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APOCRYPHES

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C’est lin ensemble de révélations siu* l’origine du monde, sur les puissances supérieures et siu* l’histoire biblique, de prédictions apocalyptiques mélangées d’astrologie, avec création continue, par l’auteur, d’esprits, anges et démons, autrement dit d'éons, dont beaucoup ne sont que des mots abstraits concrétisés. Tous les chapitres de la première partie portent l'épigraphe « au nom de la vie souveraine « ; ceux de la seconde, qui est d’ailleurs de beaucoup la plus courte, sont censés être des révélations « de la vie souveraine, de la Aie très haute et très gi-ande ». Adam et Eve sont les principaux personnages du livre ; la seconde partie roule autour de la mort d’Adam ; on trouve incidemment des lois et préceptes pour les Sabéens, et l’ensemble s’intitule « un livre de liturgie. » En somme, le code nazaréen ne peut "uère servir qu'à nous donner une idée des hérésies gnostiques combattues par les anciens écrivains ecclésiastiques. Les résumés donnés par S. Epiphane nous paraissaient sujets à caution, parce que nous pouvions à peine croire que des hommes soient tombés dans de telles spéculations absurdes. Le code nazaréen en est rempli et nous permet donc de les toucher du doigt.

Editions : M. Xorberg, ('odex Nazavæus, 3 vol. Copenhague, 1815, 1816, (édition du texte en caractères syriaques et traduction latine). II. Petermann, Thésaurus seu liber Magnus s’ulgo « liber Adami » appellatus. 1867 (édition en caractères mandéens par lithographie). Migne, Bict. des apocryphes, I, col. 21-284 (traduction française par F. Tempestini). 4. — Le Lii’re d' Hénoch. Sous forme d’apocalypse, c’est-à-dire de visions et de révélations. Hénoch tient des anges eux-mêmes ce qu’il Aa révéler aux générations futures. Deux cents anges sont descendus sur la terre pour s’unir aux filles des hommes ; Hénoch est chargé de leur annoncer quelle sera leur punition : il est transporté au séjour des tempêtes et du tonnerre près du gouffre de l’enfer et de l’abîme de feu qui attend les pécheurs ; il Aoit aussi le séjour des âmes avant le jugement final et le paradis qui attend les justes. Dans une seconde partie, Hénoch apprend aux anciens et aux hommes de l’avenir les secrets des cieux, la transformation du ciel et de la terre aux temps messianiques, le bonheur des justes et des élus. Il ajoute une révélation sur les secrets des astres (astronomie) et deux songes sur les terreurs du déluge et l’histoire du monde dont Israël est le centre. Il termine, par des exhortations aux justes et des menaces aux pécheurs, avec un nouveau récit de l’histoire du monde divisée en dix semaines et des prédictions sur le châtiment des pécheurs et la récompense des justes.

L’ouvrage est d’origine jui^e. Les prédictions messianiques elles-mêmes ne supj)osent pas une origine chrétienne, car elles ne sortent pas du cadre des idées messianiqiu’s courantes cliez les Juifs ; tout l’ouvrage est donc anléricui- à notre ère, il ne s’ensuit pas qu’il est l’tiMivre d’un seul auteur. Ses contradictions ont conduit à supposer qu’un dernier auteur, au connnencement du premier siècle avant notre ère. a soudé ensend)Ie des morceaux plus ou nu)ins disparates, dont plusieurs étaient antérieurs sans doute d’un siècle.

La célébrité de ce livre tient à ce qu’il a contribué à propager l’attente du Messie, à vulgariser les concepts du jugenu’ut, de la géhenne, du royaume du ciel et.toutes les doctrines qui alinu’ntaicnt les espérances des Juifs fidèles, à la veille de la venue du Sauveur. Il a donc préparé les esprits à la venue du Messie et à l)ien des enseignements de l’Evangile, et il n’est pas étonnant que les premiers chrétiens aient utilisé un livre qui servait levu-s

idées et qui jouissait déjà chez les Juifs d’une autorité considérable. Saint Jude l’a cité de manière explicite (14-15). Les parallélismes assez nombreux entre les écrits du Nouvcau Testament et Hénoch, permettent de croire que les auteurs inspirés connaissaient ce livre. S. Barnabe, TertuUien, Origène le citent explicitement, d’autres Pères de l’Eglise des premiers siècles semblent aussi le connaître.

Editions et traductions : L’original est perdu. Il était sans doute écrit en hébreu. Il reste un fragment (à peu près le tiers du livre) d’une version grecque et quelques lignes d’une ancienne version latine. La version éthiopienne, faite sur le grec, est seule complète. R. Laurence, Libri Enoch prophetæ versio aethiopica, Oxford, 1838. Le même auteur en avait publié auparavant une traduction anglaise : The book of Enoch, an apocryphal production, now frst translated froni an ethiopic vis. in the Bodleian Library, Oxford, 1821 ; l'édition de Laurence a été traduite en français dans Migne, Dictionnaire des Apocryphes, t. I, col. 425-514 ; A. Dillmann, Liber Llenoch aethiopice, Leipzig, 1851 et Bas Buch LLenoch iibersetzt (ind erklært, Leipzig, 1853. L'édition de Dillmann a été traduite en anglais en particulier par R. H.Charles, The Book of Enoch, Oxford, 1893. Cf. E. Kautzsch, Die apocr. und pseud. des A. 7"., Tubingue, 1900, t. II, p. 217-310 (introd. et trad. allemande). Bouriant, Mémoires publiés par les membres de la mission archéologique française au Caire, t. IX, 1892, fasc. i, p. 93-1 36 (version grecque). On trouvera tous renseignements, sur l’histoire du livre et des travaux auxquels il a donné lieu, dans l’introduction mise pai" M. l’abbé François Martin en tête de sa traduction, Le lis’re d’IIénoch traduit sur le texte éthiopien, Paris, 1906. H. Charles vient d'éditer le texte éthiopien d’après 23 mss. The Ethiopic version of the Book of Enoch, Oxford, 1906. Il suppose que l’original était écrit partie en hébreu et partie en araméen, comme Daniel.

D’autres écrits ont été mis sous le nom d’Hénoch. par exemple : le livre des secrets d’Hénoch, conservé en slave, cf. F. Martin, Le livre d’Hénoch, p. 92, et 23^ (notes), et une prière hébraïque, cf. Migne, Dict. des Apocryphes, 11, col. 226. Il reste encore à retrouver l’Apocalypse d’Hénoch, qui aurait été composée au viii' siècle si l’on en croit Michel le Syrien : « Cyriacus du Ségestan prit avec lui un méchant docteur, BiU* Salta de Réchajaia, et ils composèrent un livre de mensonge qu’ils intitulèrent Apocalypse d’LLénoch. Ils y insérèrent des paroles qui signifiaient que Marvvan régnerait et son fils après lui. Le livre ayant été présenté à Marwan par un de ses devins, il le lut et s’en réjouit beaucoup p. Chronique de Michel le Syrien, Paris, 1904, t. II, p. 607. D’ailleurs Hénoch est mentionné dans le Koran (xix, 67) et était donc célèbre chez les Musulmans.

5. — Le Testament dbraham. Sous forme apocalyptique. L’archange S. Michel est envoyé près du térébinthe de Mambré, pour annoncer à Abraham quil va mourir. Celui-ci demande à voir aiiparavant toutes les anivres de la création. Les chérubins l’enq^ortent ; il arrive à la première porte du ciel où sont les âmes des pécheurs : il Aoit le chemin large et le chemin étroit. Dieu charge la mort de lui amener Abraham. Elle le reconduit d’abord chez lui, elle lui montre les morts les plus douloureuses et lui décrit les diverses formes de mort ; enfin elle prend son âme et Michel la reçoit pour la porter au ciel. — Composition chrétienne, sans doute d’origine égyptienne.

Editions : Deux recensions grecques ont été éditées par A. Robinson dans Texts and Sludies, t. II, 2. Cambridge, 1892. Un abrégé de la plus longue a été traduit en anglais, d’ai)rès imc version rounuiine dans