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FAMILLE

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mais n’est pas la perfection, à des maîtres, sauf à prendre ombrage à loccasion de Tinfluence de ceuxci. Même dans la seconde LypotLcse, à défaut d’un contrôle, d’une participation ellective des parents, l’œuvre demeurera incomplète, car il y manquera l’intervention de ceux qui ont par essence la mission de la mener à bien. Un christianisme très profond donnera aux pères et mères le sérieux et le courage nécessaires pour remplir leur fonction. Par lui, ils auront le dévouement indispensable et vivront pour leurs enfants. Ils s’élèveront au-dessus de l’opinion courante réduisant tout à la fortune, ou du sensualisme ambiant ramenant tout au bien-être physique, au plaisir. Par l’exemple d’abord, par une direction souple, intelligente et ferme ensuite, ils formeront l’enfant à son rôle d’homme et de chrétien, ils lui enseigneront le mépris des richesses en soi, l’amour du travail, des vertus saines et robustes, ils développeront chez lui l’initiative et le sentiment de la responsabilité. Ce n’est pas là toujours chose facile, surtout en un temps d’individualisme frondeur, rebelle à toute subordination. Il faut savoir n’être ni tyran ni camarade, et réunir avec tact la tendresse et l’autorité. Le mondejugeces deux choses opposées et, de fait, trop souvent l’autorité ruine la tendresse par sa dureté excessive ou est annihilée par une tendresse faible, incapable de supporter un caprice, de se résigner à une bouderie. Si elles se fondent au contraire sur le christianisme, la tendresse et l’autorité s’accordent à merveille et s’assurent l’une l’autre, parce qu’elles ont pour fondement commun Dieu rejirésenté par les père et mère. Ainsi la famille reçoit une force plus durable et puissante que l’attachement naturel pour résister aux attaques de 1 égoïsme. Ainsi sont geirantisle respect de l’enfant pour le père et le respect du père pour l’enfant qu’il veut et doit élever.

Bref, à nos yeux, la prospérité de la famille exige l’intervention active de la religion, de la religion véritable. Certes, tout n’est pas parfait depuis la promulgation de l’Evangile, car les défauts, les vices, les abus inhérents à la faiblesse humaine ont persisté. Du moins le christianisme a créé vme pudeur publique, relevé le principe de moralité, et donné un appui surnaturel aux bonnes volontés impuissantes par leurs propres forces.

Avant de chercher dans l’histoire de l’humanité la preuve par les faits de son action bienfaisante, réfutons quelques objections formulées contre notre thèse. On a reproché au catholicisme à la fois et ses exhortations à la multiplication de l’espèce et la jtrééminence qu’il accorde au célibat religieux. On a l>rétendu que la famille se maintenait relativement mieux dans certains pays non catholiques et l’on a dénoncé comme portant atteinte tant à la puissance maritale cju’à l’autorité paternelle l’intervention du prêtre confesseur et la vocation religieuse.

Est-il besoin, à une heure où la dépopulation de la France est constatée de tous côtés avec tristesse et elfroi, de rcfuterlesophismed’aprèslequel, si laloi de l’Eglise était partout suivie, la vie se compromettrait par sa suraljondance même, le nombre des humains excédant les moyens de subsistance ? Dieu a posé la loi, et on peut s’en remettre à lui des conséquences. D’ailleurs, en outre des causes naturelles ou violentes de destruction qui trop souvent rétal)lissent l’équilibre, le problème économique reçoit du cliristianisme, du seul christianisme, une solution admiraljle : la vir-^inité i’olonlaire, que l’Evangile met au-dessus du mariage. Le célibat ainsi i)réconisé n’est pas le célibat inquir, égoïste et lâche, du i)aganisme ancien ou moderne : il est chaste, généreux et dévoué au bien commun ; delafamille il ne supprime

que les joies présentes, non les affections et les devoirs essentiels, ilest Ihonneur de l’humanité cjui doit ranger parmi ses bienfaiteurs insignes ceux qui, consacrés plus spécialement au service de Dieu, se dévouent généreusement pour tous les hommes. En fait d’ailleurs, là où règne le vrai sentiment chrétien, on voit à la fois la population croissante et la virginité religieuse en honneur.

Mais, ajoute-t-on, la famille apparaît mieux conservée de fait chez certains peuples hérétiques ou schismatiques, alors même qu’ils connaissent et pratiquent le divorce ; n’en faut-il pas conclure que les règles du catholicisme n’ont pas la Aertu que nous signalions ? Nous répondrons d’abord qu’il ne faut pas conclure de la prospérité matérielle d’une nation à la prospérité morale et que, pour établir une comparaison entre deux peuples monogames dont l’un admet le divorce et non pas l’autre, pour rendre cette comparaison logique et probante, il faudrait prendre deux nations pareillemente : ^actes à remplir l’ensemble de la loi morale sauf quant à la question de divorce. De plus, tant qu’un virus demeure assez localisé pratiquement, ses effets sont peu sensibles dans l’organisme social. Enfin, dirons-nous, les mœurs survivent longtemps aux lois et l’àme moderne a été façonnée par le catholicisme. La moralité relative de certains i)ays héi-étiques tient à ce qu’ils ont conserAé des principes catholiques : ils ne sont pas plus moraux et n’ont pas une famille mieux préservée parce qu’ils sont moins catholiques, mais au contraire parce qu’ils sont demeurés foncièrement plus catholiques que d’autres, catlioliques de nom. C’est l’évidence même. Toutes les vertus conservatrices de la famille sont prêchées parle catholicisme ; il n’est pas pour elles d’élément plus destructif et dissolvant que le princii)e protestant de l’individualisme.

Mais l’ingérence du prêtre dans les secrets de la famille par la confession ne va-t-elle pas troubler l’union conjugale et porter atteinte à la puissance maritale ? Nous n’irons ^las jusqu’à soutenir, avec Renan (Les Apôtres), que, la confession assurant la liberté morale de la femme, le « conseiller secret qui tient la clef des consciences » doit être « plus que le père, plus que l’époux ». Mais pour quiconque admet le caractère divin, obligatoire, de la confession, l’observation de cette loi doit prévaloir sur tous les ombi-ages, et ceux-ci d’ailleurs n’ont plus de raison d’être. Il reste vrai seulement qu’à ce point de vue, comme à bien d’autres, l’inégalité religieuse des deux époux peut être jténible et périlleuse pour la bonne entente durable. Mais nomljreux sont les maris qui, ne se conformant pas à la loi religieuse, se plaisentà voir leurs femmes s’y soumettre, car ils se rendent compte qu’en général, et sauf de rares exceptions dues à la faiblesse humaine, la paix du ménage y gagnera.

Entin il est vrai que le catholicisme, garant de la famille pourtant, convie certaines âmes à s’élever librement au-dessus d’elle, et qu’en présence d’une vocation religieuse certaine chez son enfant, le père chrétien doit incliner son autorité devant l’appel de Dieu. Mais rien n’est plus logique, car cette autorité vient de Dieu, elle est donnée aux parents pour le bien de l’enfant, et une vocation privilégiée peut être pour celui-ci le bien suprême. S’il a le droit et le devoir de contrôler la réalité de la vocation, le père, n’étant ni juge des choses surnaturelles ni directeur de conscience, manque d’aptitude jiour se former à lui-même l’assurance voulue, il doit s’en remettre à ceux qui ont compétence sur ce point. Son imprudence égale son inconséquence avec sa foi quand, sous prétexte d’épreuve, il exagère les précautions à ju-endre contre une telle décision, au point de mettre en péril