Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/862

Cette page n’a pas encore été corrigée

1707

ÉVANGILES CANONIQUES

1708

Jean l’apôtre ». L’auteur du livre et son école pouvaient se réclamer du lils de Zébcdée : « la doctrine, consignée dans l’ouvrage, avait dû se former sous ses yeux n.

« Que Jean, fils de Zébédée, se trouve de quelque

façon derrière le quatrième Evangile, déclare M. Har-NACK, Die Chronologie der dltcliristlichen Literatur, 1897, t. I, p. 677, voilà ce qui ne peut être mis en contestation. Notre Evangile serait donc à traiter comme Evangile de Jean le presbytre (censé distinct de l’apôtre et rédacteur véritable du livre selon Jean fils de Zébédée). » Plus récemment, le même critique répétait, Dus Wesen des Chrislentums^’900, p. 13, que le quatrième Evangile « renferme une tradition véritaltle, encore que difficile à vérifier ».

Sauf réserve sur l’identification plus que douteuse du rédacteur de l’ouvrage avec le prétendu presbytre Jean, c’est à cette opinion que se tiennent pareillement J. MoFFATT, The historical iVeu’Testament, 2* éd., 1901, p. 495 sq. ; P. Gaudner, A historical View of the Saw Testament, 1901 ; O. Holtzmann, Lehen Jesu, ’90ï, P- 34, 35, note i ; 313, note i ; cf. Das Johannesevangelium, 1887, p. 48 » >38, etc. ; Heitmueller, DasJohannes-Evangclium (Die Schriften des iV. T., von J. Weiss, t. II, 3’Abschnitt), 1907, p. 186 sq. ; même E. A. Abbott, art. Gospels, dans VEncycl. biblica, t. II, 1901, col. 1794- 1796, et A. JuE-LicDER, à partir de la 3° édition de son Einleitung in das y. T., 1901, p. 335-339, bien que ces deux derniers auteurs adoptent en grande partie la théorie symbolique de Baur et de Strauss.

â31. Quelques critiques vont jusqu’à supposer le quatrième Evangile composé à l’aide de mémoires, ou écrits fragmentaires, rédigés authentiquement par le fils de Zébédée. — D’après H. Wendt, Die Lehre Jesu, 1886, t. I, p. 215-342 ; a’^ éd., 1901 ; Das Johannesevangelium, 1900, un disciple de Jean aurait utilisé, pour composer l’Evangile actuel, un recueil, rédigé par l’apôtre, de discours introduits par de brèves notices : ces notices fourniraient un supplément de A’aleur à la narration synoptique ; les discours mêmes représenteraient, dans leur substance, des souvenirs authentiques. — Des hypothèses analogues ont été proposées par Briggs, General Introduction to the Sludy of Holy Scripture, 1900, p. 327 ; JVeu’Light on the Life of Jésus, 1904, p. 140-158 ; et par W. Soltau, Zum Problem des Johannesevangeliunis, dans la Zeitschrift fiïr die neut. Wissenschaft, 1901, p. 147. Cf. F. Spitta, Das Johannes-Evangelium als Quelle der Geschichte Jesu, 1910.

S3â. De l’opinion soutenue par Renan et Harnack, on peut rapprocher celle de plusieurs critiques qui identifient le disciple bien aimé, garant de la tradition contenue dans cet Evangile, avec un disciple hiérosolymitain de Jésus, différent de l’apôtre Jean (n*177). Ainsi H. Delff, Das vierte Evangelium iviederhergestellt, 1890, p. 12 sq. ; W. Bousset, Die Offenbarung Johannis (Kommentar iiber das N. T. de Meyer), 1896, p. 44-47 ; ^- Frlir. vox Sode.x, Urchristliche Literaturgeschichte (die Schriften des N. T.), 1905, p. 217-220. « Seule, ditM. Bousset, op. cit., p. 45, une critique systématique et négative à l’excès peut méconnaître que l’Evangile de Jean contient une narration indépendante, parallèle à celle desSynoptiques, et en beaucoup de points supérieure, dès que le récit porte sur le terrain de Jérusalem. »

Il n’est pas jusqu’à H. Holtzmann, le plus en vue des critiques symbolistes, qui ne trouve dans notre Evangile un certain fond traditionnel, sans aller pourtant jusqu’à le faire remonter au fils de Zébédée : Das Evangelium des Johannes (Hand-Commcntar zum

N. T.), 2’éd., 1893, p. 23-24, 221 ; 4’éd., refondue par W. Bauer, igoS, p. 25-28, 298, 304.

S33. 3° Opinion des critiques catholiques et d’un certain nombre de protestants. — Cependant, la grande généralité des auteurs catholiques et un certain nombre d’écrivains prolestants continuent de voir dans le quatrième Evangile l’œuvre personnelle de l’apôtre saint Jean ; et bien qie plusieurs n’en apprécient pas moins d’une façon fort large la fidélité historique de notre document — ainsi, d’après J. Drummond, An Inquiry into the Character and Authorship of the Fourth Gospel, 1903, plusieurs récits, par exemple celui de la résurrection de La- 1 zare, tendraient à se rapprocher d’une pure composi- ! lion sjiubolique ; les discours prêtés à Jésus contiendraient, pour une large part, la pensée personnelle de l’écrivain, mêlée à ses souvenirs, — ils estiment dans l’ensemble qu’étant donnée l’authenticité de l’ouvrage, son historicité s’impose d’une façon générale.

Au sentiment de B. Weiss, Einleitung in das N. T., 3’éd., 1897, p. 381 ; Das Johannes Evangelium (Kommentar liber das ?>’. T. de Meyer), 9’éd., 1902, les discours attribués au Christ reproduiraient avec fidélité la substance de l’enseignement du Sauveur, tout en offrant une combinaison de la pensée de l’évangéliste avec ses souvenirs objectifs. — C’est également l’opinion de divers critiques catholiques : P. Batif-FOL, Six leçons sur les Evangiles, 4° éd., 1897, p. 128129 ; art. L’Eucharistie dans le A^. T., dans la Revue hibl., 1903, p. 513 ; Th. Calmes, Comment se sont formés les Evangiles, 1899, p. 49 ; L’Evangile selon saint Jean, 1904, p. 76 ; M.-J. Lagraxge, dans le Bulletin de littérature ecclésiastique, 1904, p. 18.

234. Le plus grand nombre des auteurs catholiques cependant bornent la part de l’évangéliste à un certain travail de condensation ou d’adaptation qu’il a fait subir aux discours du Christ et à la forme littéraire dans laquelle il les a traduits : Dom A. Cal-MET, L’Evangile de S.Jean (Commentaire littéral sur les livres de l’A. et du N. T.), 1 729, p. 7 ; Corluy, Commentarius in Evangelium S. Joannis, 2’éd., 1880, p. 15-16 ; L. Cl. FiLlion, Evangile selon saint Jean, 1897, p. Li ; Knabenbauer, Commentarius in Evangelium secundum Loannem, p. 48-49 ; E. Mangexot, art. Jean (Evangile de S.), dans le Dict. de la Bible, t. III, 1903, col. 1 189 ; C. Fouard, Saint Jean et la fin de Vàge apostolique, 1904, p. 280-239 ; A. Nouvelle, L’authenticité du IV’Evangile et la thi’se de M. Loisy, 1905, p. 133 ; J. Fontaine, Les infiltrations protestantes et l’exégèse du A’. T., 1^ éd., s. d., p. 322-436 ; C. Chauvin, Les idées de M. Loisy sur le quatrième Evangile, igo6, p. 176 ; E. Jacquier, Histoire des livres du N, T., t. IV, 1908, J). 281, 256-260 ; A. Brassac, Manuel biblique, t. III, 19 10, p. 194-209.

C’est l’opinion qui paraît également soutenue, avec des nuances diverses, par un certain nombre d’écrivains prolestants : B. W. yBSTCOTT, The Gospel according to St. John (The Speaker’s Commentary), 16*^ mille, 1908, p. LVi-Lix ; F. Godet, Commentaire sur l’Evangile de saint Jean, 4’éd., 1904, 1. 1, p. 144sq. ; H.-R. Reynolds, art. John (Gospel of), dans le Dict. of the Bible, t. II, 1899, p. 718 ; W. Sanday, The Criticism ofthe Fourth Gospel, igoô, p. 167-169 ; Th. Zahn, Das Evangelium des Johannes (Kommentar zum N. T.), 1908, p. 35-36.

Nous allons montrer que le quatrième Evangile, soit dans sa partie narrative soit dans ses discours, ne peut pas être qualifié de composition artificielle où seraient représentées sous le voile de l’allégorie les idées propres de l’auteur, mais doit être regardé comme contenant une véritable tradition historique