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ÉVEQUES

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nisée, hiérarchiquement constituée. Cette étude préliminaire a été faite dans l’article Eglise.

Nous pouvons donc directement entamer la question du fait histori(iue, étudier les Eglises fondées par les Apôtres depuis la Pentecôte et recliercher s’il y avait là une hiérarchie, et principalement un épiscopat.

Voici la division de notre travail :

§ I. Les i~LTy.o-ot et les —oi’jt-’j~iç.oi du premier

SIÈCLE.

I. Opinions des auteurs.

a. Les noms avant le christianisme.

3. Les £Tr(’î-/ ; îiTîc chrétiens.

4. L.es ~pîr : Q-jTspoi. chrétiens.

5. Etude comparative des i-iy/.oTroi et des vpî7-Q-Jrspot.

6. Dignité des lûisxo-oi-izpiyQJrîpoi.

§ II. L’organisation des églises par les Apôtres, i

I. Jérusalem. l

II. Eglises de saint Paul.

A. Ephèse.

B. La Crète.

C. Philippe et Thessalonique.

D. Corinthe.

E. Disciples de l’Apôtre.

F. Apôtres, Prophètes et Docteurs. Conclusion sur l’œuvre d’organisation de saint

Paul.

III. Saint Pierre.

A. Eglises d’Asie.

B. Borne.

IV. Saint Jean :

A. Ses écrits : i. L’Apocalypse.

1. La 3’^ Epitre.

B. Tradition historique : i. S. Ignace d’Antioche.

2. 5. Irénée.

3. Fragment de Muratori.

4. Clément d’Alexandrie.

5. Tertullien.

§ III. Les listes épiscopales depuis les Apôtres.

I. Rome.

II. Antioche.

III. Alexandrie.

IV. Jérusalem : A. Eglise judéo-chrétienne.

B. Eglise grecque.

§ IV. L’ÉPISCOPAT AU II’siècle.

I. Grèce. — Corinthe. Athènes. Crète. IL Témoignages de saint Justin et d’Ifégésippe.

III. Asie Mineure.

IV. Controverse pascale.

§ V. La succession apostolique des évêqubs, ou l’origine divine de l’épiscopat.

I. Les Pastorales.

II. Lettre de S. Clément de Rome.

III..S. Ignace d’Antioche.

IV. Hégésippe.

V. S. Irénée.

§ VI. Conclusion : argu.ment théologiquk. Bibliographie.

§ I. — Les irî’jy.OTTOi et les roîToûrciot du premier siècle

Il est incontestable que dès le commencement du second siècle en Asie Mineure et un demi-siècle plus tard dans toute l’Eglise, le titre iT : 17x^noi était réservé

au dignitaire ecclésiastique que nous appelons évoque, supérieur aux prêtres ou -rrp-TQ-Jnpoi. Les lettres de S. Ignace d’Antioche et de Denys de Corinthe, les Mémoires d’HicGÉsipPE, les écrits de S. Irknée, de PoLYCHATE ct de Tertullien en rendent témoignage. Pour ne citer que l’évéque d’Antioche, mort martyr en 107, au plus tard en 11 5, dans les lettres que, au cours de son voyage vers Rome, il adresse aux églises de l’Asie Mineure, nous le Aoyons établir clairement la distinction entre l’évéque, les prêtres et les diacres. Il exhorte les Ephésiens à être soumis à révéque, lj : iiTy.oT : oi, et aux prêtres, TTpt^Qjripioj^Eph.jU) ; il rencontra l’évéque de Magnésie avec ses prêtres et son diacre (Magn., 11) ; il salue affectueusement les Philadelphicns, surtout s’ils restent unis avec leur évêque et ses prêtres et diacres, désignés suivant l’avis du Christ (Philad., inscr.).

Au commencement du 11° siècle les mots sTriVzoTrsî et TTo-rQùripo : avaient donc déjà, au moins dans certaines églises, le sens que nous leur donnons actuellement.

Mais en était-il de même au i" siècle de notre ère ?

I. Opinions des auteurs. — Les auteurs sont divisés à ce sujet en de nombreux aA’is, que nous ramenons à trois classes principales :

1° Les mots, dès les temps apostoliques, ont eu le même sens que depuis lors. L’Anglais Pearson (Vindiciae Ignatianae, Migne, P. G., t. V, col. 434 sqq.) défend cette opinion. Le P. Pbtau (Dissert, eccl., lib. I, c. I, 2 ; De eccl. hier., lib. VI, c. 4. et passim) dans une première opinion, qvie suit aussi Perrone (De Ordine, n. io4), est à peu près du même avis : dans la plupart des églises, tcms les pasteurs étaient à la fois prêtres et évêques ; ils étaient appelés tantôt âriTxonîj : , tantôt r-pi^^-j-vépo-j-, , d’après leur double caractère.

2° Selon l’opinion la plus commune, ces titres s’employaient indistinctement l’un pour l’autre.

Mais les auteurs se séparent dans la signification à donner aux titres.

Les uns croient que leur signification était générale et qu’ils désignaient indifféremment les évêques et les prêtres. C’est l’avis de S. Jean Chrysostome, (Hom. 1 in Phil., i), suivi par Œcumenius (In Act. xx, 17, 28 ; Phil. I, I ; I Tim., iii, 8 ; T’it. 1, 8), Theophy-LACTE {in l. c), les grands scolastiques et notamment S. Thomas (II » II » ", q. 184, a. 6, ad i), et beaucoup de théologiens modernes.

Les autres pensent que les deux synonymes avaient un sens bien déterminé et ne désignaient que les simples prêtres. Telle est l’interprétation de S. Jérôme {in Tit., i, 5 ; Ep. ad Evang., cxlvi al. lxxxv) de Théodore de Mopsueste (Comment, in epist. S. Pauli, ’Tim., m), de Théodoret (in Phil., i, i ; in I Tim., iir, 1), d’AMBRosiASTER (in Eph., iv, 11-12), de Raban Maur (Comm. in I Tim., 11) et de nombreux auteurs contemporains. Le P. Petau fut amené par ses études à abandonner sa première opinion pour embrasser celle-ci.

Les prolestants et les rationalistes jusqu’à Hatch se sont toujours plu à reconnaître l’identité des è7T<’7xo ; rot et des rpiT^-Jzipot ; cette synonymie était même à leurs yeux l’argument principal pour nier la supériorité des évêques sur les prêtres dans la primitive Eglise.

3° Mais depuis la publication du livre de Hatch et sa traduction en allemand par Harnack en 1883, les critiques libéraux partisans de l’évolutionnisme ont pris une nouvelle direction. Les communautés primitives porteraient l’empreinte des institutions sociales du monde gréco-romain et seraient calquées pour l’organisation sur les corporations religieuses con-