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GALLlCAMSxME

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qui accorde à la France presque toutes les mesures iiiscriles dans la Praijiualique, le pontife condamne iiuiiliiemenl les théories que l’acte de Bourges a euipninlies aux décrets bàlois et il allirme le droit souverain dn [jcipc se » / au-dessus des conciles (voir ci-dessous IV). En faisant droit aux justes réclamations de l’KHlise gallicane contre les abus de la curie en matière de juridiction gracieuse et conlentieuse, en gardant sur la question liscale un silence prudent et qui laissait attendre des conventions équitables, le concordat enlevait aux doctrines gallicanes prescjue toutes leurs raisons d’être ; d’autre part, en accordant au roi, au détriment des droits traditionnels des électeurs consacrés parles canons, la nomination

« ux bénclices consistoriaux, le jiontil’c adirnuiit son

autorité suprême sur toutes les Eglises et toutes les lois. Léon X eut pourtant quelque peine à faire apj )r(mver au concile un accord qui créait au roi de France une situation privilégiée et qui, hâtant la concentration en ses mains des forces nationales, iui assurerait sans doute la prépondérance en Europe. François I", de son côté, se heurta à la résistance du parlement, qui défendit assez maladroitement ipu-1qucs-uns de ses empiétements sur la juridiction cc. lisiaslique, mais dut enregistrer le concordat le’22 mars 1617 ; et à celle de l’Université, dont les gradués obtenaienl pourtant des avantages inespérés. f/A faculté de théologie, directement intéressée, prottsla mollement ; il sullit d’arrêter les plus factieux des autres facultés pour calmer VAlnia iiuder. A part le chapitre de Paris, quijoignit son appel à celui des Maîtres, le clergé accepta sans grande dilliculté les faits accomplis. Tout de même, au cœur des gallicans, le souvenir de cet accord où le roi avait réglé, avec le pape seul, les intérêts les plus graves de l’Eglise galli<ane, demeura comme une rancune aniére ; on cnlonra d’un culte plus pieux encore la mémoire de la Pragmatique ; à chaque crise on en demanda le ré(ablissenient, et jusqu’à la fin de l’.^ncicn régime, Antoiiu- du Prat, rendu responsable de la suppression de cet acte, fut accusé d’avoir causé à l’Eglise « des maux intinis » (cf. J. Thomas, Le Concordat de 1516, Paris, uji 1).

2)Le Concile de Trente, où s’opéra entin la rél’orme si longtemps désirée, ne sanctionna pas la doctrine des réforniateiU’S de Constance etdeBàlc.L’inlluence française ne s’y lit sentir qu’à la lin de la troisième période, 1560-1563 : 1e cardinal de Lorraine, accompagné de douze évcques, trois abbés et dix-huit théologiens, n’y lit son entrée que le 13 novembre 1662, après la vingl-dcuxièine des vingt-cinq sessions que compta le synode. L’année précédente, les ambassadeurs <lu roi avaient demandé le transfert du synode dans une ville plus rapprochée de notre frontière, à Constance par exemple, et réclamé le renouvellement des décrets portés dans cette ville en i^ 15 sur les relations du concile et du pape. Bon nombre d’évêques, imbus des doctrines hostiles à la papauté, et mal disposés à l’égard des prélats italiens, n’attendaient que la venue des Français pour livrer aux thèses ultramontaines un assaut décisif. Heureusement pour l’Eglise, Lorraine était, par tradition de famille et par conviction doctrinale, assez dévoué an siège de Rome ; les prévenances dont l’honora l, i charité sainte, mais habile, du jeune neveu de Pie IV, le cardinal secrétaire d’Etat, Charles Borromée, aclie"vèrentdele gagner et empêchèrent l’issue fâcheuse des deux débats alors engagés sui’les relations de l’Eglise avec son chef. Stimmns pontifex, avait dit entre autres André CAMiTius.de Slilan, le 26 se[)l(’inhrc 1562, hahet immédiate potestatem a Deo, illi [episcttpi] médiate. C’était la thèse odieuse à la Sorbonne.

Tome II.

Pour la combattre, les Espagnols se joignirent aux Français. Malgré l’intervention réiiéléc de Lavnez, général des Jésuites, qui déploya un grand luxe d’érudition patristique pour démontrer d’abord que les apôtres avaient reçu leur [jouvoir de Pierre (l>osition qu’abandonnera Bellahmin), et ensuite que les évêqucs tenaient le leur du [lape, le concile ne fut pas convaincu. Après des discussions ardentes, qui eurent l’avantage d’éclaircir la distinction, encore obscure en beaucoup d’esprits, des jiouvoirs d’ordre et de juridiction, les présidents jugèrent prudent d’ajourner toute décision. Le 4 décembre 156’2, le cardinal de Lorraine proposa d’insérer dans le décret sur le sacrement de l’ordre les canons suivants : « Anathème à qui dirait que Pierre n’a pas été établi par le Christ chef des apôtres et son vicaire suprême, ou qu’un souverain pontife, successeur de Pierre avec une puissance égale pour gouverner l’Eglise, n’est pas nécessaire, ou que les successeurs de Pierre à Rome n’ont pas toujours eu le primat. » Le pape déclara insuflisante toute formule qui dirait moins que la ()rofession de foi acceptée par les Grecs auconcile de Florence(le pape a plein pouvoir de gouverner toute l’Eglise) ; à Trente, les adversaires du gallicanisme alUrmèrent préférer à un enseignement mutilé, un silence complet sur la prérogative papale. Au reste, les mots de poiestas sanima ou siipreni/i, appliqués au souverain pontife, avaient déjà été employés (ou devaient lèlre encore) par le concile (Sess. VII de Réf., prooem. : aess.XIV, e.7 de cas. reserw : sess. XXV, de reform., C.21, décret, ult.). Mieux valait ne pas les alTaiblir par des commentaires sujets à contestations. On s’en tint là.

3) La concentration, en face du protestantisme, de toutes les forces catholiques se faisait autour de Rome ; le Saint-Siège accomplissait suivant ses propres principes la réforme qu’à Constance et à Bàle les principes gallicans avaient été impuissants à accomplir ; de nouveaux ordres religieux, les Jésuites en particulier, par leur enseignement et leur action, prêtaient un puissant appui aux partisans que les doctrines ultramontaines avaient toujours comptés en France ; à latin du xvi’siècle, surtout au moment de la Ligue, et au début du xvu’siècle, la faculté de théologie de Paris elle-mêine se laissa gagner ; ce lut, au dire de RicHER, vers l’an iGoo qu’on cessa d’y soutenirdes thèses gallicanes (ladernière serait celle du franciscain Elle Beauvais, lâgg) : André Duval, professeur royal de Sorbonne. et ses amis } acclimatèrent l’ultramontanisme ecclésiastique. Duval, Maucleuc, Isambert, Cornet, Grandin et d’autres le défendirent avec un courage et des succès divers, jusqu’au coup de force de 1663, <iui i)rohiba toute atlac [ue contre le gallicanisme ; en attendant l’édit de 1682 qui en prescrivit l’enseignement.

Au début du xvu" siècle, le grand adversaire des doctrines romaines est ce personnage tout d’une pièce, Edmond Ricuer, jadis ultraniontain exagéré, que l’horreur des guerres civiles et du tyrannieide retourna d’un coup, en 1392, vers le gallicanisme politique et contre V infaillibilité pontificale : les papes, pensait-il, avaient engagé leur autorité en faveur des thèses odieuses et fausses de leur pouvoir sur le temporel des rois. Le culte de l’ancienne Sorbonne compléta la conversion de Richer aux systèmes ecclésiologiques professés par l’Université à l’issuedugrand schisme : il édita Gerson et nos vieux maîtres et se donna la mission de restaurer (en la transformant) la synthèse gallicane abandonnée par les doctem-s duvallistcs. Toutes ses idées tiennent dans un opuscule in-/ ! " de trente pages, paru anonyme en 161 1, De ecclesiastica et politica potestate libellus ; il ne