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1811

EXEGESE

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J. M. Guj’au, * Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction. — A. Fouillée, * Critique des systèmes de mo’ale contemporains. Livre I". — Th. Ribot, * L Hérédité psychologique. — De Broglie, La morale sans Dieu. — Fr. Bouillier, Morale et progrès. — D’Hulst, Conférences, carême de 1891, 11' conf. — Halleux, L'£'olutionnisnie en morale. Institut supérieur de philosophie, Louvain. — L. Roure, Anarchie morale et crise sociale, chap. m. Hippolyte Taine, chap. i. — E. Bruneteau, La Doctrine morale de l’Evolution, Paris, Beauchesne, igio.

On a annoncé pour paraître prochainement un fascicule de La Revue de philosophie, consacré tout entier à I’Ea olutionnisnie dans les sciences morales.

E. Bruneteau.


EXEGÈSE. —
I. Exégèse et méthode. — i. Antécédents de l’exégèse chrétienne, a) Ze commentaire palestinien, b) Uallégorisme de l'école judéo-alexandrine. 2. Origines de l’exégèse chrétienne. « ) N.-S. Jésus-Christ et l’Ancien Testament, b) Les auteurs du Nouveau Testament, surtout saint Paul. 3. Exégèse patristique. a) Les Pères apostoliques, b) Les Apologistes du ii'= siècle, c) L'école d’Alexandrie, d) L'école d’Antioche. e) L’exégèse des Latinsauxiv^ etv^ siècles : saint Jérôme, saint Augustin. 4- Conclusion.


II. Exégèse et dogme. — i. Les abus, a) Moins considérables du côté des catholiques que du côté de leurs adversaires, b) Exégèse tendancieuse. 2. Développement du dogme et exégèse historique. a) En quoi ils consistent, b) Intention divine et intention humaine, c) Exégèse historique.


III. Exégèse, tradition et église. — i. Etat de la question, i. La législation de l’Eglise, a) Sa nature, b) Son objet. 3. Valeur historique de la tradition ecclésiastique en matière d’exégèse.

A ne tenir compte que de l'étymologie (uryr.rtç, e.tplication), le terme d’exégèse peut s’entendre de l’interprétation de n’importe quel texte ; pratiquement, il ne se dit guère que de l’explication du texte biblique. L’exégèse est scienlitique dans la mesure où elle dépend de principes d’ordre rationnel, elle est authentique (on dit encore traditionnelle ou ecclésiastique) si elle se fonde sur la tradition apostolique et l’enseignement de l’Eglise. L’exégèse adéquate des Livres saints, telle que l’entend l’Eglise, réunit ces deux caractères.

On fait à l’exégèse catholique trois griefs que l’apologiste doit discuter. Elle serait a/-/. » /f/ « z7e, sans principes ni méthode ; dogmatique, inspirée par la formule actuelle du dogme et préoccupée avant tout de la retrouver dans le texte ; asservie à la tradition et au magistère de l’Eglise, manquant, à cause de cela, de la liberté nécessaire à toute recherche scientifique. Pour ces raisons, il y aurait incompatibilité entre l’exégèse traditionnelle et l’exégèse dite historique.

I. Exégèse et méthode. — Dans l’article consacré à I’Inspiration biblique, on étaljlira que le caractère transcendant reconnu par le croyant à la Bible, à cause de son origine divine, n’est ni un préjugé ni un postulat injustifié ; ici, qu’il suffise de faire voir que, nonobstant ce point de départ, l’exégèse traditionnelle a toujours été conduite d’après certaines règles. Il est vrai que l’herméneutique sacrée n’a été formulée que progressivement, mais tous les arts en

sont là. Il y aurait de l’infatuation, et plus encore de l’ignorance, à s’imaginer que la « science » des Ecritures commence, au xviii' siècle, avec Semler. Wetstein et Ernesti. Ces auteursprotestants ont contribué à fonder l’exégèse rationaliste, mais ils n’ont pas inventé, ni même formulé, les premiers, des règles rationnelles pour l’interprétation de la Bible. La meilleure façon de justifier l’exégèse traditionnelle est d’en faire l’histoire.

I. Antécédents de Vcrégèse chrétienne. —

a) Dès le second siècle avant notre ère, les Scribes ou Docteurs de la Loi, pour la plupart de la secte des Pharisiens, expliquaient le Livre sacré dans les écoles publiques de la Palestine. Les résultats de cette exégèse primitive sont restés consignés dans le Targoum et le Midras. Ses règles ne tardèrent pas à être systématisées par un contemporain de J.-C, Rabbi Hillel ; plus lard, elles furent développées par R. IsMAiiL, et surtout par R. Eliézer. Les Juifs crojaient déjà que leurs Ecritures avaient sur les textes simplement humains l’avantage d'être révélatrices de choses mystérieuses et cachées, notamment de celles avenir. D’autres peuples de l’antiquité ont cru être en possession de livres fatidiques ; ce qu’il y a de particulier dans la tradition des Juifs, c’est la façon de dégager de leurs textes sacrés le sens prophétique. D’ordinaire, ils le demandent directement aux mots, comme dans Ge/i., XXVI, 4 ; xlix, lo ; ^Ao/wi., xxiv, i^ ; Am., iii., 1 1, etc. ; mais, souvent aussi, ils cherchent et découvrent un sens plus bas que la lettre, dans les choses elles-mêmes : personnes, institutions, événements. A leurs yeux, ce sens mjstérieux est légitime, parce qu’il est voulu de Dieu, l’auteur principal des Ecritures. Grâce à cette signification, qui entre dans le plan divin, l’histoire d’Israël prend, d’un bout à l’autre, un caractère sjmbolique ; elle devient une figure de « l'âge à venir », du Messie et de son Royaume. C’est pourquoi ceux qui dressèrent le Canon hébraïque ont rangé les historiens sacrés parmi les Prophètes (npbiim). L’appendice très compréhensif consacré par Edersiieim, The. Life and Times of Jésus tlie Messiah, igoi, II, p. 710, aux textes de l’A. T. regardés comme messianiques parmi les Juifs, donne à connaître que le sens prophétique résultait pour eux tantôt de la lettre et tantôt des choses signifiées par la lettre.

Naturellement, ce sens profond et caché (sôd) se laissait chercher. Aussi bien, l’exégète était-il appelé

« chercheur » (darsan) et son œuvre « recherche ou

étude » (midras). Le midras haggadique (de l’hébr. higgid, raconter) était plutôt moral et populaire ; il visait directement à l'édification religieuse ; tandis que le midras halakhique était un commentaire juridique, ayant pour objet de retrouver dans le texte de la Loi mosaïque la tradition des Scribes, et de résoudre avec ce même texte tous les cas de conscience que des circonstances nouvelles faisaient- naître à l’infini. Il va sans dire que ce double commentaire eut ses excès, et ils furent grands. Pour trouver dans les Ecritures tout ce qu’ils y cherchaient, les Scribes en vinrent à prétendre que chaque mot de laïhorah (le Pentateuque) était susceptible de soixante-dix explications différentes. La Bible était l’unique livre des Juifs, il devait tout contenir. En outre, à cause de l’unité qu’elles tenaient de leur commune origine divine, toutes les Ecritures étaient censées formei" contexte. De là l’habitude, dès cette époque jirimitive, de les citer en rapprochant différents passages pris dans n’importe quel livre, à raison de l’analogie ou même de la dissemblance qu’ils présentaient. Ces citations composites, dites haraz « enfilade », rappelaient assez bien les centons des scoliastes grecs. Dans