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ÉVANGILES CANONIQUES

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p. i-ii, p. 189-200 ; P. Ladeize, dans la Revue d^ histoire ecclésiastique, igoS, p. 023-644 ; Lepix, Le Magnificat doit-il être attribué à Marie ou à Elisabeth ? dans L’Université catholique, 1902 ; L’origine du Magnificat. Réponse aux nouvelles observations de M. Loisv. Ibid., 1903, p. 290-296.

47. L’ange de la piscine probatique, Jean, v,

3<’-4. — Objections à l’authenticité. — Le texte grec ordinaii-e porte à cet endroit,. 3’, que les malades, couchés sous les portiques, étaient « attendant le mouvenienl de leau ». Et il ajoute, v. 4 : « Or, un ange du Seigneur descendait de temps en temps dans la piscine et agitait l’eau ; le premier donc qui entrait après le mouvement de Teau, se trouvait guéri, de quelque maladie qu’il fût atteint. » — Le v.’if^ seul manque dans les manuscrits AL ; le v. 4 seul manque dans le codex D et un certain nombre de manuscrits latins ; le tout manque dans N, B, C et la version syriaque curelonienne.

Le passage entier est rejeté en marge dans les éditions deTischendorf, ^Yestcott-Hort, Nestlé. M. Loisy, Le quatr. Evang., p. 389, croit également à une interpolation destinée à combler une lacune apparente du texte primitif.

Réponse. — Cependant l’authenticité du morceau est établie par des raisons critiques du plus grand poids. Il figure dans la Vulgate latine, dont nous connaissons la haute valeur ; on le trouve dans la plupart des manuscrits de la Vulgate antérieure à saint Jérôme ; il était déjà connu de Tertullien.

Au point de Aue interne, il ne renferme rien qui détonne sur le reste du quatrième Evangile. Au contraire, la digression amenée par l’explication qui vient s’insérer dans le récit est tout à fait conforme à la méthode ordinaire de l’auteur. — On trouve même un cachet franchement johannique dans la proposition : « le premier donc qui entrait… » — Enfin, le passage paraît exigé par le contexte : le renseignement qu’il fournit, en efïet, semble une explication nécessaire du v. 7, où le malade dit à Jésus :

« Seigneur, je n’ai personne pour me jeter dans la

piscine quand l’eau a été agitée ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. »

Il est donc probable que le passage a été omis, non sans doute par une suppression A’olontaire et tendancieuse, mais d’une façon accidentelle, dans un manuscrit type qui en aura influencé un bon nombre d’autres aux m’et iv* siècles.

L’authenticité du morceau, rejetée par quelques auteurs catholiques, comme Brassac, Manuel biblique, t. III, 1910, p. 173 ; et en partie Calmes, L’Evangile selon S. Jean, 1904, p. 220, est reconnue, au contraire, de Strauss, Nouvelle vie de Jésus, 1864, t. ii, p. iBg ; Reuss, La théologie johannique, 1870, p. 167 ; H. J. HoLTr » MANX, Das Evangeliuni des Johannes, 2* éd., 1893, p. 88 ; 3° éd., refondue par W. Baueb, 1908, p. 118 ; Maxgenot, art. Jean (Evangile de S.), dans le Dict. de la Bible, t. III, 1903, col. 1173-117Ô.

48. A CONSULTER. — Jacquier, IListoire des livres dui. T., t. II, p. 486-607 ; t. IV, p. 278-280 ; Brassac, Manuel biblique, t. III, 1910, p. 79, 99, 171 sq.

III. Le rapport des trois premiers Evangiles entre eux

Avant d’aborder la question des auteurs de nos Evangiles, il nous faut encore traiter une question préalable, celle du rapport qui existe entre les trois premiers d’entre eux. La détermination de ce rapport est, en effet, nécessaire pour apprécier l’ordre dans lequel ont paru les documents, leur dépendance ré ciproque, et par là même intéresse la question de savoir s’ils sont bien des auteurs auxquels on les attribue.

49. I. Etat dk l.v question. — Ressemblances des trois Evangiles. — La comparaison de nos Evangiles révèle entre les trois premiers des ressemblances étroites. Tandis que le quatrième s’attache à reproduire le ministère de Jésus en Judée avant la dernière semaine, se bornant presque à supposer son ministère galiléen, les Evangiles antérieurs racontent le seul ministère de Jésus en Galilée, à la suite du baptême et de la tentation au désert, et ne conduisent le Sauveur à Jérusalem que quelques jours avant la Pàque finale. Leur plan général est donc identique.

On y trouve aussi, pour une bonne part, les mêmes éléments, les mêmes miracles, les mêmes anecdotes, les mêmes discours, souvent groupés de la même manière, présentés de la même façon, parfois avec des coïncidences extraordinaires au point de vue du style et des expressions.

30. Leurs différences. — Cependant, à côté de ces ressemblances très remarquables, il y a des différences non moins évidentes. Des parties considérables manquent dans un Evangile et se trouvent seulement dans les deux autres : ainsi, les récits relatifs à l’enfance de Jésus sont particuliers à saint Matthieu et à saint Luc, et ils diflerent de l’un à l’autre de ces Evangiles ; les discours, abondants en saint Matthieu et en saint Luc, sont presque nuls dans saint Marc. — D’autres parties sont exclusivement propres à tel ou tel de nos documents. Saint Marc est seul à raconter la guérison du sourd-muet de la Pentapole, celle de l’aveugle de Bcthsaide ; il reproduit également seul la parabole de la semence qui croit d’une façon insensible et celle du maître qui laisse sa maison à la garde de ses serviteurs. On ne trouve que chez saint Matthieu les récits de l’adoration des mages, de la fuite en Egypte, du massacre des Innocents, les paraboles de l’ivraie, des ouvriers envoyés à la vigne, des dix vierges, etc. Saint Luc seul nous a conservé les récits de l’annonciation, de la Visitation, de la présentation au temple, les épisodes deZachée, du bon larron, de l’apparition aux disciples d Emniaiïs, les paraboles du bon samaritain, de l’enfant prodigue, du pharisien et du publicain, etc.

Si l’on combine entre eux les récits des trois Evangiles, on peut dire que les deux tiers des détails sont comnmns aux trois ; saint Matthieu possède en propre environ 1/6 de son Evangile, 330 versets ; saint Luc envii’on i/4 du sien, 54 1 versets ; saint Marc seulement 1/ 10, ou 68 versets.

Il n’y a pas moins de Aariété en ce qui concerne le groupement et la liaison des diverses parties, les détails fournis dans les récits, le choix des termes et les constructions. Saint Marc a environ un quart de ses mots qui se retrouvent chez les deux autres Evangiles, la moitié qui lui sont communs avec saint Mattiiieu, le tiers avec saint Luc ; saint Matthieu et saint Luc ont en commun un quart de leurs mots.

SI. La question synoptique. — Pour saisir d’un coup d’œil ressemblances et divergences, on dispose les trois premiers Evangiles sur trois colonnes parallèles, en faisant correspondre leiu-s parties communes. On obtient ainsi une Synapse (rJvo’^ic), ou

« vue d’ensemble » du contenu évangélique, tel qu’il

résulte de ce triple document. De là le nom de Synoptiques donné à nos trois premiers Evangiles.

Le problème que pose à la critique le mélange extraordinairement complexe de ces ressemblances et de ces divergences est appelé lui-même le Problème synoptique.