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ÉVANGILES CANONIQUES

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xiii, 2 ; XVIII, V, 2 ; autobiographie, i ; Corpus inscript, græc, n* 452 1 ; addenda, p. iiy^ ; la mort du Sauveur sous le gouvernement de Ponce Pilate et le pontificat de Caïphe : cf. Tacite, Ann.^ XV, xliv ; JosÈPHE, Ant., XVIII, III. 1, 2,

SO3. ie recensement de Quirinius. — C’est à peine si l’on révoque en doute la justesse du renseignement fourni par saint Luc, ii, 1-2, sur la coïncidence de la naissance de Jésus avec un décret de César Auguste, prescrivant un recensement général de l’empire romain, lequel aurait été exécuté pendant que Quirinius était légat de Sjrie. Renan, Vie de Jésus, p. 20, n. 4 ; LoiSY, Les Evangiles synoptiques, t. I, p. 343-346. L’évangéliste, dit-on, aurait anticipé d’une dizaine d’années, pour expliquer la naissance du Christ à Bethléem, le recensement authentique connu par les Actes, v, 3^ et par Josèphe, Ant., XVIII, I, I. — Slais, de ce que nous ne sommes pas en mesure actuellement d’identifier avec certitude le premier recensement dont parle l’évangéliste, il ne faut pas se presser de conclure à sa non réalité. Naguère aussi, Stracss prétendait que le Lysanias, mentionné par saint Luc comme tétrarque del’Abilène au début du ministère de Jésus, était un prince de Chalcis, portant le même nom, et qui aurait vécu quelque soixante ans auparavant. Vie de Jésus, t. I, p. 35535’j. Aujourd’hui cependant il est reconnu qu’il y avait en réalité un Lysanias, tétrarque de l’Abilène, à l’époque indiquée par le troisième évangcliste, au temps de l’empereur Tibère. Cf. Renan, Mémoires de V Académie des Inscriptions et Belles- Lettres, t. XXVI, II, p. 67 ; Mission de Phénicie, p. 317 sq. ; Vie de Jésus, p. xiii, lxxxiv, n. 5 ; Schuerer, Geschichte des jiidischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi, 3’éd., t. I, 1901, p. 716-720.

Notre évangéliste, étant en même temps l’auteur du livre des Actes, connaît exactement le recensement qui eut lieu, dix ans après la naissance de Jésus, l’an 6 de notre ère, après la déposition d’Archélaiis, et qui fut signalé par la révolte de Judas le Galiléen, Act., v, 37. Il serait étrange que, par erreur sur sa date précise, ce soit ce mêine recensement qu’il entende faire coïncider a^ec la naissance de Jésus, l’anticipant ainsi de dix ans. Il est bien plutôt à croire que l’opération de recensement, mentionnée dans l’Evangile, est différente de celle qui est mentionnée dans les Actes. Commencée sous Sentius Saturninus (9-6 av. J.-C), selon le témoignage de Tertullien, Adi’. Marcion., IV, xix, elle se sera terminée sous Sulpicius Quirinius, que l’on sait avoir été une première fois légat de Syrie, de l’an 3 avant Jésus-Christ à l’an 3 après Jésus-Christ : Mommsen, Bes gestæ D. Augusti, 2* éd., p. 161-162 ; sans préjudice du recensement qui fut exécuté, dix ans plus tard, par le même Quirinius, pour la réglementation de l’impôt, et qui, parce qu’il signifiait l’incorporation définitive de la Judée à l’empire, excita la révolte de Judas le Galiléen.

Par le fait, la tournure employée par l’évangéliste est remarquable : au point de vue de la grammaire et de la logique, sa phrase ne peut que se traduire ainsi : « Ce premier recensement eut lieu, Quirinius étant légat de Syrie », ou bien : « Ce recensement est le premier qui eut lieu sous Quirinius légat de Syrie. » Cf. J. "Weiss, Ei’. Luc, 8’éd. du Commentaire de Meyer, 1892, p. 323. II est donc expressément question d’un « premier » recensement : il serait vraiment étrange que notre écrivain parlât de la sorte, s’il n’en connaissait qu’un seul ; tout porte à croire qu’il entend le distinguer de celui qu’il mentionne ensuite dans les Actes ; et il était en mesure, mieux que nous, d’être renseigné sur ce point. Cf. Marucchi, art. Cyrinus, dans le Dict. de la Bible de

Vigouroux ; R.-S. Bour, L’inscription de Quirinius et le recensement de saint L^uc, 1897 ; AV. Ramsay, fVas Christ born at Bethleheni ? 1898 ; et ci-dessus, Jalabert, art. Efigraphie, col. 1 424-1 428.

204. 3° Comparaison avec les monuments de l histoire pour la description de la vie palestinienne. — Nous ne pouvons songer à énumérer ici les multiples détails des Evangiles qui ont trait à la vie palestinienne. Comme nous avons déjà eu loccasion de le dire (no S7). on y trouve, disséminés dans les récits et fournis au fur et à mesure de l’occasion, maints détails sur la situation politique, administrative, sociale et religieuse, de la Judée à l’époque du Sauveur : sur le rôle du procurateur romain, l’autorité laissée au sanhédrin juif ; les diverses classes ou les divers partis en présence, scribes et docteurs de la Loi, pharisiens et sadducéens, anciens du peuple ; les idées religieuses, les opinions relatives au Messie, le culte du temple, les usages liturgiques. Or, tous ces renseignements, si multiples, si variés, portant sur une réalité si spéciale et si complexe, sont reconnus en harmonie parfaite avec les plus sûres informations possédées par ailleurs. Cf. Sciiurrer, Geschichte des jiidischen Volkes, 3’éd., t. II, 1898 ; Stapfer, La Palestine au temps de Jésus-Christ, ô’édit., 1892 ; Edersheim, La société juive à l’époque de Jésus-Christ, traduit de l’anglais par Roux, 1896.

SOS. 3" Comparaison avec les Epitres de saint Paul pour les données sur la vie et renseignement de Jésus. — Une confirmation toute spéciale peut être demandée aux Epitres de saint Paul. Ces Epitres sont aujourd’hui, à l’exception de l’Epitre aux Hébreux, et sauf discussion au sujet des Epitres pastorales, tenues par la grande majorité des critiques pour œuvres authentiques de l’Apôtre, rédigées entre les années 48 et 60. Elles nous renseignent, par conséquent, sur la teneur de la tradition et l’état de la théologie chrétienne, vingt ou trente ans après la mort du Sauveur, au sein même de la génération apostolique. Il est intéressant de comparer leurs données avec celles de nos Evangiles. Or, voici ce qu’à ce point de vue on constate.

Saint Paul revient constamment sur les grands faits de la passion, de la mort, de la résurrection de Jésus-Christ, et la façon dont il en parle suppose une réalité semblable à celle que nous décrivent les Synoptiques. Dans ladernière Cène avec ses disciples, la nuit même de sa trahison, Jésus a institué l’Eucharistie, I Cor., XI, 23-29. Il a été livré à mort pour nos péchés. Boni., iv, 26 ; v, 6, 9, 10 ; a’iii. 32, 34 ; ou plutôt il s’est livré lui-même pour nous. Gal., 11, 20. Il a rendu témoignage sous Ponce Pilate, I Tim., vi, 13. Immolé au temps de la Pàque, il est devenu ainsi lui-même notre Agneau pascal, I Cor., v, 7. Condamné au supplice de la croix. Boni., vi, 5, 6 ; I Cor., I, 17, 23 ; II, 2, 8 ; II Cor., xiii, 4 ; Gal., iii, 13 ; Philip., m, 18 ; Col., II, 14 ; enseveli. Boni., vi, 4 ; x, 7 ; I Cor., XV, 4 ; Eph., IV, 9 ; Col., II, 12 ; il est ressuscité le troisième jour, Born., iv, 24 ; xiv, 9 ; I Cor., xv, 4 ; et il est apparu ensuite à un grand nombre : à Pierre, aux Onze, à plus de cinq cents frères ensemble, à Jacques, et de nouveau à tous les apôtres, I Cor., xv, 6-7.

L’Apôtre confirme également, sur un certain nombre de points, les enseignements de Jésus rapportés par nos Evangiles. Il se réfère expressément à ce que le Seigneur a réglé touchant l’indissolubilité du mariage, I Cor., VII, 10 ; cf. Marc, x, 9. La manière dont il parle de ravènement final du Christ, de l’incertitude de son jour, de la nécessité de se tenir prêt, I Thess., IV, 12-17 ; V, i-ii ; II Thess., i, 6-10 ; ii, I sq., etc., comme aussi de la bienveillance à garder vis-à-vis des persécuteurs, de la charité pour le prochain, de nos rapports avec Dieu Père, enfin du