, d’après la critique, l’auteur de la relation du déluge et de l’histoire du châtiment de Sodome et de Gomorrhe. Dans le tableau de ces terribles exécutions, la toute puissance, l’empire souverain de Dieu sur la nature, n’apparaissent pas moins que dans cette première page sur lii création, qui appartiendrait, d’après la critique, à l’époque la plus avancée de la vie religieuse d’Israël. Et les sublimes visions des prophètes n’ajouteront pas beaucoup à l’impression de la sainteté et de la justice divines qui s’atlirment dans ces grandes catastrophes.

Bibliographie.

Gbnèsb ek général. — Histoire de l’interprétation, des objections et de l’apologétique. Fr. de Hummelauer, S. J., Commentariusiri Genesim (Paris, 1895 ; 2* éd., 1910) ; F. Vigouroux, S. S., Les Livres saints et la critique rationaliste. Histoire et réfutation des objections des incrédules contre les saintes Ecritures (Paris, 1887 ; 2* éd., 1890), t. I-II.

Caractère historujue. — J. Brucker, S. J., Questions actuelles d’Ecriture sainte (Paris, 1895), pp. 1 45- 1 5^ (sur les onze premiers chapitres) ; L. Méchineau. L’historicité des trois premiers chapitres de la Genèse (Rome, 1910).

Valeur historique ; réfutation des objections.

— De Hummelauer, op. cit. : F. Vigouroux, op. cit.. et La Bible et les découvertes modernes en Palestine, en Egypte et en Assyrie (6* éd., Paris, 1896) ; J. Brucker, S.J., L.’Eglise et la critique biblique. Ancien Testament (Paris, 1908), eh. ix, p. 189 suiv.

— Les Recherches bibliques de M. J. Halévy (i" partie : L’Histoire des origines d après la Genèse, Paris, 1884-iyoi) contiennent, avec des théories aventureuses et ne respectant pas toujours l’inspiration de la Bible, beaucoup de remarques utiles contre les objections rationalistes.

Histoire de la chkation’. — Outre les ouvrages généraux déjà indiqués, F. Vigouroux, Mélanges

bibliques. La cosmogonie mosaïque d’après les Pères de l’Eglise {1’éà., Paris, 1889) ; O. Zôckler (prot), art. Schbpfung. dans VEncrklopâdie fur protesta niische Théologie und Kirche, 3’éd., XVll, 681-701.

— Sj-stème d’interprétation concordiste plus ou moins tempéré : F.H.Heii^ch, /iibelund.alur(iians les deux premières éditions, Bonn, 1862, 1866 ; traduit en français sur la seconde édition par l’abbé Hertel, Paris, 1868 ; cf. A. Hâté, dans les Etudes… par des Pères de ta Compagnie de Jésus, 1868, XXI, 458) ; Giittler, Naturforschung und Dibel (.Fribourg, 1877) et art. LLexaémeron, dans le Kirchenle.rikon, 2’éd., V, 1980-1988 ; Schdpfer, Gesrliichte des ntten Testaments (Brixen, 1898) ; adaptation du même eu français par l’abbé Pelt (Paris, 1897, 5’= éd. 1901)) ; J. Brucker, Questions actuelles d’Ecr..S". (Paris, 18g5), p. 158 suiv. ; Hamard, note de sa traduction de G. MoUoy, Géologie et Révélation (Paris, iS^’i), p. Itil suiv., et art. Cosmogonie, dans le Ilictiiir.nuire de la Bible (Vigouroux). H, io31J-io54 ; Guibert. Les Origines (Paris, 1896), etc. — Système idéaliste : Reusch, op. cit., dans les deux dernières éditions (3", 1870 ; 4’, 1876 ; voir celle-ci, p. 261 suiv.) ; Paul Scbanz, Apologie des Christentums, I (4’éd., Fribourg en B., 1910). Nous omettons les systèmes d’interprétation strictement littérale (Bosizio, C. Mazzella etc.), reslitutioniste (Wiseman, Molloy etc.), liturgique (Mgr ClilTord, de Gryse, etc.) et d’autres presque entièrement abandonnés.

Histoire des patri.rchrs. — Aux ouvrages indiqués ajoutons : P. Dornstetler, Abraham. Studien liber die An fange des hebrdischen Voll<es (Biblische Studien, VII, 1-3 ; Fribourg en B., igo2) ; (avec beaucoup (le réserves) Alfred Jeremias, /)as alte Testament ini J.ichte des alten Orients (2" éd., Leipzig, 1906).

J. Brucker, S. J.


GNOSE.— I. Simon et la gnose vulgaire. — II. Valentin, Basilide, Carpocrate. — III. L’enseignement gnostique. — IV. Marcion. — V. L’Eglise et la gnose.

L’hérésie est contemporaine de l’Evangile. Le champ du Père de famille est à peine ensemencé, que l’ivraie s’y révèle à côté du bon grain. De là, chez les directeurs des communautés primitives, une préoccupation incessante qui s’exprime dans leurs écrits, lettres de saint Paul, Apocalypse, épîtres de saint Pierre, de saint Jude, de saint Ignace,.utant que ces documents permettent d’apprécier les doctrines combattues, on voit qu’elles se ramènent à quelques points :

1° La nature et la loi, mosaïque ou naturelle, sont l’oeuvre d’esprits inférieurs au Dieu-Père. Dieu su-Iirême et véritable ;

2° C’est en Jésus-Christ que ce Dieu suprême s’est manifesté ;

3° Le vrai chrétien peut et doit s’atTranchir des puissances créatrices et législatrices pour se rapprocher du Dieu-Père.

Ces doctrines ne doivent pas être considérées comme une simple déformation de l’enseignement apostolique. Il y entre sûrement des éléments chrétiens ; mais si l’on fait abstraction de la place assignée à Jésus-Christ et à son nMe, le reste se tient tout seul