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EVEQUES

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prêtres et aux diacres « comme à un précepte de Dieu et de Jésus-Christ » (Magn., ii ; TralL, xiii ; Sniyru., viii), parce qu’il les sait voulus par le Seigneur. Qui plus est, nous croyons l’institution divine clairement aflîrmce dans l’adresse de la lettre aux Pliiladelphiens :

« L’évcrpie, ses prêtres et les diacres désignés dans

la pensée de Jésus-Christ, h y^oiur, I. X., ([ui, selon sa i’olonté propre, les a établis et confirmés par l’Esprit-Saint. » Ces ministres sont ordonnés conformément à la pensée du Christ, c’est-à-dire d’après son ordre, d’après la constitution qu’il donna à son Eglise. Voilà pourquoi l’évêque n’a obtenu sa charge k ni de lui-même, ni par les hommes… mais de la charité de Dieu le Père et du Seigneur Jésus ». Voilà pourquoi cette hiérarchie appartient à l’essence même du christianisme, d’où cette atrirmation si énergique : « Que tous vénèrent les diacres comme Jésus-Christ, aussi bien que l’évêque, car celui-ci est la figure du Père, et les prêtres comme le sénat de Dieu et le collège des Apôtres : en dehors d’eux il n’y a pas d’Eglise : y/j>ph TîJrwv iyy.// ; 71y. îù /.y.’jîX-yi. J’ai l’assurance que VOUS partagez mes sentiments à cet égard. » (Trall., m.) La succession apostolique des évêques, si elle n’est pas énoncée, est à la base de toutes ses pensées. Car cette autorité supérieiu’e des évêques, les Apôtres l’ont autrefois exercée, l’ajant reçue de Jésus-Christ. Suivre les évêques ou suivre les Apôtres, c’est suivre le Seigneur.

IV. Hkgésippe. — Guidé par le même principe qu’Ignace, qui tenait l’évêque comme la règle de foi pratique et vivante de son église, Hégésippe, dans le but de s’édifier dans l’unité de la foi, entreprit un voyage à travers les églises, avec Rome comme terme de son enquête. « L’église de Corinthe, écrit-il dans le livre de ses Mémoires, persévéra (depuis la lettre de S, Clément) dans la vraie doctrine jusque sous l’épiscopat de Primus de Corinthe : au cours de mon voyage à Rome, je vécus dans cette église et y fis un séjour prolongé, m’édifiant sans cesse dans la vraie doctrine. Arrivé à Rome, je dressai la succession jusqu’à Anicet, auquel Soter succéda et ensuite Eleuthère. En chaque succession et en chaque ville, on garde la doctrine… du Seigneur. » (Eusèbe, //. £., IV, XXII.)

Cette succession que l’écrivain revendique pour les évêques de son temps, c’est bien la succession apostolique. Ce serait un non-sens de parler d’orthodoxie si on ne remontait pas régulièrement la série des évêques jusqu’au point d’attache de la tradition, c’est-à-dire jusqu’aux Apôtres et par eux à Jésus-Christ.

V. S. Iréxke. — II serait dilTicile d’exprimer plus clairement que l’illustre évêque de Lyon la succession apostolique des évêques. Dans son admirable traité Adsers II s Hæreses, il propose ce dogme comme un principe fondamental de l’Eglise du Christ. « Il faut chercher, dit-il III, m), la tradition des Apôtres auprès des évêques. Nous pouvons produire la liste de ceux qui ont été institués évêques par les Apôtres et de leurs successeurs jusqu’à nous… Ils voulaient que ceux qu’ils établissaient comme successeurs en leur transmettant leur propre fonction du magistère, fussent tout à fait parfaits. Mais comme il serait trop long d’énumérer dans ce livre les successions de toutes les églises, nous ne considérerons que la plus grande et la plus ancienne, celle de Rome, fondée et organisée par les deux très glorieux Apôtres Pierre et Paul. En indiquant comment la tradition qu’elle reçut des Apôtres… est arrivée jusqu’à nous par la succession de ses éiéques, nous confondons tous les hérétiques. « Puis, après avoir donné le catalogue épiscopal de Rome jusqu’à son temps, Irénée écrit ces

remarquables paroles, sous forme de conclusion :

« C’est dans cet ordre et par cette succession qu’est

arrivée jusqu’à nous la tradition des Apôtres dans l’Eglise et la prédication de la vérité. Par là nous démontrons pleinement que c’est une seule et même vivifiante foi qui s’est conservée dans l’Eglise depuis les Apôtres jusqu’à nos jours et s’est transmise en toute vérité. »

La succession apostolique des évêques c’est la substitution légitime, publique, nécessaire, continuelle et permanente du corps des évêques en lieu et place des Apôtres à la tête de l’Eglise, avec mission de la gouverner et de l’enseigner. En vertu de cette succession régulière et inintei-rompue, l’épiscopat contemporain forme comme un seul corps moral avec les Apôtres fondateurs et se trouve investi de leur pouvoir divin.

Cette doctrine, il importe d’y réfléchir, n’est pas le sentiment personnel d’un homme, c’est l’attestation de l’enseignement de l’Eglise de son temps aussi bien que de l’Eglise primitive, c’est la doctrine traditionnelle.

§ VI. — Conclusion : Argument théologique

L’origine de l’épiscopat prouve que le corps épiscopal est le dépositaire de la succession apostolique.

Jésus a fondé son Eglise en envoyant aux nations le collège des Apôtres choisis par lui avec la mission divine d’enseigner l’Evangile, d’administrer les sacrements et de diriger les iidèles.

Les Apôtres ont prêché la foi, groupé des fidèles et préposé des prêtres et des diacres aux églises qu’ils fondaient, en gardant la haute direction par devers eux. Ces prêtres, sans lesquels la vie chrétienne ne se conçoit pas, portaient indifféremment au premier siècle les noms d’sTrtV/rsrîi et de -psT^Crso^ji.

Cependant les Apôtres communiquèrent bientôt la plénitude de l’Ordre à des disciples d’élite. Ceuxci, à de rares exceptions près, embrassèrent également la vie de missionnaires. Plusieurs, ce sont les prophètes, se détachèrent de leurs mandants et s’en allèrent de leur côté fonder et organiser des chrétientés nouvelles : c’est pourquoi S. Paul rappelle aux chrétiens dans la lettre aux Ephésiens qu’ils sont édifiés sur le fondement des Apôtres et des prophètes (il, 20). D’autres restèrent attachés aux Apôtres et se firent leurs aides dans le ministère d’évangélisation, d’organisation et de direction ; ils ne furent ni fondateurs ni pasteurs, mais souvent délégués.

Le premier siège épiscopal fut celui de Jacques à Jérusalem.

De très bonne heure Antioche eut le sien : c’est sans doute parce que cette église n’avait pas de fondateur en titre que S. Pierre lui donna un évêque en la personne d’Evode.

A Rome, S. Pierre fonda et organisa l’église et en devint ainsi le chef. De concert avec S. Paul, qui vint apporter sa pierre à cet édifice, il y établit Lin comme évêque. De l’évêque de Rome il fit son successeur dans la Primauté.

S. Marc, fondateur de l’église d’Alexandrie, y établit un évêque à demeure.

Avant de mourir, les Apôtres prirent des dispositions pour assurer la transmission régulière de leur autorité sur les églises fondées, car il n’y a aucune trace de différend à ce sujet. S. Clément de Rome, du reste, le dit nettement. L’histoire ne nous rapporte pas comment les successions furent partagées.

Enfin, vers lafindu 1" siècle. S. Jean multiplia les sièges épiscopaux et organisa l’administration des diocèses dans les diverses villes d’Asie Mineure, exactement comme l’institution épiscopale fonctionne