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ÉYÈQUES

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aux infldèles, à fonder et à organiser de nouvelles églises.

III. S. Pierre. — A. Eglises d’Asib Mineure. — L’épître de S. Pierre aux églises d’Asie Mineure atteste la même organisation. « Je conjure les prêtres qui sont au milieu de vous, moi leur collègue… Paissez le troupeau de Dieu confié à’os soins…, sojez les modèles du troupeau, et à la venue du clief des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire immortelle. » (I Petr., v, i sqq.) A la tête de ces églises se trouvaient établis des prêtres tenant la place de Dieu ; chacune avait ses pasteurs propres. Aucune mention d’évêque. S. Pierre est leur supérieur.

B. Rome. — Comme ce sont les Apôtres Pierre et Paul qui fondèrent l’église de Rome, nous devons bien admettre qu’elle était organisée. D’ailleurs souvenons-nous du témoignage irrécusable de l’épître de S. Clément aux Corinthiens. Au chapitre suivant, nous traiterons de i’évêque de Rome.

Le Pasteur d’HEUMAS, écrit à Rome dans la première moitié du ii’siècle, nomme « les chefs de l’Eglise » (Vis., II, 2, 6 ; 111, 9, 7)’" ^^^ rp7îvT£/ ;  ; t qui gouvernent l’Eglise » (Vis., 11, 4) ; « les Apôtres et les docteurs » qui propagent l’Evangile (V/m., ix. 15, 4 ; 16, 5 : af », 2) ;

« les Apôtres et les iriTziritet les docteurs et les diacres

» (Vis., iii, 5, i) ; « les l7 : (>zsro « pasteurs » (Sim., IX, 27).

IV. L’Apôtre S. Jeax. — Le nom de l’Apôtre Jean occupe une place importante dans l’histoire de l’épiscopat. Non seulement son Apocalypse est le plus ancien écrit qui fasse mention d’évéques dirigeant une église en qualité de pasteurs, mais encore son activité apostolique, selon des traditions dignes de foi, se porta, au moins durant la dernière période de sa vie, sur l’érection de sièges épiscopaix dans les villes d’Asie Mineure.

Au retour de son exil à Patmos après la mort de Domitien, il se fixa à Ephèse, où il vécut jusqu’à un âge très avancé ; il y mourut vers l’an io3, sous le règne de Trajan.

A. Ses écrits, i. L’Apocalypse. — L’introduction de cette Révélation, écrite à Patmos, comprend la vision sur les sept églises d’Asie Mineure : Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. Sept lettres sont successivement adressées à l’ange de chacune de ces églises (i-ni).

Qui sont ces anges ? Sont-ce les esprits célestes protecteurs, ou peut-être la personnification de la communauté, ou ne sont-ce pas plutôt les gardiens visibles, les pasteurs en chef, les évcques ?

D’abord, ce ne sont pas les anges gardiens, car aux éloges adressés à ces anges sont mêlés des ])làmes, des exhortations et des menaces, ce qui ne peut aucunement convenir aux esprits célestes. En outre, dans l’Apocaljpse, les visions divines sont manifestées à S, Jean par les anges, et non pas inversement.

Ensuite, les anges ne sont pas les sjinboles des églises, car eux-mêmes sont sj-mbolisés par « les sept étoiles » que Jésus porte dans sa main, de même que les églises sont déjà symbolisées par les chandeliers, entre lesquels il se promène. Comme les chandeliers et les étoiles sont distincts, ainsi, les églises et leurs anges. Les anges sont les pasteurs en chef, vraiment envoyés du Seigneur, au sens premier du mol y//î/î(, qui brillent comme des astres dans les communautés. Peut-être les évêques n’avaient-ils pas encore le titre d’sTTiTzirîj à ce moment.

Enfin il semble que l’on connaisse même le nom d’un d’entre eux, Zoticus. nom d’homme. S. Jean écrit à l’ange de Sardes : « Tu as nom que tu vis cl lu es

mort » : allusion au nom de ^wrtxor, Vitalis, Vital, venant de ^k’w, vivre.

2. Troisième épître. — Diotrèphes, qui aime à dominer sur les fidèles et « ne reçoit pas » S. Jean, pourrait bien être un évêque. Son autorité est telle en effet qu’il peut empêcher l’église de prendre connaissance des lettres de l’Apôtre et de recevoir les frères, qu’il a le pouvoir de « chasser de l’église, iy.rf, ihy.)T, 7(v.i, ceux qui veulent exercer l’hospitalité ».

B. Tradition historique.

Mais de quel droit considérer Diotrèphes et les anges des sept églises comme des évêques proprement dits, plutôt que comme des présidents du collège presbytéral, puisque nous n’avons pas encore établi qu’à cette époque il y avait des sièges épiscopaux dans ces églises ? C’est que nous savons pertinemment que S. Jean a établi des évêques dans les villes d’Asie Mineure tandis qu il résidait à Ephèse. Ce fait est avéré par une tradition sûre et certaine, et par l’existence de nombreux sièges épiscopaux en cette province dès le début du ii siècle.

1. S. Ignace d’Antioche atteste, en 107, que Polycarpe était évêque de Smyrne, Onésime dEphèse, Damas de Magnésie, Polybe de Tralles ; quePhiladeljihie avait le sien. Aux fidèles de cette ville, il parle avec éloge « des églises qui avaient envoyé leiu- évêque » à Antioche en Syrie (Philad., x, 2). C’est un principe pour lui que « sans I’évêque. les prêtres et les diacres, il n’y a pas d’église », et il sait que les fidèles pensent de même (Trall., iii, 1-2).

Comme la plupart des églises d’Asie Mineure, sinon toutes, avaient des sièges épiscopaux tout au commencement du 11° siècle, il faut bien admettre que ces sièges pouvaient exister déjà dix à vingt ans plus tôt, à savoir du vivant de l’apôtre S.Jean. Il suffit de lire les lettres de S. Ignace pour se coua aincre que cette hiérarchie ne datait pas de la veille, qu’on ne venait pas d’innover.

2. S. Irénée rapporte que son maître Polycarpe fut établi sur le siège épiscopal de Smyrne par les Apôtres :

« Polycarpe, non seulement fut instruit (dans

la foi) par les Apôtres, … mais même il fut établi évêque de l’église de Smyrne par les Apôtres. » (Adv. Hær., III, m. 4.) Ce pluriel « les Apôtres » semble une figure de style pour le singulier.

Tertullien, quand il en appelle aux églises apostoliques, qui peuvent <( dérouler l’ordre de leurs évêques en une succession ininterrompue depuis le commencement, à partir du premier évêque établi par un des Apôtres », allègue comme exemple « l’église de Smyrne, qui attribue à Jean l’institution de Polycarpe » (De Præscript., xxxii).

Parmi les évcques créés par Jean, citons encore Papias, évêque d’Hiérapolis en Phrygie. Il fut contemporain d’Ignace d’Antioche et de Polycarpe de Smyrne (EusÈBE, //. E., III, xxxvi, 2). Irénée atteste qu’il fut discii)le de Jean et ami de Polycarpe, qu’il fut » homme

ancien », IIkTTik ; Iwawo-j fxi-j ww^ttï ;  ; , Ilî/uzaorîv 6î ïry.ia’, : ,

yv/o-j(.'>i, v.pyy.t’^i v.v/ip (Adv. Hær., V, xxxvi, 4). On peut raisonnablement supposer qu’il fut. lui aussi, établi sur le siège d’Hiérapolis par Jean son maître.

3. Vers 180, l’auteur du fragment de Mitratori a mis par écrit une très ancienne tradition, probablement celle de l’église de Rome. Elle confirme ce que nous savons au sujet de l’activité apostolique de S. Jean. Voici comment l’origine du quatrième Evangile y est racontée : « L’auteur du quatrième Evangile est Jean, un des disciples. Pressé par ses collègues et ses évêques, eps suis, il dit : Commençons ensemble un jefine de trois jours ; et communiquons-nous ce qui sera révélé à chacun. La même nuit, il fut révélé à André, un des Apôtres, que Jean écrirait tout, en son nom personnel, mais sous les yeux de tous. »