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EVÉQUES

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gneur Jésus-Christ, que des divisions éclateraient au sujet de la dignité presbytérale. C’est pourquoi, doués d’une prescience parfaite, ils instituèhent les SUSDITS (les prêtres), et exsuite établirent ex règle que, quand ils (les Apôtres) mourraient, d’autres honiiues éprouvés leur succédassent dans leur fonction. (C est la doctrine de la succession apostolique.) Ceux donc qui furent établis par eux ou après, par d’autres hommes illustres, avec l’approbation de toute l’Eglise… ne peuvent, nous le pensons, être démis de leurs fonctions sans injustice. » (xlii, xliv.)

Il est donc incontestable : i° « jue l’organisation de l’Eglise, en principe, repose sur le droit divin par la mission des Apôtres de Jésus-Christ ; a" que les Apôtres, dès les origines, ont établi une liiérarchie dans chaque communauté ; 3" que celle-ci comj)renait au sein de la communauté les prêtres et les diacres ; /J" que la hiérarchie de l’Eglise avt.it trois degrés, celui des Apôtres, celui des prêtres ou pasteurs, et celui des diacres.

A notre avis, le principe de la succession et de la transmission des pouvoirs apostoliques est également proclamé. Néanmoins, dans cette interprétation, les auteurs ne sont pas d’accord : à jjremière vue la phrase paraît ambiguë et peut prêter à confusion. S. Clément dit littéralement : Les Apôtres, prévoyant des faits comme ceux de Corinthe, « instituèrent les susdits (prêtres et diacres) et ensuite statuèrent que quand //s mourraient, d’autres hommes éprouvés recueillissent leur fonction : iàv y.'^iij.rfiCjziv Siy.Sz(oivTv.i

Quels sont ceux dont on prévoit la mort et par suite la succession ouverte '.* Sont- ce les Apôtres ou les prêtres ? Grammaticalement, ce peuvent être ceuxci aussi bien que ceux-là. Les mots « leurs fonctions » ne sont pas plus clairs. Apôtres et prêtres occupent une /£(Tov/î/ta. « Hommes éproués » les successeurs des uns et des autres doivent l'être. Il faut donc s’en référer au contexte.

Manifestement, les Apôtres furent préoccupés de la nécessité de mettre l’autorité des pasteurs au-dessus de toute contestation. Pour ceux qu’ils établirent eux-mêmes, pas de doute possible sur leur légitimité ; mais pour la suite il fallut un statut : « ensuite ils statuèrent qu'à leur mort… » La mort à prévoir, ce n’est pas tant celle des pasteurs, puisque les Apôtres sont là pour en établir d’autres en leur lieu et place, mais c’est celle des Apôtres, sources du pouvoir ecclésiastique. A la mort des Apôtres, qui leur succédera ? S’ils ont des successeurs, l’autorité ecclésiastique est assurée x>oiir l’avenir ; s’ils n’en ont pas, elle est tarie dans sa source. « Ces hommes éprouvés », qui n’ont pas encore de titre spécial, sont donc les successeurs des Apôtres. Dès lors que les Apôtres se sont assuré des successeurs, aucune contestation n’est possible sur la légitimité des pasteurs établis successivement dans les diverses églises.

Non seulement l’enchaînement des idées dans le contexte, mais aussi la conclusion que Clément luimême formule si nettement, font voir la justesse de notre inter[)rétation. « Ceux donc qui lurent établis par les Apôtres ou ensuite par d’autres hommes illustres… ne sauraient être démis. » Il s’agit uumifestement de la source même du pouvoir presljytéral : des prêtres de Corinthe, les plus anciens sont encore de création ajxjstolique, les autres établis depuis sont tout aussi légitimes et aussi inamovibles parce que institués ensuite par les successeurs des Apôtres.

Ces successeurs, observons-le, ne portent pas encore le nom d'évêques ; la lettre ne sait pas les désigner d’un nom propre : ce sont des « liommes illustres ». Il ne semble pas non i)lus qu’ils occupent un

siège épiscopal, la plupart étant sans doute missionnaires comme les Apôtres. Mais du reste le dogme de la succession apostolique est clairement énoncé.

« Des contestations contre l’autorité des prêtres arriveront nécessairement. L^ Apôtres y ont pourvu.

Après avoir établi eux-mèities les prêtres, ils n’ont pas manqué ensuite de se donner des successeurs avant de mourir : c’est pourquoi les prêtres établis par eux et ceux établis ensuite par ces successeurs ne sauraient être destitués. »

Il est superflu d’insister sur l’absolue certitude de l’existence d’un clergé à Corinthe dès les temps apostoliques. Les preuves abondent dans la lettre. Quoique la fondation de cette église ne datât pas d’un demi-siècle, depuis longtemps, m/ycZi ypd.'-iiç, les prêtres y exerçaient le ministère et plusieurs d’entre eux étaient déjà morts (xliv). « Chefs des âmes des iidèles » (lxiii), ils gouvernaient le troupeau du Christ conlic à leurs soins, prêchaient la doctrine du salut

! et offraient le sacrifice à Dieu (xliv).

Y avait-il un éêque à Corintiie ? Nous ne le pensons pas. Il s agit de hiérarchie dans toute la lettre ; elle y est considérée sous bien des aspects, et pas une seule allusion à l'évêque. « Soyez soumis à vos prêtres », est-il dit ; mais non pas : « Soyez soumis à votre évêque. »

Plusieurs auteurs croient trouver le triple degré de la hiérarchie au chapitre xl : « Au grand prêtre ont été confiées des fonctions propres, aux prêtres, Tcîç Upîij71-j, a été assignée leur place propre, aux lévites incombent des services propres. » Mais les termes employés et le contexte (xli) indiquent clairement que S. Clément a en vue le sacerdoce juif et le temple de Jérusalem.

N’allons pas oublier cependant que les prêtres et les diacres de l’Eglise étaient établis par les successeurs des Apôtres, ce qui nous donne les trois degrés.

E. Disciples de l’Apôtre. — On ne saurait faire l’histoire de l'épiscopat sans consacrer un paragraphe aux disciples de S. Paul.

Dans ses courses apostoliques, le maître était toujours entouré d’un essaim de disciples, qu’il appelait « ses chers tils, ses coopérateurs, ses coserviteurs dans le Christ, ses collègues, ses aides, ses compagnons d’armes »,

Jean Marc, Silas, Timothée etTite ont été des premiers à l’assister dans la prédication de l’Evangile. Les Actes des Apôtres et les Epîtres nomment encore Gaïus de Derbé, Aristarque de Thessalonique, Sopater de Bérée, Tychique et Trophimede la province d’Asie, Luc, Dénias, Epaphras de Colosses, Clément, Lin, Jésus le Juste, Caïus de Corinthe, Artémas, Soslhène, Epaphrodite, Philémon, Archippe, Crescens, et d’autres. Un grand nombre suivaient lidèlement l’Apôtre, quelques-uns résidaient dans une église.

S. Paul leur confiait aussi des missions et en faisait ses délégués aux chrétientés. Ainsi, de bonne heure il députa Timothée aux fidèles de Thessalonique, comme un ministre de Dieu dans l’Evangile, pour les affermir dans la foi (I TJiess., iii, 2, 3) ; il l’envoya aux Corinthiens « pour leur rappeler la doctrine de son maître dans le Seigneur, selon ce qu’il enseigne dans toutes les églises » (I Cor., iv, !  ;), car TimothécH faill'œuvre de Dieu comme lui » (xvi, lo) ; il le délégua encore à Pliilippes (P/iit.. ii, 19 ss.).

Grâce aux épîtres pastorales, nous connaissons la nature de ces missions et la dignité de ces envoyés. Il est certain que Tite et Timothée avaient re(, u la plénitude de l’Ordre, puisqu’il leur est enjoint d’achever l'œuvre d’organisation et de créer des pasteurs et des diacres (I Tim., iii, i ss. ; v, 17-22 ; Tit., i, 5 ss.).