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EVEQUES

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ne fait aucune mention de l’évêque. Et cependant, à deux reprises, l’écrit parle des fonctions pastorales des prêtres, r/ ; £7/3 ; /r£/ ; oi, et de l’obéissance qui leur est due. Coiume il s’agit de considérations générales, on aurait attendu la mention de l’évêque, l’expression la plus haute de cette autorité ecclésiastique, s’il y en avait eu un.

Même remarque au sujet de l’église de Puilippes. Polycarpe, cvèque de Sinyrne, adressa une épître auxlidcles de cette ville en réponse à la leur, après le passage de S. Ignace le martyr, en 107. Il nomme plusieurs fois les prêtres et les diacres, mais non l’évêque. Conçoit-on que, demandant expressément le respect et la soumission à l’égard de l’autorité religieuse, il passe sous silence l’évêque seul, qui en est le chef et la source dans la communauté ? Cette omission serait d autant moins concevable qu’à sa lettre étaient jointes celles de S. Ignace, où la nécessité de l’obéissance à l’évêque est si instamment inculquée.

Encore, quand il donne des conseils sur la conduite à tenir à l’égard du prêtre Valens, qui ne prêchait pas d’exemple, comment n’aurait-il fait aucune allusion à l’évêque son chef responsable ?

Pour Philippes, c’est tout. Mais l’histoire de Corinthe nous est mieux connue. Il est certain qu’au milieu du ii’siècle, quand Hégésippe y arriva, sous le pontificat romain d’Anicet (i 55- 166), cette église était goiivernée par un évêque. Il avait nom Phimus (Eus., //. Z, ’.. IV, XXII, 2). Nous ignorons si cet écrivain racontait dans ses Mémoires quand et comment le siège épiscopal de Corinthe fut institué. Dans l’extrait conservé, il n’est rien dit d’une succession épiscopale à Corinthe, bien que l’écrivain y parle de la liste romaine.

Bientôt après, sous le pontiticatde Soter (166-175), Denys illustra le siège épiscopal de Corinthe. Eusèbe a consacré une longue notice aux épîtres que cet évêque adressa à diverses églises. Ainsi nous furent conservés les noms de plusieurs évêques, ses contemporains {H. E., VI, xxiii).

Son successeur Baccuyllus est connu par la lettre qu’il écrivit à Victor de Rome, au temps de la controverse pascale (//. E., V, xxiii, 3).

Athkxes. — D’après la lettre adressée aux chrétiens d’Athènes par Denys de Corinthe, le premier évêque de leur église fut Dexys l’Aréopagite aux temps apostoliques ; l’évêque contemporain se nommait QrADRATUs et son prédécesseur Pcblius, un martyr.

Crète. — Il y avait alors en Crète plus d’un siège épiscopal. Philippe, auteur d’un traité contre Marcion, occupait celui de Gortyne ; Pinytus celui de Cnosse {Denys de Corinthe cité par Eus., //. E., IV, xxi ; xxiii, 5, 7, 8 ; xxv).

II. Tk.moigxages de s. Justin et Hégésippe. — V Apologie I, Lxv-Lxvii, de S. Justin (vers 150) décrit la célébration de l’Eucharistie le dimanche. Comme ministres, elle requiert le célébrant, qu’il appelle le i( président des frères », et ses serviteurs les diacres, chargés de distribuer la sainte Communion. Au président incombe également la distribution des aumônes. Peut-être le mot / ? ; esic ?en< est-il choisi intentionnellement pour comprendre l’évêque et le prêtre, selon les localités (cf. Ignace, Smyrn., viii, i).

Rappelons que, vers le même temps, Hégésippe rendit visite à un ^/’ «  « rf nombre d’évêques, TÙîi : s-’Ai iT.i’7/.dT<’A~ (rvu, u.t ?ii£ », en cours de route de la Palestine à Rome, et en bien des villes il y avait déjà lieu de parler de séries d^ évêques -.h ky.y.’rrr, oiv.lo/f, {Èi^èhe, /I.E., lY,-s.xii).

III. Asie Mineure.

sont plus abondants.

Les souvenirs historiques ici

S. Ignace ouvre dignement la série des témoins contemporains. Non seulement Ephèse, Magnésie, Tralles, Philadelphie et Smrrne, mais d’autres églises encore plus rapprochées d’Antioche (Philad., x, 2) avaient un évêque.

Observons en passant que la hiérarchie est en possession tranquille, qu’elle n’est pas le résultat d’une évolution ou d’une innovation, que la présence de l’évêque est, sinon ancienne et primitive, du moins incontestablement légitime, de l’assentiment de tous les fidèles. C’est une conclusion qui se dégage clairement de ces épîtres. Citons seulement ce principe :

« Sans eux (c’est-à-dire sans évêque, prêtres et diacres

) il n’y a pas d’église : Xupli to-jzwj ïy-/lr, ’71v. ov xa/£(rai » (Trall., ui, i).

A la même époque, nous le dîmes déjà, Papias était évêque d’IIiérapolis dans la province d’Asie (Eus., //. E., III, xxxvi, 2).

Au témoignage de S. Epiphane (//fler., XLii, i), Marcion était le fils de l’évêque de Sinope dans l’Hélénopont. Comme il vint à Rome après le pontificat d’Hygin, donc vers lijo, Sinope devait avoir déjà un siège épiscopal aux premières années du 11’siècle.

Vers le milieu du siècle, un de ses successeurs, Claude Apollinaire s’illustra par de nombreux écrits (//, E., IV, XXVI, I ; xxvii ; V, xix, 2).

MÉLiTON, évêque de Sardes, fut un fécond écrivain sous Marc-Aurèle (161-180). Par lui, nous connaissons Sagaris, évêque de Laodicée, qui souflrit le martyre sous le proconsul Servilius Paulus (//. E., IV, xxvi, 3 ; cfr. V, XXIV, 5).

L’auteur de l’ouvrage contre l’hérésie montaniste, dédié à Abircius Marcellus quatorze ans après la mort de l’hérésiarque Maximilla (-|- vers 170). nomme les évoques ZoTicus de Comane et Julien d’Apamée, contemporains de Maximilla ; il mentionne aussi des prêtres de l’église d’Ancyre en Galatie et appelle Zo-Ticus d’Otrène son collègue, rcù a’jjxr^pî’^fi-jzir.c.-j r./xûv ZoiTix’^ù-cù Orpr/joù (H. E., V, XVI, 5, 17 ; xviii, 13).

Dans une lettre de Sérapion, évêque d’Antioche vers la fin du siècle, Eusèbe lisait les noms de plusieurs évêques contemporains, notamment d’Aurélius de Cyrène, d’^îlLius Publius Julius, évêque de Develte, colonie de la Thrace, et de Sotas d’Anchialis {II. E., V, xix).

A cette époque, Polycrate, évêque d’Ephèse, âgé alors de soixante-cinq ans, en appelait à sept de ses parents, qui furent évêques avant lui et dont il avait connu quelques-uns seulement en vie, i^ /.y.î T : upr, xow^6r, sd TK^iv o-i-Tojv. Les plus anciens devaient donc avoir exercé les fonctions épiscopales au commencement du 11’siècle. Outre Polycarpe de Smyrne, Méliton de Sardes et Sagaris de Laodicée, il cite encore Papirius et Thrasée, évêque d’Euménie (II. E., V, xxiv, 3-7).

Mentionnons encore Abercius, évêque d’Hiéropolis en Phrygie, fameux par son cpitaphe récemment découverte.

Observons, en passant, combien est antique l’usage de dénommer les évêques du nom de la ville où se trouve fixé leur siège épiscopal.

IV. Controverse pascale. — Sous le pape Victor (189-199) surgit la controverse pascale, et des synodes d’évêques fiu-ent tenus en diverses provinces. Ces conciles envoyèrent des lettres circulaires dans toute l’Eglise. Eusèbe connut encore la lettre du synode de Palestine, présidé par Théophile de Césarée et Narcisse de Jérusalem ; celle du synode de Rome, tenu sous la présidence de Victor ; celle du synode des évêques du Pont, présidé par leur doyen d’âge Palma, évêque d’Amastrasie ; celle des églises de la Gaule, administrées par Irénée ; celle des églises et des villes d’Osroène ; enfin des lettres de Bacchyllus