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EUCHARISTIE

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« se ipsuni tune in cruce obtidit, sola offerendi ratioiio
« diversa. Cuius quidem oblationis crucntae, inquani, friic<( tus per hanc incruentani iiberrime percipiuiitur. » Ch.
« 1, y3y (81(1) : « Et hæc quidem ilta munda obhttio est…
« qiiam non obscure innuit Apostolus Paulus Corinthiis
« scribens, cuni dicit, non posse eos, qui participatione
« mensæ dæmoniorum polluti sint, niensæ Domini parie

ticipes fieri, per niennain altarc utrobù/iie intelligcns.n

Quant à la thèse principale, il nous semble que la réponse de Bellarmin à Ghemnitz, citée ci-dessus, suffit à maintenir ou à rétablir dans son intégrité la conception du sacrifice eucharistique telle qu’elle nous apparail dans ie Nouveau Testament. Nous admettons aussi énergfiquenient que Renz et Wieland le caractère relatif de ce sacrifice : l’eucharistie n’est un sacrifice qu’en tant qu’elle représente le sacrifice de la croix ; mais, d’autre part, il faut reconnaître qu’elle le représente réellemeiit, que le corps du Christ s’y trouve eo/iin.e //c/e pournous, sun sang comme répandu pour nous, que c’est à uite rictiine que les chrétiens communient.

III. — L’Eucharistie d’après la tradition

A. — La présence réelle

Le dogme de la présence réelle est un des plus clairement et des plus anciennement attestés dans la tradition catholique. Jusqu’à l’époque de Biîrenger (y io88) il n’est l’objet d’aucune négation (la controverse de Paschase Radbert et de Ratramne, auix siècle, ne porte pas sur le dogme lui-même, qui est admis de part et d’autre) ; de là vient qu’on ne peut citer, pour l’époque patristique, aucun traité dogmatique, aucune définition conciliaire, qui cléAeloppe et éclaire la doctrine eucharisticiue, comme la cbristologie ou la théologie trinitaire ; mais les témoignages abondent ; ils ont été recueillis liien des fois avec une plénitude à laquelle cet article ne saurait prétendre, v. La perpétuité de la foi de l’Eglise touchatit VEncliarisiie (5 vol., Paris, 1670-1718 ; réédité par Migne [Paris, 1841], 4 vol.) ; E. B. Pusey, The real présence, notes on a sermon (Oxford, Parker, 1855), note 5, List of ancient authorities from the Jpostles’tiiiie to A. D. iSl on tJic real objective présence in the holy Eiicharist, p. 815-722 ; Tu. Lamv, De Syroriun fide et disciplina in re eiicharistica (Louvain, iSôg) ; Ad. Stuuckmaxx, Die Gegenwart Christi in der hl. Eucharistie Jiach den schriftlichen Quellen der vornizânischen ZcjV ("NVien, iQoô).

Ce qui frappe tout d’abord dans ce témoignage de l’antiquité chrétienne, c’est son caractère social et collectif. Dans le plus ancien exposé didactique de la foi chrétienne sur ce point on lit : « Cet aliment eonsacré par la prière formée des paroles du Christ, …

« on nous a appris que c’était la chair et le sang de
« Jésus incarné, x (S. Jlstix, I Apol., Lxvr, 2.) L’apologie

où se lisent ces paroles est écrite pour des païens ; et si l’apologiste eiit prête à cette formule un sens symbolique, il l’eût à coup sûr interprétée, pour prévenir un malentendu et ne pas donner prise à l’odieuse accusation des festins de Thyeste. Il n’en fait rien, mais se contente de rapporter l’enseignement déjà traditionnel qu’il a reçti (’ô15v.y6r, ij.s.’).

Les autres écrits de cette époque témoignent de la même croyance : sans cesse, soit dans des exposés directs, soit dans des mentions incidentes, l’eucharistie est appelée la « chair du Christ », le « corps du Christ », le « sang du Christ « : S. Igxace, Ad Sniyrn., VII, I ; S. Inr.yÛB, Adv. hær., IV, xviii, 3, 4 ; IV, xxxiii, 2 ; V, II, 2-3 ; Tertullien, De orat., xix ; De resurrect. , viii ; De idololat., vu ; De pudicit., ix ; S. Cy-TRiEX, De lapsis, 11, xv-xvi, xxii ; De orat., xviti ; Epist., Lxiii, 9 ; Clément d’Al., Quis dives sah’ctur, xxiii ; Origèxe, Contra Cels., VIII, 33 ; In Exod. homil. XIII, 3 ; In Numer. Itoni. vii, 2 ; In ludic. hom. VI, 2, etc.

On trouverait des témoignages seml)lables dansles inscriptions de cette époque (d’Abercius et de Pectorius ) ; v. l’article Epigrapuie.

Ces locutions, tlont on pourrait multiplier les exemples, font connaître non l’usage particulier de tel ou tel auteur, mais l’usage universel de l’Eglise, qui s’imposait à tous.

On remarquera plus bas qu’Origène, cédant à son penchant habituel poui’l’allégorie, donne assez souvent une interprétation smbolique des jîaroles de l’institution de l’Eucharistie, et entend par le « corps du Christ » la doctrine du Verbe ; mais, comme il l’observe lui-méine dans les passages qui seront cités, c’est là une interprétation savante ; à cùté d’elle, il y a l’iiiteiprétation eucharistique commune, la seule que connaissent les simples (k-/, s’, >5-t£c5£), la seule aussi qu’Origèiie lui-même raf)porte dans les textes ci-dessus. Cette distinction confirme la portée de nos témoignages, en en faisant mieux saisir lecaractère : la règle de notre foi, ce n’est pas la spéculation savante de quelques théologiens, c’est la foi commune de l’Eglise entière ; ce que nous avons donc à retenir du témoignage d’Origène, ce n’est pas son effort pour découvrir au dogme une signification phis profonde, c’est la doctrine commune qu’il a reçue de l’Eglise et qu’il transmet au.x simples.

Ce témoignage collectif de l’Eglise s’exprime avec une autorité particulière dans les liturgies. Malheureusement il nous est impossible d’atteindre dans leur intégrité les liturgies primitives. La Didaclié contient quelques prières eucharistiques, mais ce ne sont que des fragments et non un ensemble liturgique (cf. E. vox der Goltz, Das Gehet in der dltesten Christenheit (Leipzig, 1901), p. 218 ; Struckmaxx, /. /., p. 18) ; saint Justin se contente de décrire la célébration de l’eucharistie (I Apol., lxv-lxvii), et d’expliquer la nature du sacrement ; ce n’est qu’au iV siècle qu’on trouve des textes liturgiques plus développés : VAnaphore de Sérapiox (Funk, Didascalia et Constit. Apost., II (Paderborn, 1906), p. 158-204) ; les Constitutions apostoliques, II, lvii ; VIII, xi, 7-xa’, 1 1. Il y faut joindre les renseignements très précieux que contiennent les Catéchèses mystagogiques de S. Cyrille de Jérusalem, surtout la IV’et la V* et, pour l’Occident, le De mysteriis de Saint Ambroise et le De sacramentis (ces textes’sont commodément réunis dans le Florilegium patristicum de G. RauscHEX, fasc. VII (lîonn, 1909) ; on trouve aussi les textes delà Didaclié, de S. Justin, des Constitutions apostoliques et de S. Cyrille dk Jérusalem dans H. LiETZMANN, Liturgische Texte (Bonn, 1908) ; les indications liturgiques contenues dans les œuvres des Pères grecs du iV siècle ont été recueillies par F. E. Brightman, L/iturgies eastern and western, I (Oxford, 1896). Appendices, p. 464 sqq.).

Ces textes liturgiques ont le même caractère que les citations patristiques réunies ci-dessus : ils expriment la même foi à la présence du corps du Christ dans l’eucharistie. A ce point de vue on remarquera particulièrement le récit de la cène, où sont toujours rapportées les paroles de l’institution, l’épiclèse où l’on invoque soit le Verbe (Anaph., Serap., iv, 15), soit le Saint-Esprit (Cyrill., Catech., v, 7 ; Constit. apost.. Vil, XI, 89, etc.) « pour qu’il fasse du pain le corps du Christ et du calice le sang du Christ », enfin la communion : le prêtre dépose l’eucharistie dans la main droite du communiant, en disant : « le corps du Christ « , etle communiant répond : « Amen. » (Cyrill., Catech., v, 21-22 ; Constitut., apost., VIII, XIII, 15 ; De sacram., iv, 6, a5 ; August., Serm., ccLxxii (P. L., XXXVIII, 1247) ; cf. Cornel., ap. EusEB., Hist. eccL, VI, xliii, 18-19.)

Tous ces ti-aits constituent un ensemble dont on ne peut méconnaitre la signilication : il est certain

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